Squid Game, un deux trois : t’es mort !
Massacres en jeux d’enfants… La série Squid Game dénonce le monde de la compétition et du libéralisme en poussant sa logique jusqu’au bout : tu gagnes ou tu meurs !
Nous sommes en mai 2004 et vous jouez un énorme coup de poker. Gigantesque.
Définitif.
Gigantesque parce que le pilote que vous venez d’écrire et de réaliser, que vous
avez frénétiquement mis en scène en 20 jours, est conçu comme un spectaculaire
blockbuster, avec des scènes incroyables. Genre un avion de ligne écrasé sur une
plage et la panique générale qui s’en suit.
Gigantesque aussi parce que ce pilote a coûté quelque 12 millions de dollars et
devient donc immédiatement le pilote le plus cher de toute l’histoire de la
télévision.
Et donc définitif parce que, hey, c’est un pilote.
Son but est de convaincre qu’il y a une potentielle série à succès derrière tout
cela. Que la chaîne ABC, après avoir vu ce pilote, doit être tellement convaincue
qu’elle va lancer et financer jusqu’à 24 épisodes par an.
Si les bureaucrates de cette chaîne décident que donner suite à ce pilote n’est
pas possible, il ne sera jamais diffusé, il sombrera dans l’oubli. Et vous serez
l‘homme qui a dépensé 12 millions de dollars pour rien.
En gros…cela peut flinguer votre carrière.
Vous voyez pourquoi c’est définitif…
Donc vous flippez pas mal. Les enjeux sont colossaux.
Mais vous avez votre coup de bluff dans votre manche.
Quelque chose que vous avez soigneusement préparé, et qui pourrait vous
exploser à la figure.
Ou vous sauver. C’est selon. Un coup de bluff, on vous dit.
Vous vous appelez JJ Abrams. Votre série, si elle se fait, s’appellerait « Lost » Et
vous allez la faire déraper dès maintenant.
Texte & Voix : Alain Carrazé