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LE VÉRITABLE D’ARTAGNAN !

LE VÉRITABLE D’ARTAGNAN !

Saviez-vous que d’Artagnan a croisé un autre héros de la littérature française : Cyrano de Bergerac… Ce que vous ne saviez pas sur d’Artagnan, le vrai, dans ce podcast !

Texte & Voix : Eric Lange

D’Artagnan a 59 ans.

A cette époque, nous sommes en 1673, 59 ans…c’est vieux.

Entre les guerres, les épidémies, les famines…on meurt jeune dans le royaume de France. Si on regarde les statistiques, l’espérance de vie tourne ces années-là, autour de 30 ans…

Alors 59 ans…c’est un exploit. Surtout pour un soldat ! Un homme qui a guerroyé toute sa vie !

Et d’Artagnan est un guerrier.

Il est capitaine des mousquetaires du roi. Un corps d’élite. Des hommes courageux, des combattants hors paires !

 Là…il est fatigué le capitaine.

Il se repose.

Toute la nuit, il s’est battu sous les remparts de Maastricht.

Le roi Louis 14 s’est lancé dans une guerre contre la Hollande et la ville de Maastricht est une place forte importante.

Les combats de la nuit ont été rudes.

Plus de 80 mousquetaires sont tombés, mais l’ennemi a reculé…

La plaine est jonchée de cadavres, des corbeaux s’abattent par nuées pour dévorer les chairs déjà pourrissantes, la terre est gorgée de sang.

Les corps sont déchiquetés par les boulets de canon, démembrés, percés des balles des mousquets, découpés par les lames des épées…

La guerre est une boucherie. Un corps à corps. On s’égorge, on s’éventre, on fracasse les crânes…

D’Artagnan est épuisé. Il dort sous sa tente quand soudain, on l’appelle !

Les hollandais reviennent à la charge !

Ils vont regagner le terrain pris cette nuit ! Mais les hommes sont à bout, ils n’en peuvent plus…Qui pour sauver la situation, porter haut les couleurs du roi, qui ?

D’Artagnan bien sûr, et ses impitoyables mousquetaires !

Et il arrive le capitaine. Il a à peine fermé les yeux, mais à la tête de ses hommes, il charge !

Il est magnifique avec son chapeau galonné d’or, sa cape bleue ornée d’une croix blanche, ses hautes bottes de cuir, sa belle moustache blanche, son épée…

Il fond sur les hollandais,

Les repousse,

Reprend le terrain et…s’effondre.

Une balle de mousquet lui a traversé la gorge. Il tente avec ses mains de retenir le flot de sang qui jaillit de la plaie béante, il s’étouffe, râle…et meurt…

18 juin 1673.

Dans la matinée. Sous un soleil éclatant.

D’Artagnan est mort.

Le véritable d’Artagnan, celui qui a inspiré le roman d’Alexandre Dumas, est né entre 1611 et 1615.

Disons, 1612.

Il voit le jour au château de Castelmore, sur la commune de Loupiac. 

Aujourd’hui, c’est le département du Gers. A l’époque, c’était la Gascogne.

D’Artagnan est Gascon.

Et les Gascons, c’est pas des tendres. Ils ont la réputation d’être bons vivants, ils mangent, ils boivent, ils gueulent et chantent forts, mais ils sont aussi rudes, méfiants, pas commode quoi…et c’est bien normal. Cette région de France a été balayée par les guerres depuis toujours…les Romains, les Vandales, les Huns, les Wisigothes, les Sarrazins…tout le monde est passé par la Gascogne…

Ajoutez l’un des fronts les plus mouvementés de la guerre de cent ans…et vous comprenez que là-bas, on a appris à survivre…On fait pas dans la bienveillance…

Le père de d’Artagnan est Bertrand de Batz, seigneur de Castelmore.

Il épouse Françoise d’Artagnan avec qui il aura 7 enfants, quatre garçons et trois filles.

A sa naissance, notre héros se nomme donc Charles de Batz de Castelmore.

Son frère aîné, Paul a déjà quitté la demeure familiale et sert dans l’armée du roi.

C’est une tradition. Quand les fils grandissent, ils quittent la Gascogne pour se mettre au service du royaume. Il faut dire qu’ils n’ont pas trop le choix s’ils veulent s’élever dans la société française…La Gascogne est loin de tout, il n’y a pas beaucoup d’avenir.

A l’âge de 18 ans, Charles lui aussi prend la route pour Paris où il entre comme cadet au régiment des cadres du roi. Ce ne sont pas encore les mousquetaires, il doit d’abord faire ses preuves.

Quand il signe sa lettre d’engagement chez les cadets, il n’écrit pas son nom, Charles De Batz. Il veut se démarquer de son frère, qui jouit déjà d’une belle réputation à la cour. Charles veut se faire un nom, un nom à lui, il choisit donc de signer du nom de jeune fille de sa mère : Artagnan.

Voilà, vous savez pourquoi d’Artagnan s’appelle, d’Artagnan…

Et les trois autres, Athos, Porthos et Aramis, ont-ils vraiment existé ?

Et bien oui…

Athos, de son véritable nom, Armand de Sillègue d’Athos d’Autevielle, vient du Béarn. Il est issu d’une riche famille de marchands qui a acheté ses titres de noblesse.

Athos a bien servi dans les mousquetaires, il était contemporain de d’Artagnan, mais plus âgé…

Il meurt en 1643, 20 ans avant d’Artagnan.

Il a lui aussi bataillé et vécu de nombreuses aventures, mais, sans doute pas aux côtés de d’Artagnan, bien plus jeune que lui.

En revanche, Porthos avait le même âge ou presque. Il est né en 1617 à Pau. Son véritable nom est Isaac de Portau. Il était dans les gardes du roi en même temps que d’Artagnan, il est entré dans les mousquetaires au même moment que d‘Artagnan.

Ces deux-là se sont sûrement croisés.

Quant à Aramis, lui aussi béarnais, il se nomme Henri d’Aramitz.

Il est né en 1620, pas beaucoup plus tard que d’Artagnan.

Et il a été mousquetaire, durant les mêmes années que d’Artagnan.

C’est donc certain, les trois mousquetaires ont bel et bien existé mais seuls deux d’entre eux, Porthos et Aramis, ont pu être les compagnons d’armes de d’Artagnan.

Dans la véritable histoire, les 3 mousquetaires étaient donc bien 3 et non pas 4…

D’Artagnan était-il fauché en arrivant à Paris ?

Non.

Dans son roman, Dumas nous décrit un jeune homme peu fortuné, mal habillé, sur un cheval fatigué, un peu ridicule, un cheval jaune dit il…

C’est sans doute exagéré.

Si d’Artagnan n’était pas riche, il n’était pas pauvre non plus.

Chez les Batz, la vie était rude mais on possédait des biens.

Il est donc certain qu’ils n’enverraient pas leur fils à la cour, vêtu de haillons et mal équipé.

Question d’honneur.

Le véritable d’Artagnan est donc arrivé à Paris sur un cheval de prix, bien habillé, bien chaussé et avec une bourse surement assez remplie pour exister dans le monde.

Et, puis il n’était pas seul et perdu.

Certes il a dû être surpris, émerveillé, en découvrant une si grande ville, lui qui n’avait jamais quitté les territoires peu peuplés autour de Loupiac, mais il n’était pas complètement paumé. Il avait des relations. Des cousins et des amis de son père, déjà bien installés dans la capitale, pouvaient l’accueillir.

Sachez-le, d’Artagnan, à ses débuts, était donc un jeune homme issu d’une bonne famille, avec de l’argent et des relations !

Une autre information que vous ne savez sans doute pas, c’est que d’Artagnan s’est marié et il a été père de famille.

Et oui…on a du mal à imaginer l’aventurier romantique, le héros flamboyant, en pépère tranquille fumant sa pipe devant le feu, entouré de ses mouflets…et pourtant…

En 1659, il a 47 ans et il épouse Charlotte Anne de Chanlecy.

C’est ce que l’on nomme, un bon mariage…pour lui…pour d’Artagnan…

Charlotte Anne est en effet bien fortunée…

Elle a de l’argent, une baronnie avec un château, à Chalon Sur Saône, elle possède un hôtel particulier à Paris, du mobilier…bref…tout va bien pour elle !

Mais elle se méfie…elle fait stipuler dans son contrat de mariage que ses biens et sa fortune ne sont pas partagés avec son mari…pas de communauté des biens avec un mousquetaire…ces gars-là ont la réputation, justifiée, d’être dépensiers au-delà du raisonnable…on ne peut pas être aventurier et comptable.

Une femme indépendante, en avance sur son temps…

Et elle avait raison.

L’histoire n’a pas duré.

D’Artagnan et Charlotte s’installent dans leur maison rue du Bac, à Paris. Il vit dans l’opulence, de beaux meubles, des serviteurs, de beaux vêtements…il s’embourgeoise, fait deux enfants, deux fils, et prend du gras….

Mais on n’est pas Gascon et mousquetaire pour rien. La vie de militaire, les camps, les batailles, ça lui manque…6 ans après le mariage, ils se séparent…

Même si le divorce n’est pas encore légalisé, ça viendra 130 plus tard, il est déjà entré dans les mœurs avec les philosophes des lumières.

Voilà…d’Artagnan a épousé une femme libre et indépendante…ils ont divorcé…un vrai couple moderne…

Et voici l’histoire la plus incroyable que l’on connaisse au sujet de d’Artagnan et de…Cyrano de Bergerac…Oui, Cyrano…le héros du livre d’Edmond Rostand…lui aussi a réellement existé, lui aussi était mousquetaire et il avait à peu près le même âge que d’Artagnan…

1640, la France est en guerre contre l’Espagne.

Une des batailles les plus célèbres de cette guerre, est le siège d’Arras, qui se terminera par une victoire française.

C’est aussi le baptême du feu pour d’Artagnan. Sa première véritable bataille…

Et qui d’autre participe à cette bataille ? Cyrano de Bergerac.

Cyrano et d’Artagnan sont donc tous les deux mousquetaires, tous les deux jeunes et tous les deux plongés dans les mêmes combats…

Cyrano de Bergerac et d’Artagnan, les deux héros les plus populaires de la littérature française, se sont donc rencontrés, mieux, ils ont été compagnons d’arme, dans la vraie vie…

D’Artagnan a donc réellement existé.

Alexandre Dumas s’est largement inspiré de lui pour écrire ses « Trois Mousquetaire »…et quand on lui reprochait d’avoir malmené la vérité pour en faire un roman, il a eu cette réponse inoubliable :

« Il est permis de violer l’histoire à condition de lui faire de beaux enfants ».

Ses beaux enfants à lui sont Athos, Porthos, Aramis et d’Artagnan…

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