MARVEL, LANCÉ PAR UNE FEMME !
Et en France ! Elle se nomme Claude Vistel et…
M. Blonde ôte sa veste de costume.
Chemise blanche, bretelles et pantalon noires, holster avec le flingue, il s’avance lentement vers un homme attaché à une chaise.
L’homme est blessé. Son visage est couvert de sang. Il est vêtu d’un uniforme de policier. Il supplie M. Blonde de le laisser partir.
Pour toute réponse, M Blonde prend un rouleau de ruban adhésif et en colle un bout sur la bouche du policier.
Il sort ensuite son 45 et le menace à bout portant.
Le policier se débat frénétiquement sur sa chaise.
Ça amuse beaucoup M. Blonde.
Lire la suiteIl baisse son arme et relève le bas de son pantalon. De sa santiag, il sort un rasoir.
Il demande au policier s’il connaît l’émission « Les super titres des années 70 ?» Il allume la radio, cherche la bonne fréquence.
Il tombe sur le morceau « « Stuck in the middle with you » de Stealers Wheel.
M. Blonde, commence à se déhancher. Quelques pas de danse, en avant, en arrière. Il se fige devant le policier, le fixe du regard quelques secondes et…se précipite sur lui !
Il saisit l’oreille droite et la découpe avec son rasoir !
Ce n’est pas facile.
Mister Blond s’acharne sur le cartilage.
Le sang gicle.
Finalement il se redresse, l’oreille sanguinolente à la main.
Il l’approche de sa bouche.
Parle dans l’oreille coupée.
Il lui dit : « Hé ! Qu’est ce qu’il se passe ?
A la sortie de la projection au festival de Cannes en 92, le monde de la critique est stupéfait par la violence de Réservoir Dog, premier film d’un certain Quentin Tarantino, un jeune réalisateur sorti de nulle part.
L’histoire est simple : des braqueurs chevronnés sont rassemblés par un même commanditaire du nom de Joe. Ils participent à un braquage qui tourne mal. La police les attend. Fusillade, course poursuite, flics et braqueurs blessés ou tués.
Les 6 braqueurs survivants se retrouvent dans un hangar.
Lequel a trahis ?
Le film commence.
Un huit clos qui se terminera en boucherie.
De ce premier long métrage, naît le style Tarantino. Ça discute de Madonna autour d’une table, des « fucks » toutes les 2 phrases, une bande-son de tubes oubliés des seventies, des flashbacks, des morts, des armes…Du sang, beaucoup de sang, des litres de sang…
Le style brut de décoffrage de Tarantino interroge et divise. Il y a ceux qui crient au génie et ceux qui dézinguent la violence gratuite. Avec quand même toujours une même question : Mais putain, il sort d’où ce mec ?
On peut démarrer à Los Angeles.
Quentin Tarantino a huit ans. Il vit en Californie avec sa mère. Ses parents sont séparés. Le père est parti de l’autre côté du pays, à New York.
Quentin se retrouve souvent seul à la maison. Il s’occupe en buvant du Coca-Cola, et en regardant la télévision.
Il est exposé à des images violentes dès son plus jeune âge…Et il adore ça.
A 10 ans, il a déjà vu des films policiers, des films de guerre, des westerns, mais également des films fantastiques, et des films comiques.
Plus tard, il traine souvent au Carson Twin Cinema, situé à South bay.
Il y découvre des films d’horreur. Il est notamment fasciné par « Carrie au bal du diable » de Brian De Palma. La rétine du jeune Quentin s’imprègne de nombreuses heures d’images. Il est marqué par des longs-métrages comme « Délivrance » ou « La horde sauvage ». Il se nourrit également de films de Kung-Fu, de westerns spaghettis et de films de la Blac Sploitation.
Avec un QI évalué à 160, son cerveau agit comme un disque dur haute capacité qui stocke des scènes, des musiques, des ambiances, des personnages…Le cinéma devient une drogue dure dont il ne peut plus se passer.
La légende va naître maintenant.
Tarantino se fait embaucher dans un vidéo club réputé : Vidéos Archives, situé à Hermosa Beach.
C’est le lieu idéal pour assouvir sa passion pour le cinéma. Il y travaillera 5 ans, entre 1984 et 1989, et développera une immense culture cinématographique.
Il sera marqué par des films asiatiques, souvent très violents, comme « The Killer » de John Woo, « The big heat » de Johnnie To ou encore « Violent Cop » de Takeshi Kitano.
Sur le magnétoscope de Video Archives, Quentin va bouffer de la vidéo, dévorer des séries Z, avec toujours une fascination pour l’hémoglobine, et le sensationnel. I
Il regarde des films comme on étudie des textes.
Lumières, cadrages, découpage, bande-son, jeu d’acteurs, tout y passe… Il n’est pas élitiste, et dispose d’une ouverture d’esprit peu commune pour un jeune adulte. Il admire autant le cinéma de la nouvelle vague française que les nanars d’exploitation ou le dernier Francis-Ford-Coppola.
Après 3 ans chez Video Archives, Quentin Tarantino écrit avec son collègue Roger Avary, le scénario de True Romance qui sera réalisé en 1993 par Tony Scott.
Il insère dans le script une bonne dose de violence, notamment lorsque le personnage principal Clarence, qui sera joué par Christian Slater, tire à bout portant dans le sexe d’un dealer extravagant joué par Gary Oldman. Explosion de sang, violence sans filtre, la patte Tarantino est déjà là.
Mais pas l’argent…
Incapables de produire ce film par leurs propres moyens, les deux auteurs vendent le scénario pour 40 000 Dollars.
Parallèlement, Quentin écrit également le script de « Tueurs-nés » qu’il vend 10 000 Dollars.
C’est un début. Tarantino veut aller plus loin. Il veut réaliser !
Surtout lorsqu’il s’aperçoit qu’Oliver Stone, qui a réalisé « Tueurs-nés » a changé le script.
Quentin se sent trahi, dépossédé de sa création.
Plus jamais ça. Il veut sa place derrière la caméra. Il veut imposer sa vision radicale.
En un peu plus de 3 semaines, il pond le scénario d’un étrange huis-clos de gangsters…Le script est très inspiré de City On Fire du réalisateur Hongkongais Ringo Lamet.
Dans un premier temps, Quentin songe sérieusement à le réaliser avec ses potes de Video Archives. C’était sans compter sur Lawrence Bender, tout jeune producteur et ami de Quentin Tarantino, qui transmet le scénario à une de ses connaissances…Un certain Harvey Keitel.
Emballé par ce script canon, Keitel fonce et accepte de coproduire le projet.
Harvey Weinstein produit le film, et Tarantino sera bien aux manettes pour la réalisation de son premier long-métrage.
L’aura d’Harvey Keitel, et la qualité du scénario permettent un casting d’enfer : Steve Bouchimi, Michael Madsen, Tim Roth, Chris Penn. Le tournage du huis-clos ultra-violent peut commencer. La suite, on la connait… La polémique « Réservoir Dogs » peut commencer. Mais l’essentiel est ailleurs… Quentin Tarantino s’est fait un nom.
Après la claque Reservoir Dogs, il est attendu au tournant pour son second film…
Vincent, joué par John Travolta et Jules, interprété par Samuel L. Jackson sont 2 tueurs à gages.
Ils sont assis à l’avant d’une voiture blanche. Jackson conduit. Sur la banquette arrière est assis Marvin.
Travolta et Jackson viennent de tuer 2 amis de Marvin. Un contrat.
Mais un des potes de Marvin, était planqué dans la salle de bains au moment de la fusillade. Il a surgi dans la pièce et tiré sur les 2 tueurs.
Il a vidé son chargeur, presque à bout portant.
Mais, maladresse incroyable, il les a manqués.
Jackson pense qu’il s’agit d’un miracle. Pas Travolta qui lui pense que « ce sont des choses qui arrivent ».
La discussion est animée. Chacun argumente.
Travolta, se retourne vers Marvin pour lui demander son avis.
Il pointe son arme vers lui et au milieu de sa phrase, le coup part. Involontairement.
La balle explose le crâne de Marvin. Le sang gicle, et des bouts de cervelle tapissent l’habitacle de la voiture recouvert d’hémoglobine.
Plus qu’une confirmation, le deuxième film de Quentin Tarantino fait l’effet d’une véritable bombe.
Sur la Croisette, lors du Festival de Cannes de 1994, défile un casting surréaliste : John Travolta, Bruce Willis, Samuel L. Jackson, Uma Thurman, Harvey Keittel…Le pitch est simple sur le papier : trois histoires construites sur le même modèle que les « Pulps », des romans policiers américains bas de gamme des années 30 et 40.
Le montage non linéaire du film est d’une originalité folle.
Des tueurs à gages, un braquage de restaurant, un combat de boxe truqué, un nettoyage de sang dans une voiture, un concours de danse improvisé, une tirade sur les hamburgers, une autre sur les massages de pieds… Le tout à Los Angeles. Le décor est planté.
Dès sa projection en compétition, la violence de Pulp Fiction choque. De nouveau, certains crient au scandale, et d’autres à la création d’un nouveau langage cinématographique.
La violence brute de « Reservoir Dogs » a laissé place à une violence plus décalée, toujours aussi réaliste et éclatante, mais presque humoristique.
Le film aligne des scènes choc.
Comme, celle où Mia Wallace, interprétée par Uma Thurman fait une overdose sur « Girl, You’ll be a woman soon ».
Paniqué, Travolta embarque la fille inanimée chez son dealer.
Le dealer lui conseille de pratiquer une injection d’adrénaline, directement dans le cœur. Il faut tenir la seringue comme un poignard, et taper très fort pour traverser la poitrine et atteindre directement le palpitant de Mia. Seringue dans la main droite, Travolta hésite de longues secondes avant de frapper de toutes ses forces. Mia se réveille en sursaut, comme un zombie. La scène est crue. Le dénouement, presque burlesque.
A Cannes, en 1994, « Pulp Fiction » obtient la Palme d’Or, et propulse Tarantino dans la cour des grands.
Le prix ne fait pas l’unanimité. Tarantino se fait insulter, siffler, lors de la remise de la Palme d’Or. Il répond par un doigt d’honneur. Un geste assumé, comme il assume la violence de son cinéma.
La presse le qualifie de Rockstar, d’enfant terrible du cinéma américain, de dégénéré, d’obsédé de l’hémoglobine, de génie de la mise en scène, de fétichiste assumé…Mais on l’accuse également de plagiat et de recordman absolu du mot « Fuck » en une seule phrase. C’est certain, la violence sera définitivement sa marque de fabrique. Chez Tarantino, il y a des morts, beaucoup de morts. Certains se sont même amusés à les compter.
La palme d’or du nombre de morts dans sa filmographie revient à « « Inglorious Basterds », film de vengeance où des juifs tuent des nazis pendant la deuxième guerre mondiale.
En tout, 396 décès, dont celui mémorable d’Adolf Hitler, mitraillé à bout portant.
La plupart des victimes décèdent lors d’un gigantesque incendie dans une salle de cinéma. Dans ce film, Brad Pitt et sa clique s’amusent à scalper les crânes des nazis. Chaque scalp d’un SS est pour eux un trophée de plus.
Donny, Surnommé « l’ours juif » pour sa pilosité et ses méthodes ultra-violentes, est un personnage marquant du film. Ancien barbier, il n’a qu’une idée en tête : exterminer les nazis avec sa batte de baseball, en leur fracturant le crâne. Son entrée en scène est rythmée par le bruit de la batte de baseball qu’il cogne contre un mur…Il se place devant un soldat SS à genoux et lui assène des coups de batte d’une violence inouïe. Les images sont crues, presque insoutenables.
Dans Django Unchained, on comptabilise 64 morts, la plupart par arme à feu. Logique pour un western. La violence est teintée d’humour grotesque, d’une bonne dose de cynisme et de gore. Le film est marqué par une scène durant laquelle des chiens en rage se ruent sur un esclave noir pour le dévorer. Il y a également une scène de combat à mains nues, qui montre 2 esclaves qui s’entretuent, de manière particulièrement réaliste. Le spectateur entend le son des peaux qui se frottent, celui des os qui se brisent, les cris désespérés des deux combattants…Le malaise est total. Les images sont choquantes.
Autre malaise, la fellation qu’impose Samuel Jackson à un jeune homme qui est son prisonnier. La scène dure longtemps. Elle est lente. Choquante…
Dans la scène de boucherie finale, Django, interprété par Jamie Foxx, dézingue des méchants à tout va, sur une bande-son de rap américain. Ça défouraille dans tous les sens, le sang gicle au rythme des balles du revolver de Django. Une grosse explosion vient clore la vengeance de l’esclave devenu libre.
Dans Kill Bill Volume 1, Tarantino filme 62 morts. La plupart pendant la scène de baston finale, avec les yakusas, dans un grand hôtel.
Dans sa combinaison jaune tâchée de sang, et armée de son seul sabre, Beatrix Kiddo, jouée par Uma Thurman, déverse sa haine dans un déchaînement de violence.
Jambes coupées, décapitations à la chaîne, corps mutilés, sang dégoulinant des yeux, bain d’hémoglobine… La violence est excessive, mais surtout très stylisée.
Rarement la violence extrême n’a été filmée de manière aussi esthétique. Le travail sur le son et la beauté des images contrastent avec le côté très gore de la scène. Le tout est saupoudré de références multiples aux films d’art martiaux.
Tarantino dira de ce film « Bien sûr, Kill Bill est un film violent. Mais c’est un film de Tarantino ».
Dans une autre scène marquante, Beatrix Kiddo se réveille d’un coma de quatre ans. Pendant son long sommeil, elle a été violée par un homme, avec la complicité d’un employé de l’hôpital. Elle se venge en mordant la lèvre inférieure de son agresseur, qui tente de l’embrasser pendant qu’elle dort. Elle attend ensuite l’employé de l’hôpital, près de la porte, au sol, car ses jambes sont totalement paralysées. Elle lui sectionne le tendon d’Achille. Il tombe au sol, et s’évanouit. Beatrix Kiddo lui explose la boîte crânienne en claquant la porte sur sa tête à plusieurs reprises.
Dans Kill Bill Volume 2, 13 morts au total, dont une mort mémorable par enfoncement des orbites, ou encore le décès par empoisonnement du personnage joué par Michael Madsen. Caché dans une mallette de billets, un terrible serpent Black Mamba surgit et mord son visage, à plusieurs reprises. Tarantino filme son extrême souffrance, de sa paralysie nerveuse jusqu’à son dernier souffle.
Dans « Réservoir Dogs », 11 morts, tous par arme à feu, et la plupart dans la scène finale de règlement de comptes entre braqueurs.
Dans « Pulp fiction », 7 décès.
Dans « Boulevard de la Mort », 6.
Dans « Jackie Brown », son 3ème long-métrage, seulement 4, tous par coup de feu.
Son dernier film, « Once Uppon a time in…Hollywood » comporte peu de morts, mais la violence n’est pas oubliée pour autant.
Le film se conclut par une ultime scène d’ultra-violence, dans la pure tradition tarantinienne.
Morsures de chien dans les testicules, crânes fracassés, couteau planté dans la hanche et même un lance flamme…
La violence est libérée, décadente, presque jouissive. Même pour un Tarantino, la scène est disproportionnée…C’est dire.
Il était une fois à Hollywood…Un loueur de VHS cinéphile qui deviendra l’un des plus grands cinéastes de son temps.
Quentin Tarantino marque l’Histoire du cinéma. Quentin Tarantino change l’Histoire par son cinéma.
Dans son œuvre, Hitler est mitraillé à bout portant par des juifs, Sharon Tate n’est pas assassinée, et la bande de tueurs de Charles Manson est massacrée.
Pour Tarantino, le sang a du sens : sans violence, point de liberté.
Texte : Thomas Landon / Voix : Juliette Degenne
Encore plus de Podcast à écouter ici sur PODCAST STORY
Montrer moinsIl a vendu des fenêtres, assisté aux attentats du 11 septembre, doublé Brad Pitt et peut faire une impro de 45 minutes… mytho ou pas ?
19 septembre 2023Cookie | Durée | Description |
---|---|---|
cookielawinfo-checkbox-analytics | 11 months | This cookie is set by GDPR Cookie Consent plugin. The cookie is used to store the user consent for the cookies in the category "Analytics". |
cookielawinfo-checkbox-functional | 11 months | The cookie is set by GDPR cookie consent to record the user consent for the cookies in the category "Functional". |
cookielawinfo-checkbox-necessary | 11 months | This cookie is set by GDPR Cookie Consent plugin. The cookies is used to store the user consent for the cookies in the category "Necessary". |
cookielawinfo-checkbox-others | 11 months | This cookie is set by GDPR Cookie Consent plugin. The cookie is used to store the user consent for the cookies in the category "Other. |
cookielawinfo-checkbox-performance | 11 months | This cookie is set by GDPR Cookie Consent plugin. The cookie is used to store the user consent for the cookies in the category "Performance". |
viewed_cookie_policy | 11 months | The cookie is set by the GDPR Cookie Consent plugin and is used to store whether or not user has consented to the use of cookies. It does not store any personal data. |