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PARLER AVEC LES MORTS…

PARLER AVEC LES MORTS…

Depuis toujours, l’homme cherche à communiquer avec des personnes décédées. Séances de spiritisme, tables qui bougent, tablettes Ouija, films, sons, les morts sont partout. Mais… répondent-ils ?

Auteur : Marine Guez-Vernin Voix : Eric Lange

Olivier et sa sœur Claire sont venus passer le week-end dans la maison de leur père, pleine des souvenirs de leur enfance. 

Il est mort d’un infarctus quelques semaines plus tôt, ils sont obligés de vendre, alors il faut s’y mettre, commencer le tri entre ce qu’on garde, ce qu’on donne, ce qu’on jette. 

Il est bientôt 20h, Olivier est dans le salon, il regarde par la fenêtre, dans le vide. 

Sa sœur est allée chercher des bûches pour allumer un feu. Ce soir, ils vont se poser dans les fauteuils près de la cheminée, profiter un peu de cette ambiance qu’ils aimaient tant. 

Soudain, Olivier sent quelque chose sur la droite, vers le petit escalier qui mène aux chambres. Comme une attraction. Il tourne la tête sans réfléchir et c’est là qu’il le voit. 

20h10. L’horloge est juste dans l’axe.

Il est là. Debout. L’air apaisé, avec sa chemise claire. C’est tout lui. C’est lui ! 

Une apparition. 

Ils se regardent, ils se sourient. L’image disparaît. 

Au même moment, Claire pousse la porte qui donne sur la terrasse, les bras chargés de bûches. 

Elle le regarde, s’arrête sur le palier, il est immobile, pâle. Elle s’inquiète : « Ça ne va pas ? »

Et lui de répondre : « Si… si. Tu ne vas pas me croire. Je viens de voir papa. »

Sa sœur, en effet, ne le croit pas une seconde. C’est impossible, évidemment. 

Olivier tente de rassembler ses idées : il ne prend aucun traitement qui pourrait créer une hallucination. Il n’est pas spécialement attiré par ce qui touche à la spiritualité…  Il n’a pas bu, ni fumé. 

Lui, il attendait juste sa sœur pour allumer un feu. Et elle peut dire ce qu’elle voudra, il a bien vu son père, sans chair et sans os. 

La communication est impossible sur le sujet. 

D’un côté, Olivier a l’intime conviction d’une réalité qui vient de s’ouvrir à lui. 

De l’autre, sa sœur ne se fie qu’à son mental. Ce qui ne s’explique pas n’existe pas. 

Alors, 15 jours plus tard, quand ils y retournent ensemble et que l’écran de l’ordinateur de son père s’allume quand Olivier passe devant le bureau, elle ne croit pas non plus à une quelconque manifestation paranormale.

Les vibrations du sol ont fait bouger la souris qui a allumé l’écran c’est tout ! 

Olivier entend bien. Oui, sans doute, mais depuis quand le carrelage fait-il vibrer le sol ?  Et pourquoi ça ne s’est jamais produit avant ? 

Pas la peine de discuter. Olivier se terre dans le silence.

Croire en un au-delà possible. 

Pour l’immense majorité des terriens, sans pour autant associer cette idée à un Dieu, nous avons tous une âme. Quelque chose de nous survit à l’arrêt de nos fonctions vitales. 

Chez les athées, on préfère parler de conscience plutôt que d’âme. Ce qu’on devient quand on meurt ? Rien. Au mieux, un souvenir.  

D’après certains scientifiques, le besoin de croire viendrait du fait que notre cerveau ne peut pas se représenter le néant qui nous attend. 

L’homme se développerait mieux quand il croit en un après. Alors au cours de l’évolution humaine, des mécanismes se seraient mis en place pour nous empêcher de concevoir notre propre mort.  

Mais avec l’arrivée des services de réanimation dans les hôpitaux, on a commencé à étudier de près ce que l’on nomme des E.M.I., les « Expériences de Mort Imminente ». Et il a bien fallu admettre que certaines choses échappent « peut-être » à la science. 

Prenez, par exemple, les sorties de corps en plein coma. 

Comment un homme en état de mort clinique peut-il être capable de raconter, à posteriori, ce qui se passait dans une autre pièce que celle dans laquelle il se trouvait, sur la table d’opération ?  Comment expliquer les visions de personnes qu’on ne connaissait pas, et qui s’avèrent avoir existé après vérification ?

Pendant 15 ans, Stephane Allix, fondateur de l’INREES, l’Institut de Recherche sur les Expériences Extraordinaires, a travaillé sur des cas incompréhensibles. Il les a soumis à des équipes de neuroscientifiques. Conclusion, dit-il : 

« Notre conscience possède une dimension fondamentale qui semble ne pas être affectée par la mort du cerveau ». En d’autres termes, l’âme se dissocie bien du corps quand il meurt. 

Les cartésiens ne veulent rien entendre. Pour eux, c’est du grand n’importe quoi.

Une chose est sûre, c’est souvent à l’occasion de la perte d’un être cher que nous autres, les vivants, ressentons quelque chose d’inédit. 

En d’autres termes, bon nombre d’entre nous se sont mis à croire en un au-delà possible, non par besoin de donner un sens à la vie ou pour se consoler, mais parce qu’une expérience, souvent bouleversante, les a transformés, voire traumatisés. 

Ils ont éprouvé quelque chose d’indescriptible, une hyper conscience soudaine de leur environnement, ils ont vu ou entendu un défunt. 

C’était comme une hallucination. Ils étaient pourtant totalement lucides. L’expérience n’a duré que quelques secondes, ils vivaient à cet instant un moment « lambda », comme Olivier, comme vous et moi.

Le psychiatre Christophe Fauré, spécialiste du deuil, parle d’étapes qui peuvent amener à chercher un contact perdu. 

Les premiers mois, on est encore plein de l’histoire de l’autre, et puis au bout de plus ou moins un an, la réalité de l’absence prend le dessus. Ce n’est plus le sujet. Alors on cherche en soi pour garder un lien. 

Certains discutent intérieurement. D’autres vont au cimetière et s’adressent à la tombe, chacun puise dans ses ressources comme il peut. 

Mais il arrive qu’on éprouve le besoin d’aller plus loin, pour en avoir le cœur net. Est-ce qu’il ou elle est quelque part ? Est-ce qu’il serait possible de communiquer ? 

Est-ce qu’enfin, on pourrait avoir des réponses à nos questions : « était-ce un accident ou un suicide ? », « est ce que tu m’as pardonné ? », « est ce que tout va bien ? » 

Alors on se renseigne, on consulte un médium, on accepte une séance de spiritisme chez des copains, avec les lettres et le verre au milieu. Histoire de…sans trop y croire. 

Parfois, un « contact » s’impose à nous, comme pour Olivier.

D’ailleurs, il ne le sait pas, mais ce qu’il vient de vivre, la chercheuse Evelyn-Elsaesser y travaille depuis 30 ans. Elle lui a même donné un nom : les VSCD. « Vécu subjectif de contact avec un défunt ». 

Lors de la mort physique, l’âme pourrait se connecter, grâce à sa fréquence vibratoire, à l’un de nos cinq sens. Comme la vue, dans le cas d’Olivier.

Elle utiliserait nos rêves pour s’y glisser, ou des appareils électriques :  une ampoule qui s’allume, une machine qui se met en marche, oui, c’est peut-être une « connexion ». Les témoignages sont multiples. Claire, la sœur d’Olivier, appellerait sans doute un réparateur, sans se poser de question. 

Quant aux médiums, attention, il y a tellement d’arnaques. On entend souvent : « mais comment savoir si c’est un « vrai » ? » 

Un vrai ?? Le fait même de poser la question témoigne de notre croyance en la possibilité d’une âme. 

Et il en est ainsi depuis les débuts de l’humanité.

Depuis les temps préhistoriques, la croyance « animiste » attribue un esprit à tous les éléments vivants de la nature. Les plantes, les animaux, les arbres, même les pierres et bien sûr nous, les humains. C’est encore l’univers des chamanes d’aujourd’hui. 

Les premières sépultures révèlent des traces d’offrandes, qui évoquent un passage vers l’au-delà.  En Egypte Antique, l’extraordinaire « Livre des morts » indique aux vivants comment accompagner les défunts vers l’autre monde. 

« Le corps est la prison de l’âme », disait Platon. L’âme est au cœur des religions du monde. Mais pour rester focus sur la communication avec nos défunts, au sens d’un véritable échange possible, – notre sujet -, les pratiques sont finalement assez récentes. 

Dans les grandes lignes, pour l’Occident tout du moins, le mouvement commence au XVIIIème siècle.

Entre 1749 et 1756, un mathématicien suédois, Swendenborg, publie une littérature importante sur des visions qu’il aurait eues. C’est une première.  

En plein siècle des lumières, il affirme être en contact avec des esprits ! Les poètes le disent génial, d’autres le croient fou. En tout cas, il ouvre une voie. 

Un peu plus tard, en Allemagne cette fois, c’est un médecin, un certain Mesmer, qui commence à travailler sur le magnétisme. Sa conclusion : tous les êtres vivants, la terre et les corps célestes, seraient reliés par un même fluide. 

D’ailleurs, les maladies résulteraient de la mauvaise répartition de ce fluide. 

Le mesmerisme est né. On dira plus tard qu’il est à l’origine de l’hypnose, mais vous allez voir qu’il a un lien avec la naissance du spiritisme. On y arrive.

1848. Un évènement déclenche, pour la première fois, une tornade spirituelle. 

Nous sommes aux États Unis, dans l’État de NY. 

Dans la maison de la famille Fox, on entend des coups étranges dans les murs. 

Les deux sœurs Fox, des enfants, y répondent en frappant, par imitation, un peu comme du morse. Et, miracle, elles communiquent avec cette « entité ». 

L’histoire devient un phénomène. Les sœurs se produisent en spectacle, elles inspirent des vocations. C’est la grande époque d’« Esprit es-tu là », à l’américaine. 

Les médiums ne se cachent plus, les tables se mettent à tourner dans les salons, et ça marche du feu de Dieu. 

L’une des sœurs révèlera plus tard que toute l’histoire n’était qu’une supercherie. Elles provoquaient elles-mêmes les coups mystérieux. 

Mais trop tard, le mal – ou le bien – est fait : les frontières du monde des défunts sont bel et bien ouvertes, à qui veut les passer.

Nous sommes à l’ère du « spiritualisme », entendez par là que l’esprit est supérieur à la matière, ce qu’enseignent déjà les religions.  

En 1850, la passion des esprits traverse l’Atlantique pour l’Europe. 

C’est à cette époque qu’un instituteur, un certain Léon Rivail, découvre à son tour les tables tournantes et les médiums. Il assiste à des séances d’écriture automatique, qu’on appelle aussi « psychographie ».

Le sujet le passionne. Il décide de poser des séries de questions aux esprits, toujours les mêmes, avec des médiums différents. Il note. Il compare. 

Sous le nom d’Allan Kardec, il publie le « Livre des Esprits ».

Comme Mesmer, il affirme que tout est question de « fluides », d’énergies spirituelles. 

Il invente le terme de « spiritisme ». 

Attention, à ne pas confondre, dit-il, avec le « spiritualisme » ! 

Il y ajoute la dimension d’un au-delà accessible, et de la réincarnation. 

Pour lui, le spiritisme est une philosophie. Et il a vocation à devenir une science.

Dans le même temps, les milieux intellectuels et artistiques se passionnent pour l’au-delà.

Dans son « livre des Tables », Victor Hugo raconte ses incroyables séances de spiritisme à Jersey, dans une maison qu’on dit hantée.  Son amie Delphine de Girardin y fait parler un guéridon à trépied : un coup pour A, deux coups pour B etc… 

Gérard de Nerval, Edgar Poe, Alexandre Dumas, Georges Sand, et bien d’autres, ne jurent plus que par les esprits dans les salons mondains. 

Dans les familles, on s’essaye, sans trop en parler, à ces pratiques réprouvées par l’Eglise.
Arrive alors la planche Ouija, sa flèche en bois qui se dirige vers oui ou non, et vers des lettres de l’alphabet. Même principe que les tables : c’est encore le fluide qui circule entre les vivants et l’esprit des morts.

Arrivent les appareils électriques ! Si seulement on pouvait s’en servir pour ouvrir un nouveau « canal » de communication avec les morts ! 

On connaît Thomas Edison pour son invention du phonographe (entre autres). On sait moins qu’il a conçu un « nécrophone » pour enregistrer les morts. L’appareil ne fonctionne pas mais il crée un précédent. 

Des photographes s’essaient à leur tour aux expériences. Sur des tirages, à côté d’un modèle, on voit apparaître un personnage translucide, un ancêtre peut-être. 

Les faux montages sont monnaie courante. Mais certaines photos restent incompréhensibles.  

Arrive la 1ère guerre mondiale. 10 millions de soldats tués et près de 20 millions de civils. Le spiritisme donne l’espoir d’un contact. On veut y croire. Et quand « ça marche », on est sous le choc. 

Les procès sont nombreux, car les arnaqueurs ont trouvé un terrain de jeu illimité.  

Mais de grands noms, comme celui de Sir Arthur Conan Doyle, l’auteur de Sherlok Holmes, y croient dur comme fer. A la façon de son cher détective, il pose comme principe qu’il « faut toujours préférer l’improbable à l’impossible » !

De leur côté, les psychanalystes y voient une manifestation évidente de l’inconscient, en quête de consolation.

Le sujet ne cesse de créer la discorde.

Certains y voient une nouvelle science, d’autres dénoncent une mascarade.

Mascarade ou pas, hors de question d’en rester là. Plus les technologies évoluent, plus on y trouve des canaux possibles de communication. 

A la fin des années 50, un réalisateur suédois, Friedrich Jürgenson, croit entendre une voix très faible derrière les chants d’oiseaux qu’il vient d’enregistrer dans la nature. Aucun émetteur ne se trouvait dans les parages, ça ne peut donc pas être des interférences. 

Il enregistre à nouveau et capte des voix, plusieurs fois, dont celle de sa mère, aucun doute. Vous l’aurez compris, elle est morte des années plus tôt. 

Il archive tout ce qu’il entend, et publie un livre : « Voix de l’Espace ». 

Il serait le pionnier de la communication technologique avec les défunts. 

A vrai dire, les histoires sont nombreuses et fascinantes, quand on accepte de faire un pas de côté. 

Parmi elles, il y a celle du Père François Brune, qui, une fois qu’il a commencé, n’a plus cessé de faire tourner sa bande magnétique pour des familles en quête de signes.  

Il est considéré comme le premier historien de ce type de communications. 

Loin du monde de la foi, c’est un professeur de physique, Senkowski, qui va parler de « transcommunication instrumentale », qu’on appelle depuis, la TCI. 

Lui aussi, pendant plus de 20 ans, analyse des résultats obtenus lors d’enregistrements, et incompréhensibles pour le physicien qu’il est.

Un nom revient souvent quand on parle de TCI, c’est celui de Monique Simonet.  

En vacances chez sa mère, elle met en marche un vieux magnétophone après avoir lu un article sur le sujet. Le micro enregistre sa conversation, mais une autre voix intervient, celle de son père défunt. Comme à chaque fois, il y aura un avant et un après. 

Elle y consacre 30 ans de sa vie et une dizaine d’ouvrages. 

Allez, un autre cas qui a déchainé les passions : celui de William O’Neill, dans les années 80. Il crée un engin de communication, le SPIRICOM, un énorme générateur de sons et de fréquences. Et il se fait filmer. On entend « l’intrusion » audio d’un scientifique, un certain Mueller, qui veut l’aider à mieux capter les ondes.

L’expérience ne dure pas, on apprendra que O’Neill avait des talents de ventriloque…, reste que cette histoire, comme celle des Sœurs Fox, alimente toutes sortes d’initiatives, par le son ou par les ondes de la télévision : d’étranges visages apparaissent à qui veut bien y croire.

Finalement, tout le monde peut s’y mettre. 

C’est une question d’état d’esprit. Pour l’audio, il suffit d’avoir un enregistreur magnétique et une cassette vierge. Si vous achetez une « spirit box » , – un petit boitier qui détecte les ondes radios dans une pièce-, vous saurez  alors si un esprit est dans le coin. 

Aujourd’hui, les enregistreurs sont numériques, on peut même utiliser un logiciel de traitement de son. 

Le business est évidemment juteux.

Pour les cartésiens, à part les cas d’escroquerie avérée, c’est encore et toujours le cerveau qui fait tout : c’est lui, qui nous fait entendre une voix quand il n’y en a pas, c’est lui qui commande les muscles de notre main, qui fait bouger un verre ou la flèche d’un ouija. Et c’est lui qui produit l’écriture automatique. 

Et pour les phénomènes que l’on n’explique pas, comme les sorties de corps, eh bien, il y a un truc, et c’est tout.

Maintenant qu’il est passé de l’autre côté, Olivier ne peut pas en rester là. 

Après quelques recherches, il apprend qu’il a des points communs avec une certaine Mrs Bates qui a défrayé la chronique en 1841, à Liverpool. Elle a vu apparaître au pied de son lit une amie chère qui venait de mourir. 

Il décide d’aller parler à un médium. Pour essayer de comprendre. 

Il tombe sur une femme souriante, qui le reçoit dans un cabinet simple, sans bougie, ni encens. Elle accepte volontiers de lui parler de son métier.  

Le médium, dit-elle, a des capacités intuitives hyper développées. Une sorte de 6ème sens qui permet d’avoir un taux vibratoire élevé. Calme et bienveillance. D’ailleurs, chacun peut apprendre à le développer, en commençant par la méditation par exemple. 

Quand il a vu son père, Olivier était peut-être dans cet état d’ouverture sans le savoir. 

Un ange passe…Elle reprend : si vous entendez parler de « channel », ça n’a rien à voir avec le contact de vos défunts. Disons qu’il s’agit d’un autre niveau : cette fois, ce sont des entités dites supérieures qui transmettent leur enseignement. 

Des livres magnifiques, plein de sagesse, ont été écrits sous leur dictée. Ah ! Vous n’en êtes pas là mais qui sait, peut-être un jour ? 

Au moment de se quitter, elle lui prend les mains et lui dit : vous savez, laisser partir votre père, accepter l’absence, ça fait partie du processus de la vie !

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