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L’histoire de la pornographie !

L’histoire de la pornographie !

Cliquer sur “plus de 18 ans” . La page du hub s’ouvre instantanément sous les yeux d’Olivier. C’est une débauche d’images, de seins énormes, de sodomie, de bouches ouvertes sous des verges turgescentes… Olivier se retourne vers la porte du salon plongée dans le noir. Silence, sa femme dort déjà. Après six ans de mariage, il n’est plus pressé de se mettre au lit avec elle. Il met ses écouteurs et fait une recherche par catégories : milf, teen, amateurs, black, bondage, hentaï. Trop de choix. Après une longue hésitation, il choisit orgasme féminin… Quoi de plus excitant qu’une femme qui jouit, fort, longtemps…

Olivier sélectionne une vidéo qui fait 4 minutes 32. C’est bien plus qu’il ne lui en faut. Alors qu’il étouffe un râle, il ignore que sa femme, dans leur chambre, ne dort pas. Les yeux rivés sur l’écran de son téléphone, elle surfe sur un autre hub. Elle a sélectionné une vidéo de gang bang, elle, c’est ça qui l’excite. Mais elle n’en parlera jamais à Olivier…

En France, 30 % des femmes confessent regarder de la pornographie pour 75 % des hommes. Et les dames, contrairement à ce qu’on pense, aiment le porno assez trash : gang bang, squirting, hommes bien membrés. On est loin des fantasmes conventionnels des hommes qui hésitent entre la teen et la milf.

Mais attention, ne nous égarons pas dans les fantasmes de nos contemporains et commençons par le commencement : le mot pornographie est né au XVIIIe siècle, le grand siècle de la philosophie des Lumières. Il vient du grec Porné, la prostituée ou ce qui est relatif au bordel et de Grapho : écrire, décrire ou peindre. La pornographie est donc l’acte d’écrire sur la prostitution.

Le pornographe le plus célèbre du début du XIXe siècle est Alexandre Parent-Duchâtelet. Ne vous précipitez pas en librairie si vous cherchez un livre érotique pour ce soir. Parent-Duchâtelet est un médecin hygiéniste. Ses travaux sur les filles de joie et les maladies vénériennes ont contribué à organiser les lois sur la prostitution. C’est l’époque du réglementarisme. La prostitution est légale mais encadrée par la loi. C’est le temps des maisons closes, des bordels, des claques… Ces lieux qui, dans notre imaginaire, sont devenus à la fois glamour et transgressif, ce qui est assez éloigné de la réalité.

Le peintre Toulouse-Lautrec est lui aussi pornographe ! Il passe pas mal de temps dans les bordels parisiens où il pose son chevalet. C’est aussi une façon de documenter ces milieux. Dans son tableau de 1895 Au Salon de la rue des Moulins, l’ennuie des prostituées est palpable. Elles attendent le client en déshabillé assises sur des banquettes rouges. La pornographie n’est pas toujours un objet masturbatoire.

En revanche, Pierre Louÿs, en matière de pornographie, c’est déjà autre chose. Là, vous pouvez sortir les mouchoirs.

Pierre Louÿs fait partie des grands écrivains de la Belle Époque. Il fréquente toute la clique des artistes de Montparnasse. S’il y a bien un truc qui l’excite autant que la littérature, c’est le sexe. En 1892, il publie sous le manteau un recueil au titre évocateur : les Enculées. Ça circule sous le manteau, car ça ne passe pas la censure très stricte à l’époque. L’auteur y raconte comment il court toutes les prostituées de Paris pour les sodomiser avec forces détails. Vraiment beaucoup de détails. À l’époque, on ne passe pas à la pharmacie pour acheter un lubrifiant au silicone qui ne sèche jamais. On y va avec la motte de beurre. C’est trash et c’est précisément le but de l’auteur : choquer, troubler, exciter.

On voit bien le glissement qui s’opère. Entre le médecin Parent-Duchatelet et Pierre Louÿs, la pornographie, de documentaire, devient support masturbatoire. Le monde de la pornographie est donc inextricablement lié à celui de la prostitution… du moins, à l’origine.

Avant même la naissance de la pornographie, l’art a pu servir de support à l’excitation. Accrochez vos ceintures, on remonte le temps !

Nous sommes à Deir el-Medineh, aux environs de 1150 avant Jésus-Christ. Vous faites partie des ouvriers et des artisans des tombeaux qui travaillent à la création de la vallée des rois en Égypte Antique, à l’époque de Ramsès II. Il fait chaud. Vous avez travaillé dur toute la journée. Il est temps d’aller boire une petite bière dans un bar, enfin dans une maison de la bière, enfin dans un bordel, c’est un peu du pareil au même tout ça. Les filles sont jolies et seulement vêtues de robes de lin transparentes. Et là, vous dites à votre copain :

– Eh, Ramosé, toi qui taquine un peu la peinture, ça te dirait pas qu’on se marre et qu’on se fasse un papyrus érotique.

Ça n’est qu’une hypothèse mais c’est peut-être comme ça qu’est né le célèbre papyrus érotique du Turin. Long de 3,20 m, il représente tout un enchaînement de saynètes érotiques qui en ont fait perdre ses hiéroglyphes à Champollion qui écrit à son frère après l’avoir vu : « Ici un morceau du rituel funéraire, etc. et là des débris de peintures d’une obscénité monstrueuse et qui me donnent une bien singulière idée de la gravité et de la sagesse égyptienne… »

On y voit en effet des femmes assez dévêtues se faire prendre dans un tout un tas de positions assez peu réalistes par des hommes aux sexes démesurés. Mais à cette époque ancienne, le sexe, c’est la vie, la vie comme pulsion contre la mort. Bref, le sexe c’est joyeux. 

L’imagerie érotique comme support d’excitation se popularise dans l’antiquité. N’essayez pas de compter les vases à boire grecs avec des scènes de sexe dessinées, vous y passeriez des nuits entières. Mais le monde de Dionysos, le Dieu du vin, est ainsi fait. La licence érotique n’est pas loin.

Rome voit quant à elle apparaître les spectacles érotiques. Depuis l’époque républicaine, bien avant Jules César, on célèbre les Floralia au printemps. Cette fête des fleurs signe le retour du printemps et la sève monte partout. Et pour aider la sève des hommes à monter, on va voir des strip-tease au théâtre. Encore une fois, ce sont des prostituées qui s’y collent. Le spectacle est très érotique mais cet érotisme est intégré dans la fête religieuse des floralia. C’est encore une fois Eros contre Thanatos, la pulsion de vie contre la mort qui s’exprime. 

L’imagerie érotique est aussi très présente dans les maisons romaines. Attention, tout ce qui est nu n’est pas sexy pour les Romains. Prenez la déesse Vénus. Elle est tout le temps nue ou presque mais il n’y a pas de quoi s’exciter. La preuve ? Regardez son sexe. Si, si, allez-y. Prenez votre téléphone et tapez statues de Vénus ou d’Aphrodite. Quand le sexe de la déesse est représenté, il est fermé, sans fente, il n’est pas réaliste et pas prenable. Il n’est pas érotique. La peinture érotique romaine, au contraire, représente des femmes réelles occupées à faire des galipettes bien réelles.

Par exemple, dans le lupanar de Pompéi, on voit sur un tableau peint sur le mur du couloir une femme à califourchon sur un homme allongé. Elle porte une brassière pour cacher ses seins et l’homme est totalement nu. Ça, ça excite les Romains. Mais pourquoi porte-t-elle une brassière me direz-vous ? Les seins excitent assez peu les Romains, surtout s’ils sont gros. Ils préfèrent les belles hanches et les fesses bien rondes. C’est culturel !

Au Moyen Âge, avec la pesanteur de la morale chrétienne et la volonté de contrôler la sexualité des ouailles, l’art érotique se réduit comme peau de chagrin. Il existe bien quelques enluminures explicites et quelques sculptures grotesques mais elles sont loin d’avoir une lourde charge érotique. 

Il faut attendre le XVIIIe siècle pour à nouveau se rincer l’œil… et l’oreille.  La Fontaine rédige des fables érotiques. Vous ne trouverez pas Comment l’esprit vient aux filles, Le Rossignol ou le baiser rendu dans les livres qu’on étudie à l’école.

On en va mieux quand on va doux. 
Le sexe suit cette sentence

Ces vers ne sont pas de moi mais des cordeliers de La Fontaine. Je vous laisse imaginer la suite…

Si au XVIIIe, on commence à s’amuser avec les mots et les images érotiques, c’est grâce aux libertins. Ces libres-penseurs affranchis de la morale véhiculée par l’Église sont bien décidés à jouir de la vie.

La révolution française met un bon coup de pied dans la fourmilière des mœurs ! Alors là, c’est no limit, tout est permis. La prostitution et la pornographie sont en plein boom. Le Palais Royal à Paris devient le cœur du Paris Polisson. Il suffit de suivre le guide. Le guide rose ! C’est comme un guide Michelin de la prostitution. Les auteurs font le tour des filles de Paris pour dire où elles travaillent et à quel prix. Leurs écrits sont de la pure pornographie au sens littéral. De l’écriture sur la prostitution.

Le basculement vers la pornographie moderne centré sur le visuel se produit avec l’invention de la photographie dans les années 1810. Pour faire des essais de portraits, les apprentis photographes recrutent des modèles parmi les prostituées, et comme elles sont prostituées, il n’est pas compliqué de leur demander de se déshabiller. La photographie de nu artistique relève alors de l’évidence mais aussi d’un voyeurisme réaliste totalement nouveau qui n’existait pas avec la peinture et le dessin. Voici comment les courtisanes et les bordels commencent à faire de la publicité. C’est un peu comme les cartes panini. On peut les collectionner pour se rincer l’œil. Ses photos ouvriront la voie aux magazines pour adultes.

À la fin du XIXe siècle, l’invention du cinéma permet de fixer des scènes entières. Une fois l’émerveillement de la découverte avec les frères Lumière et leurs paysages passé, les réalisateurs se mettent vite en tête de filmer des ébats avec des scénarios plus ou moins développés. Encore une fois, on va chercher les premières actrices X dans les maisons closes. Pornographie et prostitution sont bel et bien indissociables. Toutes les pratiques classiques y passent avec la mise en place de l’éjaculation externe pour l’homme car c’est plus cinématographique ! Une convention est née. La présence du sperme devient le marqueur de l’épilogue d’une séquence de sexe. 

Dès la fin du XIXe siècle, on va voir des séances de cinéma dans les foires et les expositions universelles, on est en famille, c’est un moment joyeux et ludique. Mais sur le côté, il y a une autre salle dont l’entrée est étroitement surveillée. Pour une petite somme d’argent en plus, les hommes y entrent. Les hommes seulement. Ces salles sont les premiers cinémas pornos.

Il faudra attendre les années 1960-1970 pour voir l’âge d’or du cinéma porno. Eh oui, avant cette date, la censure veille et il faut attendre le grand vent de liberté de la fin des années 1960 pour voir ces petits établissements coquins fleurir dans les villes.

 Mais attention, pas question d’autoriser des affiches pouvant choquer les passants. Pas de femmes nues sur les murs de Paris. Alors, on se lâche dans les titres qui, eux, sont sans équivoque …  :

 « Sophie aime les sucettes », « J’ai très envie », « Domination profonde », « plaisirs sexuels au pensionnat ». Les titres en grosses lettres bleues, jaunes ou rouges sont parlants, il n’y a qu’à suivre son désir du moment.

La pornographie vise alors une clientèle essentiellement masculine car aucune femme dite honnête ne s’aventurerait dans un cinéma porno. Vous ne croyez pas que pendant la projection d’un film X qui dure plus d’une heure, tout le monde va se tenir bien tranquille. Les clients finissent par se masturber, seuls ou groupes. La tension sexuelle dans la salle fait partie du spectacle. Les rares femmes qui se risquent dans ces lieux savent pourquoi elles y vont. Elles choisissent de participer à cette orgie.

En 1972, le célèbre film Deep Throat, Gorge Profonde en français, donne ses lettres de noblesse au cinéma pornographique. Dans ce film de Gérard Damiano, il y a un vrai scénario et de l’humour. La belle Linda Lovelace découvre que son clitoris se trouve au fond de sa gorge. Pour jouir, elle doit donc s’employer à faire avec application la pratique décrite dans le titre. Évidemment, le film fait scandale mais est aussi un succès très lucratif.

Nous sommes juste après la grande révolution sexuelle marquée par mai 68 en France. Le sexe devient récréatif, libre et ludique et ce film incarne toute une époque. Dans la foulée, en 1974, sort le film cultissime Emmanuelle réalisé par Just Jaekin. Nouveau scandale, nouveau succès. Le livre inspiré par la vie d’un couple de diplomates est une ode à la liberté sexuelle et à l’apprentissage de l’érotisme. Il relève néanmoins de la catégorie érotique et non de la pornographie en l’absence de scène de gros plans sur les sexes.

À partir de 1975, la loi crée le classement X. L’idée est de taxer lourdement la pornographie dans le but de sanctionner un vice de manière lucrative, pour l’État cette fois.

Au début des années 1980, l’avènement du magnétoscope signe l’entrée dans une nouvelle ère de la pornographie. Le film pour adulte n’est plus réservé à des hommes urbains qui se glissent en catimini dans la salle du quartier. Le porno arrive à la maison, se démocratise et signe ainsi l’arrêt de mort lent mais inéluctable des cinémas pour adultes.

Les vidéoclubs sont quasiment tous pourvus d’une salle pour grandes personnes avec des jaquettes aux photographies très explicites cette fois. Seuls les majeurs sont autorisés à franchir le rideau rouge du sanctuaire pornographique. Pour les achats de cassettes vidéo, le processus est un peu le même, il faut oser franchir le rideau rouge des sex-shops, lieux interlopes où se croisent le cadre supérieur et l’ouvrier dans la même quête de plaisir scopique. Si les classiques s’étalent sur les rayonnages, les vidéos aux contenus ultra hard ou illégaux comme la pédopornographie ou la zoophilie, se demandent alors directement au comptoir… pour ceux qui osent et à leur risque et péril car la police mondaine est toujours en cheville avec le gérant.

Les premières stars du porno émergent alors. En France, la plus sensuelle et la plus désirée est Brigitte Lahaie. Elle devient le parangon de la femme libérée dans la pornographie entre 1977 et 1980. Les films sont le reflet de cette époque : légers et pleins d’humour. Brigitte Lahaie en totalise près d’une cinquantaine : ondée brûlante, Call-Girl de luxe, couple cherche esclave sexuelle, les petites garces, le corps et le fouet. Les thèmes sont variés. Mais au final, Brigitte est beaucoup plus sensuelle que hardeuse. C’est l’âge d’or du porno.

En 1991, la chaîne Canal+ lance son porno mensuel le premier samedi du mois précédé par le journal du Hard. On entre dans la grande époque du porno chic et des fameux films Dorcel. Les hommes sont musclés et bien membrés. Les filles sont magnifiques et portent de la lingerie fine. On se souvient de la blonde faussement ingénue Laure Saintclair et de Rocco Siffredi aux dimensions inhumaines, on tourne dans des châteaux… on tente de faire de l’esthétique. Le chef op n’est plus en option. C’est le porno à la papa, un joli porno mainstream. Les productions ont alors de l’argent et misent sur la qualité.

L’arrivée de l’ordinateur à la maison tue la vhs et le dvd pornographique. Les contenus se retrouvent progressivement en ligne. Mais voilà, maintenant qui veut payer pour voir quelques minutes de porno ? Les films se retrouvent saucissonnés sur des plateformes à partir des années 2010. Le scénario n’a plus aucune importance. Une séquence sans contexte de 5 à 15 minutes suffit pour atteindre l’objectif du spectateur : la décharge. Celle-ci est souvent mécanique, solitaire voire un peu triste.

À la fin des années 2000, les hubs explosent. Ces plateformes cumulent à l’infini des contenus pornographiques majoritairement gratuits et créent une profonde mutation de la pornographie.

Nous avons vu que, jusque-là, la pornographie est en lien étroit avec la prostitution et les travailleurs du sexe. Or, les hubs deviennent les temples des amateurs qui rêvent de s’exhiber à des voyeuristes.

Tout le monde se rêve pornographe ou acteur porno. Il n’est même plus question de l’appât du gain mais du plaisir narcissique de s’exhiber comme une continuation de Facebook et d’Instagram.

Si la majorité des usagers des hubs cherchent à voir certaines pratiques, ils se posent peu la question de ce qu’ils regardent. On tombe sans difficultés sur des scènes de viols, des scènes où le consentement est manifestement arraché, des scènes où la fille est piégée car elle avait demandé au garçon de ne pas jouir en elle faute de contraception mais il le fait pour le plaisir de filmer le résultat du coit avant d’envoyer sa partenaire sous la douche… plutôt qu’à la pharmacie.

Face à cette débauche de scènes en tout genre, il faut toujours repousser plus loin les limites pour ne pas blaser le public. Là où le porno mainstream des années 90 se bornaient à la trilogie fellation, pénétration, sodomie, la mode est à l’étouffement, au squirting et à un panel sans fin de pratiques hards où le plaisir semble s’effacer au profit de la performance. Après tout, cette perversion de la pornographie aurait peut-être enchanté Sade !

Au final, la pornographie des amateurs sans contrat, sans limites, sans respect dont Jacquie et Michel sont les fers de lance, a fini par mettre à mal une industrie qui s’était moralisée dans les années 1990 avec des contrats sérieux et la mise en place du safe sex : bilan médical régulier pour les acteurs et port du préservatif. Aujourd’hui, tout cela semble avoir disparu dans la pornographie.

En réponse à cette pornographie des hubs où l’obscénité s’exprime contre l’art, le porno féministe a émergé depuis quelques années. Il se pose en industrie éthique, fait par les femmes, pour les femmes, car 30 % d’entre elles avouent consommer de la pornographie. Le porno féministe se veut réaliste, avec des orgasmes réels et des corps qui correspondent à la diversité de la vie. Le porno féministe s’impose comme une niche et coûte donc cher au consommateur. Mais à bien y regarder, il ressemble au joli porno des années 1990 avec le retour du chef op… 

Quant à la diversité des corps, 5 minutes sur un hub suffisent à trouver tous les types de corps, enfin surtout chez les femmes. On dit que la femme est un objet dans la pornographie. C’est oublier que l’homme est, quant à lui, réduit à l’état d’outil. Personne, à part les psychologues, ne remet la pornographie à sa place : il s’agit d’un divertissement pour adultes avertis. Il n’a pas vocation à être éducatif. Il est au mieux un adjuvant à une sexualité variée, mais il ne reflète aucunement la réalité sinon la mode des fantasmes à une époque donnée.

En 2020, la réalisatrice Olympe de G fait parler d’elle en signant un porno qui mériterait amplement sa place dans la catégorie des films d’auteurs. Dans le film  Une dernière fois, Brigitte Lahaie, alors âgée de 64, revient à la pornographie mais non sans une certaine pudeur puisqu’elle refuse les plans sur son sexe. L’actrice incarne une femme mettant en œuvre ses derniers rapports sexuels. Le film propose une réflexion sur la sexualité des personnes âgées et sur l’importance du consentement. Si le propos du film est éminemment intéressant, est-ce encore de la pornographie ? Cela ressemble plus à du cinéma engagé qu’à un objet masturbatoire.

Le dernier avatar de la pornographie dans les années 2020 est le streaming : le fait de regarder en direct des camgirls et des camboys faire des choses en échange de la rémunération des voyeurs. Ici, la pornographie renoue avec le monde des travailleurs du sexe. Si à l’époque du téléphone rose, les opérateurs pouvaient faire leur repassage en racontant des obscénités, ici, il faut faire le show et satisfaire les pulsions scopiques. Cette pornographie se popularise tellement que des sites comme onlyfan permettent à tout un chacun de faire payer des voyeurs pour des photos dénudées comme si tout cela relevait de la plus grande banalité… ce qui est assez pour vrai pour les millénials nés avec des smartphones dans la main et la perte de la notion d’intimité eu égards à leur usage des réseaux sociaux.

Si le XXe siècle a vu plusieurs mutations de la pornographie, Le XXIe siècle semble le cantonner à un objet militant ou au contraire à un jeu d’exhibition entre amateur ou semi-professionnels. La vraie pornographie, celles aux mains des travailleurs du sexe semble disparaître. C’est à se demander si au XXIe siècle, nous ne sommes pas tous un peu pornographes…

Texte et Voix : Virginie Girod

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