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PORTRAIT-ROBOT DES ULTRAS RICHES

PORTRAIT-ROBOT DES ULTRAS RICHES

Où vivent-ils, quel âge ont-ils, comment dépensent-ils, où passent-ils leurs vacances… Les ultrariches sont dans ce podcast.

Texte & Voix : Eric Lange

Connaissez-vous le Gstaad Palace ?

Non…vous ne faites pas parti du club des ultras riches.

Car les ultras riches eux, se retrouvent lors des migrations hivernales dans cet hôtel luxueux situé, comme son nom l’indique, dans la ville de Gstaad, en Suisse.

Une cliente arrive.

Suivie d’un porteur pour tirer les valises à roulettes.

Et…le petit sac pour transporter le chat. 

La dame est française, aristocrate…le concierge n’en dira pas plus sur son identité.

La dame aristocrate française vient chaque année une semaine en février. Avec son chat.

Le détail amusant de l’histoire, c’est le menu du chat. Il mange du caviar. Il faut prévoir chaque jour 50 grammes de caviar pour le chat. De temps en temps, une sole ou un tournedos…pour le chat.

Les ultra-riches sont 67 000 en France.

C’est l’INSEE qui le dit. D’ailleurs, l’INSEE n’utilise pas le mot ultra-riche mais parle de «  personnes à très haut revenu ».

Les personnes à très haut revenu représentent 0,1% de la population française. Soit les 67 000 citoyens.

La question importante, combien faut-il gagner pour être un ultra riche français ?

Si vous êtes seul : minimum, 23 000 euros par mois. C’est le SMIG des ultra-riches. Bien entendu, ils sont nombreux à gagner bien plus, 10, 100, 1000 fois plus ! Mais le ticket d’entrée est à 23 000 euros mensuel. Sachant qu’un ultra riche de ce petit niveau paye 35% d’impôt direct, il vous reste à vivre, comme on dit chez les pauvres, 15 000 euros.

Où le rencontrer ? À Paris. 20% des ultras riches vivent dans la capitale. Et 30 % en île de France, plutôt vers l’Ouest, beaucoup à Neuilly sur Seine.

Les autres sont en Auvergne Rhône Alpes, en Corse, dans les Alpes Maritimes et dans les départements…proches de la Suisse. Proche de la Suisse…C’est tellement évident que ça ne s’invente pas. C’est pas moi qui l’dit, c’est l’INSEE.

Dans quoi travaille l’ultra riche ? Dans la majorité des cas…il gère son patrimoine. 

57% des ultra-riches ont leur patrimoine comme source de revenu. Mais attention, quand on dit patrimoine, on pense souvent immobilier. Certes. Mais aujourd’hui, c’est plutôt un patrimoine financier. On possède des actions, des parts dans des entreprises…ce qui va expliquer, on le verra tout à l’heure, la hausse de leurs revenus en période de crise…

Donc, ils gèrent leurs actions et leurs boites.

Mais pas que.

40% sont des salariés, des salaires donc à plus de 23 000 euros net. Les 3% restants sont des retraités…

Quel est l’âge de l’ultra riche ?

50% d’entre eux ont fêté leurs 60 printemps. 

Bien, si nous résumons notre portrait-robot, l’ultra riche français habite à Paris ou en région parisienne, il a la soixantaine, minimum, il gagne plus de 23 000 euros net par mois, il a du patrimoine, et…c’est un homme.

Oui, précision utile, dans le monde de l’ultra richesse, on n’a pas encore entendu parler de l’égalité hommes femmes, elles ne sont que 10 %. Cela dit, statistiquement toujours, les hommes mourant plus jeunes que les femmes, on devrait voir émerger une génération de veuves ultra-riches…des ultra-veuves…

Comment vont-ils ? 

Bien.

Très bien.

Surtout les français…

Si on prend le haut du panier. Les milliardaires.

Ces 10 dernières années, en moyenne, les ultra riches des autres pays ont vu leur patrimoine augmenter de 170%…c’est une moyenne et je parle de pays comparables à la France, comme la Grande Bretagne ou l’Allemagne. Le patrimoine des milliardaires français lui a augmenté de 400 %. Presque 3 fois plus que les autres. Et ils sont devant tout le monde. Sauf les Américains. Sinon, ils sont devant les allemands, les chinois, les anglais, les indiens… 

Il y a une explication.

La France excelle dans l’industrie du luxe et ils sont de plus en plus nombreux dans le monde à en consommer. Les nouveaux ultra-riches des pays émergeants, Chine, Pays du Golfe, Inde…et ces gens là dépensent sans compter chez LVMH, Hermès, L’Oréal…la liste est longue.

Et ça ne fait que commencer, si l’on en croit le boss du luxe en France, l’homme le plus riche d’Europe François Pinault, qui a d’ailleurs multiplié sa fortune par 5 l’année dernière, je le cite :

« Je ne suis pas sûr que dans 20 ans les gens utiliseront encore un IPhone, mais je suis sûr qu’ils boiront toujours du Dom Pérignon »

Et puis il y a eu la pandémie.

Les ultra riches s’en sont bien sortis.

Très bien même.

Là aussi il y a une explication :

La BCE, la Banque Centrale Européenne, a pratiqué pendant la pandémie, le « quoi qu’il en coûte » financier. Autrement dit, on a dû injecter massivement de l’argent, 1850 milliards d’euros,  dans les banques pour éviter que le système s’effondre. Il ne fallait surtout pas que la crise financière se répercute sur l’économie réelle. 

L’idée n’était pas d’enrichir les riches, mais de rassurer les investisseurs pour éviter une crise totale.

Du coup les investisseurs étant rassurés, la bourse a grimpé.

Et le patrimoine de nos ultra-riches étant, pour une bonne part, constitué d’actions, in fine,  ils en ont profité.

Donc, en 2022, année d’enregistrement de ce podcast, les ultra riches français se portent bien.

Et comment dépensent-ils leur argent ? En dehors des investissements professionnels… que font-ils de tout cet argent ?

Aujourd’hui, c’est plus facile à savoir.

Fut une époque où le riche se faisait discret. On se reconnaissait entre soi mais on ne s’exposait pas. 

La montre valait des milliers d’euros, mais seuls les initiés connaissaient l’horloger.

Aujourd’hui, c’est différent.

On affiche la Rolex en diamant sur les réseaux sociaux. Les ultras riches ne se cachent plus, ils s’affichent.

Depuis les années 2000, la richesse est décomplexée.

C’est même devenu un étendard car les ultras riches ont appris à médiatiser leurs richesses. Ils créent leur légende.

Par exemple, le vin.

Les ultras riches arrivent à Bordeaux les poches pleines d’euros pour s’offrir un vignoble. Pour un beau vignoble, il faut compter au minimum, 5 à 10 millions d’euros.

C’est un investissement passion, comme on dit.

La fierté d’avoir son nom sur une étiquette…oui…mais surtout, l’achat d’une forme de noblesse. Traditionnellement, le vin, ce sont de vieilles familles ancrées dans la culture, dans l’histoire de France. S’offrir un vignoble à Bordeaux, c’est presque s’offrir un titre.

Pareil pour les chevaux. Rien de mieux pour l’image qu’un haras peuplé de pur-sang. Franchement, l’image d’un gentleman Farmer qui caresse l’encolure d’un étalon sur fond de château et d’écuries…c’est classe.

Sinon, les yachts et les avions privés ont toujours la cote. L’industrie du bateau de luxe, on parle de jouets à 500 millions d’euros, connaît une progression des ventes de 8% en 2021.

Là, la motivation est simple, les ultras riches jouent à celui qui a la plus grosse…

Pareil pour les Jets privés, à vendre ou à louer, le marché est en pleine expansion. Notamment une conséquence de l’épidémie de Covid au cours de laquelle l’ultra riche a pris l’habitude de voyager seul, pour se protéger. L’achat d’un jet privé devient un geste barrière.

L’art est aussi une belle danseuse pour les ultra-riches qui s’offrent des œuvres, ou carrément des musées. C’est un investissement, certes, mais on en revient aussi au positionnement social, avoir un Banksy dans l’entrée et un Picasso sur un mur du salon, fréquenter les salles de ventes et affirmer qu’on a repéré un Streets artiste new yorkais prometteur, vous positionne en collectionneur, ce qui est tout de suite beaucoup plus prestigieux qu’affairiste.

Les ultra-riches investissent aussi dans les équipes sportives. Quoi de plus beau que de parier sur son club de foot local ? Une sorte de retour au pays de l’enfant prodigue qui, les poches pleines, vient défendre les couleurs de sa ville. Tapie et Dreyfuss avec l’OM, Lagardère avec le Racing Club, Nicollin et Montpellier, Dassault et le FC Nantes…

Ils aiment ça. Ils voient les matchs dans les loges VIP en portant des manteaux en cachemire.  Ils fument le cigare en regardant les exploits de leurs poulains, eux-mêmes ultra-riches.

Enfin n’oublions pas les médias. Les ultras riches succombent souvent au syndrome Citizen Kane. Le film d’Orson Wells raconte l’ascension et la chute d’un empereur de la presse aux Etats Unis. Citizen Kane est devenu une sorte de figure aventurière et romantique, mais aussi cynique…Un homme d’affaires, certes, mais qui, grâce à la presse, devient un héros.

Les ultras riches français achètent donc des médias, journaux, radios, télévision. Ils pratiquent aussi, grâce à leur empire, le soft power. Autrement dit, par les articles qu’ils publient et aux émissions qu’ils produisent, ils défendent leurs intérêts ou les intérêts de politiciens qui ensuite leurs seront redevables…

Aujourd’hui en France environ 80% de la presse écrite et 50% des médias audiovisuels nationaux, sont entre les mains d’une dizaine d’ultra riches.

La vie des ultras riches fait elle rêver ?

Franchement…non…

Si l’on regarde la routine quotidienne des hommes les plus riches du monde, des types comme Jeff Bezos, Elon Musk ou Mark Zuckerberg, c’est pas très excitant…

Ils se lèvent entre 7H et 8H, ils prennent un petit déjeuner, font un peu de sport et ensuite…ils vont au bureau où ils travaillent …jusqu’au soir. Et souvent tard.

Ils mangent peu.

Ne boivent pas d’alcool.

Le temps libre est consacré à la famille…

Comment se fait il des des personnes qui ont des dizaines, des centaines de millions d’euros sur leur compte personnel, aient la même vie emmerdante que nous, modestes salariés ?

J’ai une réponse.

Il se trouve que j’ai travaillé avec un ultra riche qui annonçait fièrement avoir 300 millions sur son compte.

Nous nous croisons un matin à 8H30 devant son bureau.

Il gare sa Bentley, enfin, son chauffeur, nous nous saluons et je ne peux m’empêcher de lui demander ce qu’il fait là…pourquoi venir au bureau quand on assez pour vivre, quand sa famille est protégée du besoin sur plusieurs générations…pourquoi s’imposer un réveil, fusse un réveil Rolex ?

Réponse de muon ultra riche : « j’ai essayé Eric, j’ai essayé. Au bout de 8 mois je suis tombé en dépression, psy et cachetons… »

Voilà.

Nous avons réalisé des podcasts sur la Cocaïne et le Cannabis, mettant en lumière l’addiction à la dopamine à laquelle sont soumis les humains. Dopamine qui est une substance sécrétée par notre cerveau pour nous récompenser. Nous faire plaisir. Nous sécrétons de la dopamine quand nous mangeons du chocolat, fumons du cannabis, quand nous avons des likes sur les réseaux, quand nous faisons l’amour et quand…nous gagnons de l’argent.

L’argent une est drogue comme une autre.

Les ultra riches sont des junkies.

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