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LES LIONS INDOMPTABLES

LES LIONS INDOMPTABLES

Comme tous les 4 ans depuis près d’un siècle, un vent de fraternité s’apprête à souffler sur le monde.

Face au grand rectangle vert, les foules, unies, vont chanter, danser, applaudir, crier, pleurer, espérer…

De Rio à Paris, de Sydney à Doha, les drapeaux du monde, noués ensembles, vont s’agiter aux rythmes des klaxons et des cris de joie des populations en fête.

Un mois de compétition pendant lequel le Football va soudainement faire oublier au peuple des hommes toutes ses différences. 

Oui, le ballon rond a ce pouvoir ! 

Oui, le ballon rond est magique ! 

Souvenez-vous, « Italia 90 » …
Il y a tout juste 32 ans, les Lions indomptables du Cameroun deviennent la 1re nation africaine à atteindre les 1/4 de finale d’une Coupe du monde. Une équipe qui va susciter l’admiration de toute la planète football.

Nous sommes le dimanche 3 Juin 1990. 

À l’extrême sud du Cameroun, le soleil disparaît lentement derrière les grands arbres qui surplombent le petit village de Lakofa.

En chanson et au rythme des percussions qui résonnent, la fête se prépare. Sur l’immense tablée dressée pour l’occasion, les femmes installent les derniers plats du repas, offerts à toute l’assemblée venue des alentours.

Les plus jeunes eux, jouent encore au ballon sur le petit terrain en sable… 

Plus loin, sous la grande hutte en terre, le son du poste de télévision grésille. Depuis près d’une heure, Moussa, le chef du village, agite pourtant l’antenne dans tous les sens.  Devant lui, les hommes, posés à même le sol, ne quittent pas des yeux l’écran.

Soudain, le son de l’hymne national Camerounais se fait entendre.

Les enfants s’arrêtent net. Les femmes aussi. 

Tous rejoignent en courant le petit téléviseur. L’image apparaît enfin ! Un énorme cri de joie résonne dans tout le village.

À plusieurs milliers de kilomètres de là, sur la pelouse du stade San Paolo de Naples, les 11 Lions indomptables du Cameroun s’apprêtent à donner le coup d’envoi du match qui les oppose aux Colombiens, en 8e finale de la Coupe du Monde.

L’incroyable parcours de l’équipe nationale depuis le début de la compétition passionne et rassemble le pays tout entier.

Mais face aux Sud-Américains, la tâche n’est pas simple…

Après 90 minutes de jeu, les 2 équipes ne parviennent toujours pas à se départager. L’heure des prolongations a sonné, tout le village retient son souffle.

Depuis les tribunes du stade Napolitain, les cris de guerre des supporters Camerounais font de nouveau vibrer le téléviseur.

Sur le terrain, les Lions Indomptables semblent bien décidés à continuer à écrire une page de l’histoire…

106e minutes : Roger Milla, le joueur le plus âgé de la compétition, claque un 1er but !

Dans la petite cour en sable, la foule exulte.  

Tous se lèvent d’un coup et dansent au son des djembés. La fête commence…

Certains ne sont même pas encore assis que le n°9 Camerounais double la mise en chipant le ballon des pieds du gardien Colombien et en marquant depuis le milieu de terrain vers le but vide.

2-0.

Dans le petit écran, Roger Milla, l’enfant prodige, rejoint en courant le poteau de corner pour offrir au monde son traditionnel petit pas de danse africaine.

L’euphorie passe les frontières camerounaises et se propage dans tout le continent. Pour la 1er fois de son histoire, un pays Africain atteint les quarts de finale de la Coupe du Monde…

L’aventure des Lions indomptables remonte au printemps 1990.

À quelques mois du début de la compétition, les fans camerounais, tout comme le reste du monde, ne croient plus vraiment en cette équipe… 

– L’entraîneur français est remplacé par un sélectionneur russe qui ne parle pas un mot d’anglais ni français.

– À 38 ans, l’ancien attaquant Roger Milla est sorti de sa retraite à la demande expresse du Président Camerounais.

– Quant à ses trois gardiens de classe, la rivalité est telle, qu’elle perturbe sérieusement l’ambiance du vestiaire…

C’est avec ce cocktail pour le moins « explosif » que le Cameroun se rend en Italie, disputer le deuxième Mondial de son histoire.  

Équipe présumée la plus faible sur le papier, la nation « Vert-Jaune-Rouge » évolue dans le même groupe que l’Argentine, championne du monde en titre, l’URSS, finaliste de l’Euro 1988 et la Roumanie.

Les commentateurs sportifs sont unanimes : Le Cameroun ne fera pas plus d’une semaine en terre italienne !

Et pourtant, le fabuleux destin des Lions ne fait que commencer…

En ouverture du tournoi, ils affrontent la redoutable équipe Argentine.

La présence du public camerounais dans les tribunes suffit à booster les 11 Lions qui, très vite, gagnent la bataille psychologique.  

À la 67e minute de jeu, l’improbable surgit ! Le Camerounais François Omam Biyik s’envole dans les airs et propulse d’un coup de tête majestueux la balle au fond des filets.

1-0. Un lourd silence s’abat sur le stade Milanais.  

Les dernières minutes passent, Maradona et ses coéquipiers s’acharnent.  

Mais les Lions tiennent bon. Il est 21h48, l’arbitre arrête net sa course au milieu du rond central. 3 coups de sifflet retentissent, le match est terminé.

Stupeur devant les écrans de télé du monde entier !

Le Cameroun, petit poucet du Groupe, vient de créer l’exploit de renverser le champion du monde en titre. Sur la pelouse, la super star Diego Maradona sort du terrain, tête baissée.

Quelques jours plus tard, face à la Roumanie, le Cameroun fait sa deuxième sortie dans la compétition.

Le nouveau héros du peuple, Roger Milla, s’illustre avec un doublé qui place le Cameroun en tête du groupe.

Dans les rues de Yaoundé, la capitale du pays, une fête sans précédent éclate.  Toute la nuit, des centaines de milliers d’Africains chantent, dansent et se prennent à rêver. Et si ….. 

À plusieurs milliers de kilomètres de là, dans les vestiaires du stade San Nicola, à Bari, les Lions réalisent tout juste leur exploit…

La lourde défaite 4-0 face à l’Union Soviétique au 3e match ne change rien au sort des Camerounais, leur destin semble déjà écrit :

Les ambassadeurs africains terminent 1er du groupe et se qualifient pour les huitièmes de finale.

Les crocs acérés, les Lions chassent les Colombiens au tour suivant, et accèdent pour la première fois de l’histoire au 1/4 de finale d’une coupe du monde…

Au soir du 1er Juillet 1990, à quelques minutes du coup d’envoi, le thermomètre affiche encore 25°. Malgré la chaleur étouffante, plus de 55000 supporters Anglais et Camerounais embrasent les tribunes du stade Napolitain.

Sur la feuille du match, l’affiche semble bien déséquilibrée :

La talentueuse Angleterre, nation du football et ses joueurs de classe mondiale, face à Roger Milla et les siens.

Mais le regard dur de Bobby Robson et Gary Lineker ne trompe pas…

Face aux Lions indomptables, dopés à l’adrénaline depuis le début de la compétition, il va falloir hausser le niveau de jeu !

L’arbitre regarde sa montre, lève le bras et siffle le début de la rencontre. Il est 20h.

La partie peine à trouver son rythme, les 2 équipes se craignent.

Mais très vite, les Camerounais se jettent dans la bataille et ouvrent le bal africain.

Bousculés, les Anglais réagissent aussitôt et passent à l’offensive.

À la 25è minute, c’est eux qui ouvrent le score!

Depuis les tribunes, les encouragements des supporters Camerounais redoublent d’intensité.

Roger Milla se réveille. L’attaquant s’élance vers le but et s’écroule dans la surface de réparation.

L’arbitre n’hésite pas : penalty !

61e minute : 1-1.

Le stade exulte, le rêve continue.

Les joueurs de Robson n’ont même pas le temps de réagir que les Lions doublent la marque. Roger Milla, le héros, glisse somptueusement la balle à Eugène Ekéké qui, d’une belle pichenette, trompe Peter Shilton, le gardien Anglais.  65′ minute: 2-1. Le Cameroun rêve éveillé. L’Angleterre doute. 

Il ne reste maintenant plus qu’un petit quart d’heure avant que l’exploit Camerounais se répète. Mais l’espoir est de courte durée…

Comme seul le sport est capable de le faire, le destin change subitement de camp. 

À 7 petites minutes du coup de sifflet final, Gary Lineker obtient à son tour un penalty. 83e minute : 2-2. L’Angleterre revient de loin. 


Les prolongations commencent…

Les jambes lourdes, les Camerounais fatiguent.

Les Anglais, eux, font preuve d’une résistance héroïque et repartent à l’assaut.  

Gary Lineker, lancé au but, est de nouveau crocheté dans la surface de réparation.

Nouveau penalty. Le pied de l’attaquant Anglais ne tremble pas.

105e minute: 3-2.

Dans les tribunes, les chants Camerounais s’éteignent lentement.

L’aventure des Lions prend définitivement fin aux portes du dernier carré.

Mais le souvenir de ces Indomptables, premiers quarts-de-finalistes africains de l’histoire, est appelé à ne jamais mourir.

Chacune des Coupes du Monde marque de son empreinte l’Histoire du football.

À chacun de ces rendez-vous, une nouvelle surprise, une nouvelle histoire… Un but inoubliable, une équipe exceptionnelle, un public, un joueur, un match de légende ! Celle du Qatar 2022 aura aussi la sienne ! Forcément ! Mais laquelle ?

Texte : Laurent Latappy / Voix : David Gonner

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