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L’AUTRE HISTOIRE DE JÉSUS !

L’AUTRE HISTOIRE DE JÉSUS !

Il est bien né ce soir, mais il est mort en Inde à 100 ans, et il y est toujours… Découvrez l’autre histoire de Jésus Christ !

Texte & Voix : Eric Lange

C’était à Delhi, en Inde.

La capitale.

Je vous résume le décor :

Un mélange de vieilles bâtisses coloniales, de bâtiments administratifs, de buildings récents…

Et toujours et partout,  l’Inde qui vit dans la rue. Juste là, avec :  ses gosses, ses bébés qui naissent, ses vieux qui meurent… Des familles entières.

 Toute une vie, tout un monde sur les trottoirs !

Avec ces centaines de petits feux, et les encens aussi, qui font comme un voile de fumée…

Et des vaches, bien sûr ! Des vaches sacrées.  Des chiens galeux, des singes et des corneilles… Plein de corneilles qui te matent bizarrement : elles vérifient que t’es vivant pour savoir si elles te bouffent ou pas !

Et au milieu du chaos… Des femmes avancent, fièrement, drapées de saris immaculées…Un miracle…

Bref…C’est l’Inde et c’est chaud…Ça cogne ! 40 degrés…

Et c’est là, 

Dans ce bordel inouï qui te fait facilement vaciller dans un autre monde, 

Dans un coffee shop donnant sur la rue, 

Asphyxié par les fumées que dégageait la circulation cauchemardesque, 

C’est là qu’un type, avec une grande barbe, des yeux noirs cernés de khôl et qui fumait un shilom gros comme ça, m’a dit : 

« Tu veux aller voir le tombeau du Christ ? C’est pas loin. Une journée ou deux en voiture. »

C’était la première fois que j’entendais parler de cette histoire de Jésus en Inde…Et comment il serait venu jusqu’ici deux fois, une première fois durant sa jeunesse et une autre fois après sa mort qui n’en était pas une. 

Il aurait prêché la bonne parole, vieillit là, et finalement il serait mort vers cent ans…Cent après lui-même donc…

Mais j’avais rangé ça dans le tiroir à histoires incroyables qu’on te raconte tous les jours en Inde.

D’ailleurs, je n’avais pas accompagné le gars pour une visite du tombeau du Christ…Tout simplement parce que le tombeau est au Cachemire, dans le nord, et que cette année-là une guerre se déroulait là-haut entre les Pakistanais, les Indiens et des indépendantistes du Cachemire, et on ne pouvait pas passer.

J’oubliais donc l’histoire.

Mais elle est revenue.

Régulièrement je retombe sur cette légende…

Un journaliste qui va vérifier, un voyageur qui montre des photos…Dans le guide du routard et Lonely Planete, la visite du tombeau du Christ en Inde est recommandée comme un classique du genre…On se presse tous les matins devant le mausolée où est enterré le fils de Dieu…Rien que ça…Dieu lui-même est là-dessous, et c’est dans la rubrique les « choses à ne pas rater », des guides touristiques…

Et puis des livres, des reportages, des articles…Une page Wikipédia…

Des gens très sérieux, grands reporters, ethnologues, des médias aussi recommandables que la BBC, la RTBF ou Radio France, s’intéressent au mythe, qui est peut-être une histoire réelle…Peut être un canular qui n’en finit pas de durer… 

Finalement, j’ai compilé tout ça pour vous raconter une version de l’histoire de Jésus en Inde.

Tout commence avec un dénommé Louis Jacolliot qui naît en 1837 dans la commune de Charolles en Saône et Loire.

Oui, tout commence en Saône et Loire.

Ce monsieur Jacoilliot eu une vie aventureuse. Il fût avocat, puis juge à Tahiti, en Inde et il voyageait beaucoup en Asie et en Afrique.

A l’époque, dans les années 1850 ces voyages c’était l’aventure. On n’allait pas à l’autre bout du monde d’un coup de Low Cost…Il fallait des semaines, des mois…

Louis Jacolliot s’intéressait aux religions et aux mythes. Il se penchait aussi bien sur la légende de l’Atlantide, l’histoire de l’hindouisme ou le paganisme africain…

On lui doit une bonne trentaine de livres mêlant le récit de voyage et les réflexions philosophiques et théologiques.

Il écrit notamment un ouvrage, et c’est lui qui nous intéresse, qui se nomme « La Bible dans l’Inde », paru en 1869.

Dans ce livre, il est, semble-t-il, le premier occidental à écrire que Jésus aurait voyagé jusqu’en Inde grosso modo de ses 12 ou 14 ans jusqu’à ses 30 ans, avant de retourner en Palestine…

A l’époque, personne ne prête réellement attention à cette idée farfelue, perdue dans les écrits iconoclastes d’un avocat voyageur de Saône et Loire.

Jacoilliot meurt en 1890.

Ce qu’il ne sait pas, c’est que parmi ses lecteurs, se trouve un journaliste Russe Nicolas Notovitch.

Et c’est lui qui va lancer toute cette histoire.

Notovitch lit le livre de Jacolliot et se dit…Jésus en Inde…ça c’est un bon sujet, une belle aventure…un reportage qui peut devenir un best-seller…

Une histoire qui va remuer le monde !

Et Notovitch se lance dans un voyage qui va le conduire aux confins de l’Himalaya sur les traces de Jésus Christ.

Un voyage allant de Russie à l’Inde, puis au Tibet à la fin du 19ème siècle…c’était une expédition de plusieurs mois, voire plusieurs années, à pied, à cheval, en calèche, en train à vapeur…

En regardant une carte, on se rend compte de l’épopée…

Si vous partez disons de Moscou, il faut traverser ce qui est aujourd’hui le Kazakhstan, le Kirghizistan, L’Afghanistan, le Pakistan, et enfin le Népal et l’Inde, et un peu plus haut, le Tibet…

On ne sait pas s’il a réalisé ce voyage en une fois ou s’il a fait des allers-retours…Toujours est-il, qu’un jour, alors qu’il est au Ladakh, c’est une région au nord, dans l’Himalaya, aux confins de l’Inde et du Tibet, Nicolas Notovitch tombe sur un chemin escarpé et…Se casse la jambe.

Les guides qui l’accompagnent le portent jusqu’au seul endroit habité du coin, un monastère bouddhiste, le monastère de Hémis.

Il reste plusieurs semaines, peut-être deux ou trois mois dans ce monastère, à vivre en compagnie des moines, au rythme des prières, de la méditation, dans un décor magnifique. Le Monastère est niché dans une gorge, entouré de montagnes immenses avec au loin les plus hauts sommets du monde…

Hémis abrite une importante bibliothèque bouddhiste dotée de textes rares, anciens, écrits au cours des siècles par des hommes ayant atteint la sagesse suprême…

Un matin, un vieux moine rend visite à Nicolas. Il lui apporte plusieurs parchemins, écrit il y a près de 2000 ans et racontant l’histoire d’un homme, prénommé Issa.

Issa, en perse, en arabe, en hébreu…c’est Jésus.

Notovitch traduit les textes.

Ils racontent donc l’histoire d’Issa, de Jésus, qui serait arrivé dans la région quand il avait 14 ans. Il venait de Palestine. Il a voyagé en Inde, au Népal, au Tibet. Il a suivi l’enseignement de moines bouddhistes et de Yogis hindous avant de retourner en Palestine.

L’affaire est sérieuse.

Elle lève le voile sur ce que l’on appelle les années perdues de Jésus Christ.

Rien n’est écrit dans la Bible sur la vie de Jésus entre ses 12/13 ans et ses trente ans.

On connaît son enfance.

On connaît les années 30/33, qui se terminent par sa crucifixion, mais que se passe-t-il dans sa vie entre 12 et 30 ans…Mystère.

Et bien voilà, maintenant on sait ! Il était en Inde et au Népal !

Pour un scoop…C’est un scoop. Et Notovitch publie en 1894 un livre « La vie inconnue de Jésus Christ ». Qui devient effectivement un best-seller et que l’on édite et réédite toujours au 21ème siècle. Vous le trouvez aujourd’hui en deux clics.

Je m’arrête un instant.

Le livre est un succès. Il est réédité 8 fois en un an quand il sort en France. Il est publié par trois éditeurs américains, un anglais, un suédois…

Mais est-il possible que tout cela ne soit qu’un immense canular ?

Et si Notovitch n’avait jamais mis les pieds au Monastère de Hemis, ou même en Inde…

Et s’il avait tout imaginé, le voyage, l’accident, la jambe cassée, le vieux moine et les manuscrits…Et si tout cela était bidon, une arnaque…

C’est évidemment la thèse de l’Église catholique, qui condamne fermement le livre. Et on la comprend l’église. Si l’histoire était vraie, elle nous raconterait que la doctrine chrétienne est directement inspirée du bouddhisme et de l’hindouisme !

Ça fait désordre.

A ce propos, certains disent pourquoi pas…La compassion, le pardon, tendre la joue gauche, les derniers seront les premiers, le danger des biens matériels et de l’accumulation des richesses, le fait de parler en paraboles…Tout cela on le retrouve chez Bouddha et chez les hindous…

Et puis, techniquement, si je puis dire, c’est possible.

Alexandre Le Grand avait ouvert la voie de l’Inde 4 siècles auparavant et les routes entre la Palestine, la Perse puis l’Inde, étaient parcourues par des caravanes de marchands. 

Un jeune garçon de 12/13 ans aurait très bien pu se joindre à elles.

Mais l’église ne veut pas en entendre parler.

Fermez le ban…pas de discussion possible. Ce Nicolas Notovitch est un menteur, point barre.

Pour savoir si l’histoire se tient, déjà, on pourrait vérifier. Aller sur place et voir les fameux manuscrits.

C’est ce qu’entreprend un professeur d’histoire, un Anglais Archibald Douglas, en 1896, deux ans après la sortie du livre. Il va au monastère de Hémis, il rencontre les moines qui lui affirment n’avoir jamais rencontré Notovitch ni qui que soit d’occidental, encore moins avec une jambe cassée.

Fin de l’histoire ?

Non.

Car plus tard, en 1922, un professeur Indien Swami Abhedananda, entreprend le même voyage et lui, il peut consulter les manuscrits.

Tout comme une célèbre pianiste Suisse, Elizabeth Caspari, en 1939, elle se rend au monastère et consulte les textes.

D’autres, journalistes, aventuriers, chercheurs iront au Ladakh. Certains diront avoir vu les manuscrits, ou pas…

Plus récemment, en 2000, l’anthropologue américain Jeff Salz, un homme connu pour être « Indiana Jones en vrai », monte une expédition et arrive au monastère. Il demande à voir les manuscrits. On lui répond que le moine qui possède les clés de la pièce où ils pourraient être rangés, n’est pas là. Et il revient quand le moine ? Demande Salz…On ne sait pas, peut-être dans 4 ou 5 ans…

Pas de chance.

Mais ce n’est toujours pas fini…

Car arrive une autre histoire…Celle du tombeau de Jésus…

Celle-là naît au début du 20ème siècle avec un homme, un Indien, qui se présente comme étant le nouveau prophète de l’Islam, avatar de Jésus Christ et de Shiva, quand même, envoyé sur terre par Allah pour guider les hommes vers un Islam réformé. Il crée un mouvement, l’Ahmadisme, lui-même se nommant Gilam Amada.

Évidemment, les courant majoritaires de l’Islam ne le voit pas arriver d’un bon œil et ne reconnaissent pas l’Amadisme comme faisant partie de l’Islam.

Mais Amada ne se dégonfle pas et son mouvement prend de l’ampleur en Inde. Aujourd’hui encore, il compte 20 millions d’adeptes dans le monde.

Et c’est lui qui lance cette légende : Allah ne pouvait laisser un de ses prophètes mourir sur la croix- oui, pour les musulmans, Jésus est un prophète – il n’est donc ni mort ni ressuscité, il est venu vivre en Inde et il est enterré dans la ville de Srinagar, au Cachemire.

Bon…Reprenons le fil de l’histoire…

Selon notre journaliste Russe de tout à l’heure, Notovitch, et ses manuscrits perdus, Jésus quitte la Palestine vers 12/13 ans. Il reste en Inde jusqu’à ses 30 ans, il apprend le bouddhisme et l’hindouisme, il se crée une philosophie à partir de ces enseignements auxquels il ajoute ceux des rabbins reçus dans son enfance.

Il fait un mixe de tout ça et invente une religion basée sur…L’amour de son prochain.

De retour en Palestine, il prêche la bonne parole, mais ses propos sont quasi révolutionnaires, le partage, les derniers seront les premiers, la paix, l’amour…Bref, ça ne plaît pas ni aux romains, ni aux juifs, ni aux Pharisiens, ni à tous ceux qui avaient le pouvoir.

On connaît la fin, Jésus est crucifié.

Selon la Bible, il meurt sur la croix, ressuscite trois jours plus tard, missionne ses apôtres pour qu’ils répandent son message de part le monde, et monte au ciel où il est assis à la droite de son père, Dieu, pour l’éternité.

Selon Gilliam Amada, pas du tout !

Il n’est pas mort sur la croix et il est revenu en Inde, au Cachemire, à la recherche d’une tribu perdue d’Israël. Il a vécu heureux, entouré de sa femme et de ses 11 enfants et il est mort très vieux. Selon les versions, entre cent et cent vingt ans.

C’est possible ça ?

Attention…Quand je dis « est-ce possible », c’est une expression, une façon de parler…Rappelons que nous parlons religion, foi, croyances et légende, donc dans cet univers, oui, tout est possible…

Mais dans le monde concret, réel ?

Figurez-vous que pas mal de monde se pose la question. Des journalistes, médecins, ethnologues…Des gens très sérieux bardés de diplômes, se penchent sur cette affaire.

Et oui…C’est possible.

En Inde, Jésus a fréquenté des Yogis, des hommes capables de maîtriser leur corps, leur physique, par la force de l’esprit et de la méditation. On raconte que les plus puissants parviennent à arrêter leur propre cœur, à se plonger volontairement dans le coma, à guérir des maladies par l’imposition des mains (ce qui expliquerait, au passage quelques miracles, mais bon c’est une autre histoire), ou encore à léviter…

Armé de ces techniques ancestrales, Jésus sur la croix est part dans un coma profond et on le considère…Comme mort.

Et on dépose son corps dans une tombe fermée par un rocher.

Trois jours plus tard, sa mère Marie, aidée par un médecin qui se prénommait Joseph, le ranime.

Mais…Il ne peut rester là. Il doit fuir. Si les romains apprennent qu’il est vivant, ils vont le pourchasser et le recrucifier…Tout ça pour ça…

On invente donc le mythe de la résurrection et de la montée au ciel chez son père, pour expliquer le tombeau vide.

Et Jésus et Marie prennent la route, soit par la terre, avec des caravanes, soit par la mer, à partir de la péninsule arabique, Oman, pour rejoindre l’Inde en bateau.

Donc oui…Techniquement…Ça marche.

L’église ne peut bien évidemment approuver cette version de l’histoire, ni même sembler s’y intéresser, pensez donc, on remet en question le socle de la religion chrétienne, la résurrection et la promesse d’un monde meilleur après la mort. Une récompense après une vie de souffrance…

Pas question.

Reste que vous pouvez aller à Srinagar.

Là, vous verrez un petit bâtiment qui ne paye pas de mine. Une bâtisse de plein pieds, ornée d’un toit vert et de fenêtres boisées, perdue dans des ruelles crasseuses.

A l’intérieur est enterré un soufi, un saint homme musulman et en-dessous de ce saint homme se trouve la tombe de Jésus, fermée par une lourde pierre tombale.

Juste à côté, se trouve une autre pierre, un parallélépipède de 80 centimètres sur 60 dans laquelle sont gravées deux empreintes de pieds, des pieds dont on voit qu’ils ont été percés et qui seraient les empreintes des pieds de Jésus.

Bien sûr, on pourrait ouvrir cette tombe, et si effectivement on trouve des restes humains, on pourrait les analyser, les dater, trouver leur ADN…

Et prouver quoi ?

Pas grand-chose.

En revanche, personne n’a intérêt à découvrir quoi que ce soit, ni les chrétiens, ni les musulmans, ni les juifs, ni les hindous…tout le monde serait éclaboussé par une telle révélation, les croyances, les textes sacrés, les fondations mêmes des religions, seraient ébranlées…

Le mieux, c’est de ne rien toucher.

Laisser raconter une légende en plus, hier en livre, aujourd’hui en podcast. Juste une belle histoire…

Et offrir au passage à la ville de Srinagar, une belle attraction touristique qui compte 5 étoiles sur Tripadvisor…

Et avant de terminer…

Si vous allez là-bas, vous pourrez peut-être boire un thé avec un vieux monsieur qui se nomme Sahibzada Basharat Saleem et qui est le descendant direct de Jésus. Il possède paraît-il son arbre généalogique complet remontant jusqu’au Christ.

Et il a lui-même des enfants.

L’histoire n’est pas toujours pas terminée…

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