PICASSO, SALAUD !
Louise se fige, ses yeux s’écarquillent et sa bouche s’ouvre grand… “Euh maman… tu savais que ton Picasso là … c’était un gros batard ?”
Paris
24 mars 1975 …
Rue de la Gaité.
Bobino la célèbre salle de Music-Hall est pleine à craquer.
La demande a été si forte qu’il a fallu rajouter dans l’urgence des sièges… plus un endroit de cette salle qui ne soit pas occupé !
Le spectacle n’a pas encore commencé. L’artiste n’est pas encore sur scène … et pourtant … la salle résonne et tremble déjà des applaudissements.
Une foule d’anonymes bien sûr… mais aussi Liza Minnelli, Alain Delon et Mireille Darc, Sophia Loren ou encore Mike Jagger… Tous sont là, tous voulaient être là … avec elle… pour célébrer ses 50 ans de carrière… Standing Ovation !
C’est à ce moment-là que Joséphine Baker entre en scène.
Son corps fragile est paré d’une robe fourreau aux manches démesurées, et sa tête reste digne sous le chapeau aux 4000 plumes. Toute en rose, on croirait un oiseau, une perruche australienne prête à s’envoler. Son maquillage extravaguant coule. Ce soir, elle fait son grand retour à Paris, sa ville de cœur.
L’américaine des années folles, la fille noire à la ceinture de bananes… À 68 ans, on la croyait ruinée, finie. Mais c’est bien elle sous les projecteurs.
Au premier rang un couple se tient discrètement assis … un couple qui n’est pas étranger au retour sur scène de cette grande artiste. Ils dénotent. Un peu. Tenue convenable, jambes pliées et cheveux sagement laqués pour elle. Son époux, à sa gauche est en costume et cravate. Sa fine moustache dessine son visage. Le Prince Rainier III et la Princesse Grace sont aussi de cette fête.
La brune fantasque et la blonde calme. Tout semble les séparer. Pourtant, cette soirée exceptionnelle d’avril 1975, témoigne d’une amitié exceptionnelle. Un lien qui a uni les destins de deux artistes en apparence très éloignées : La Princesse Grace de Monaco et Joséphine Baker.
Texte : Gaelle Le Scouarnec
Voix : Françoise Cadol