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TRÉSOR DES TEMPLIERS – Le mystère dévoilé !

TRÉSOR DES TEMPLIERS – Le mystère dévoilé !

Un jour de mars 1946 en Normandie. Nous sommes à Gisors, une petite ville de l’Eure. 

Depuis la fin de la guerre, la commune coule des jours paisibles. Chacun mène sa petite vie, on savoure la paix retrouvée… 

Enfin presque. 

Ce matin-là, Roger Lhomoy déboule en trombe dans le bureau du maire. Ses yeux brillent, sa respiration est saccadée… 

A croire qu’il a vu la vierge ! 

Roger, c’est le gardien du château de Gisors. Presque vingt ans qu’il occupe ce poste. Un taiseux d’habitude mais là impossible de le faire taire, un vrai moulin à paroles ! 

Roger a fait une incroyable découverte. Un Trésor !

Un attroupement se forme dans la cour du donjon. Monsieur le maire, quelques notables, le chef des pompiers… tous sont ahuris par ce qu’ils voient : un trou creusé à même le sol ! Un trou qui semble profond, comme l’ouverture d’un puits…

Et c’est Roger qui a creusé ce trou. Il n’avait pas le droit…mais vous allez voire, descendez…ça vaut le coup, une histoire de fous…

C’est Émile, le capitaine des pompiers qui s’y colle. Avec d’infinies précautions, retenu par une corde, il se glisse dans la cavité. 

Il n’est guère rassuré, Émile. 

Le trou est effectivement profond, très profond. Il n’en voit pas la fin. 

Quant aux parois, elles sont dans un sale état. Un miracle qu’elles ne s’écroulent pas ! 

Après de longues minutes, Émile atteint le bout de l’excavation. Il ne distingue pas grand-chose. 

Il est suspendu dans le vide et il fait noir comme un four. Le pompier en est convaincu : s’il s’attarde, ce sera l’éboulement. Pas question d’aller plus loin. Mais il souhaite faire une dernière vérification. Roger avait parlé d’une immense chapelle souterraine… Émile lance une pierre. Un écho lui répond. Roger disait donc vrai : Il y a une grande pièce là dessous. 

Lorsque le chef des pompiers remonte à l’air libre, sa conclusion est sans appel : tout est sur le point de s’effondrer, Roger a commis une grave erreur en creusant cette galerie. 

Le maire n’hésite pas. Il faut reboucher le trou ! 

Roger serre les poings. Il le sait : De fabuleuses richesses reposent sous ses pieds. 

Il les a vues, il les a touchées. La Chapelle en Pierre de Louveciennes, les 12 statues, les coffres en métal…il en a compté une trentaine. Énormes ! Et les sarcophages en pierres, si massifs, presque deux mètres!! 

Le trésor des templiers est à portée de main!  

Le trésor des templiers : Délire de quelques illuminés ou fait historique ? Difficile de trancher. Seule certitude, depuis sa disparition en 1307, l’ordre du temple a fait couler beaucoup d’encre. Historiens, amateurs de complots en tout genre …chacun y va de sa théorie. Et n’oublions pas les auteurs de fictions qui mêlent allègrement le vrai et le faux. Plus l’histoire est folle, plus elle fait vendre. Mais avant de résoudre l’énigme de ce fameux trésor, penchons-nous sur les templiers eux-mêmes. Qui étaient-ils et d’où venaient-ils ? 

Pour le savoir, quittons Gisors et transportons-nous vers le Proche Orient et remontons le fil du temps. Nous voici en plein moyen-âge.

1099 Jérusalem tombe entre les mains des croisés. Une victoire pour les armées chrétiennes : Les pèlerins qui souhaitent se recueillir devant le tombeau du christ ne paieront plus d’impôts au sultan. 

Mais la route qui mène au saint sépulcre n’est pas sûre. 

Après avoir traversé la Méditerranée, le voyageur doit surmonter les périls du désert : la faim, la soif, les brigands qui se font une joie de les détrousser…Tout un programme !

Une vingtaine d’années plus tard, un petit groupe de chevaliers trouve la solution : La création d’une milice armée. Leur épée sera au service des plus faibles. L’ordre du temple est né. Pourquoi ce nom ? Parce que leur résidence principale est bâtie sur les ruines du temple de Salomon à Jérusalem. 

Leur mission est sacrée. 

A la manière des moines, ces hommes de guerre font vœu de pauvreté, de chasteté et d’obéissance. Des moines soldats ? N’est-ce pas aller contre ce commandement : tu ne tueras point ? Les autorités religieuses s’accommodent du paradoxe : « Si c’est pour combattre les infidèles et défendre la foi catholique, alors oui tuer est permis ! »

Reconnaissables grâce à La Croix vermeille cousue sur leur manteau blanc, les chevaliers du temple connaissent un franc succès. La noblesse les couvre de dons. Soutenir ces hommes de Dieu c’est assurer sa place au paradis. 

Loin de se cantonner à la Palestine, les templiers guerroient en Syrie, en Égypte et en Espagne. Partout où retentit l’appel de la croisade, ils répondent présents. Les chevaliers se taillent une solide réputation. Valeureux sur le champ de bataille, dotés d’une solide morale, la Chrétienté tout entière chante leurs louanges. 

Les templiers ne sont pas seulement des guerriers. 

Contre rétribution les chevaliers sécurisent le transport des richesses le long des grands axes de pèlerinage. Ils mettent en place un ingénieux système de lettre de change. Les premiers traveller chèques en quelque sorte. Année après année, le pouvoir de l’ordre du temple s’étend. Les rois et les puissants confient aux chevaliers leurs biens les plus précieux. 

France, Angleterre, Ecosse, Italie, Espagne, jusqu’à l’actuelle Pologne pas un seul lieu en Europe ou l’ordre du temple n’élève son fief. Au total on en dénombre trois milles ! 

On les nomme commanderies. 

Ces imposantes bâtisses tiennent autant du château fort que du monastère. Entre leurs murs on forme les chevaliers. Les commanderies ont à leur disposition de vastes exploitations agricoles. Elles possèdent aussi leurs propres églises et leurs cimetières. Leur influence semble illimitée. Au treizième siècle, le Temple devient le premier propriétaire foncier d’Europe. 

On n’accumule pas autant de richesses sans susciter de jalousie. Aux yeux de certains, les privilèges accordés aux templiers sont exorbitants. Certes, leur discipline est proverbiale. Quand ils ne manient pas les armes, les templiers s’adonnent à la prière. La structure de la confrérie est par ailleurs très hiérarchisée. On peut donc leur faire confiance. Pour le moment, ils sont utiles. Pour le moment…

2 octobre 1187 Jérusalem est reprise par les musulmans. 

Les templiers ont beau batailler, le mirage d’un royaume chrétien en Orient prend du plomb dans l’aile. 

1291. Les mamelouks s’emparent de saint Jean d’acre, le dernier bastion de la chrétienté en Palestine. 

Les derniers Templiers installés en Orient s’enfuient. Une page se tourne. Le temps des croisades s’achève. 

Les templiers ne perdent pas en puissance. Loin de là. L’ordre remplit la fonction de banquier auprès des rois de France. Idem pour L’Angleterre, le royaume d’Aragon et celui de Naples. L’ordre accorde prêts et cautions. De quoi assurer sa position ? Pas si sûr… Les templiers sont riches, trop riches. Des conflits éclatent avec les seigneurs voisins, l’hostilité monte…

Le roi de France, Philippe Le Bel, est particulièrement remonté contre eux. Pour le monarque les templiers sont des insubordonnés. Ils ne reconnaissent qu’une autorité, celle du pape. De quoi piquer l’orgueil du souverain. Et puis il y a autre chose : Philippe manque cruellement d’argent. La guerre contre la Flandre a vidé les caisses du royaume et le roi compte bien les remplir. Par tous les moyens.

13 octobre 1307. Un vendredi 13…Une immense rafle est lancée à travers tout le royaume. Les soldats du roi se ruent sur les commanderies. Les templiers trop abasourdis pour se défendre se laissent conduire en prison. De quels crimes les accuse-t-on ? Le pire qui puisse s’imaginer : Le reniement du christ, le blasphème, la sodomie et cerise sur le gâteau : la vénération d’un démon nommé Baphomet. Soumis à la torture, les prisonniers confessent toutes sortes d’abominations. Le pape tente de les protéger mais le mal est fait : Les templiers sont exterminés.  

18 mars 1317 Paris. Notre Dame jette son ombre sur un sinistre échafaud. Les badauds se pressent tout autour, le spectacle promet d’être grandiose ! Jacques de Molay, le grand commandeur du temple de Paris et quelques-uns de ses disciples, sont condamnés à périr sur le bûcher. Juste avant de mourir, le grand commandeur maudit le roi et toute sa descendance. 

Un an plus tard, Philippe le bel décède dans un accident de chasse. Sa lignée s’éteint rapidement après lui. 

Et ce fameux trésor qu’en est-il ? Faisons un rapide retour en arrière. Ce vendredi 13 qui a sonné le début de la fin pour les templiers… Tandis que les chevaliers du temple croupissent au cachot, une armée de commissaires royaux inventorie les biens des commanderies. 

Et là… c’est la déception. L’ordre du temple qu’on disait fabuleusement riche n’a pas grand-chose à offrir. Où sont les coffres débordant d’or et de pierres précieuses ? On en compte quelques-uns, mais ce n’est rien en comparaison de ce que l’on pouvait espérer. Le roi de France est fou de rage. Comment une telle chose est-elle possible ? 

Un soupçon commence à germer. L’ordre d’arrestation a été rédigé un an auparavant. Les templiers ont-ils eu vent du danger qui les menaçait ? Peut-être ont-ils profité de ce laps de temps pour mettre à l’abri le gros de leur fortune ? Aussi redoutable qu’elle ait été, la rafle n’est pas venue à bout de tous les chevaliers. Certains sont passés entre les mailles du filet.

Une rumeur se répand…le 12 mars, la veille de l’arrestation, trois grands chariots chargés de pièces d’or seraient partis de la commanderie de Paris. Pour quelle destination ? Les opinions divergent. La forteresse de Gisors en Normandie pour certains, la ville portugaise de Tomar pour d’autres. On parle d’un petit groupe ayant embarqué à bord d’un esquif au port de La Rochelle. Pour se rendre où ? Vers les falaises d’Angleterre ? Ou les landes écossaises ? Nul ne le sait.

Sur ordre du pape, le temple est dissous. Les templiers n’existent plus. L’histoire officielle s’arrête là. Mais un autre chapitre débute : celui du mythe. 

C’est à partir du 18ème siècle que la légende se répand. 

La franc -maçonnerie est en plein essor. Pour asseoir la légitimité d’une société, rien de plus efficace que l’histoire. Les francs-maçons s’inventent une longue lignée de sages remontant à l’époque de la bible et … au temple de Salomon. Rappelons-nous : ce sont sur ses ruines que les templiers avaient construit leur premier fief. Le rapprochement est vite établi : Les templiers sont les ancêtres spirituels des francs-maçons ! L’histoire est belle. Et complètement fausse. Pour lui donner un vernis de véracité, de faux manuscrits sont fabriqués

Au siècle suivant, L’Europe redécouvre son passé médiéval. Bien sûr, les templiers sont aux premières loges. Théâtre, romans, peinture…les aventures de ces guerriers mystiques sont déclinées à toutes les sauces. On se prend d’intérêt pour les ruines des vieilles commanderies. Celles-ci regorgent de galeries souterraines, peut-être qu’un fabuleux trésor se cache au fond de l’une d’elles ? Des légendes locales fleurissent partout où les templiers sont passés. On commence à parler d’occultisme et de magie…

Dans les châteaux de Gisors et de Chinon d’étranges signes sont gravés dans la pierre : Des lances, un ange, deux croix au-dessus d’un amas de cailloux, un cœur flamboyant… Les historiens s’accordent pour dire que certains de ces dessins ont été réalisés par des templiers. Mais les conclusions diffèrent quant à leur signification. Une façon de passer le temps ? Ou une sorte de jeu de piste ? Les amateurs d’étrange sont ravis. 

Arrive le vingtième siècle. La Légende du trésor prend une nouvelle tournure. Il ne s’agirait pas de métal précieux… mais de quelque chose de plus symbolique. Un secret inestimable ! D’une telle importance que son détenteur aurait pu faire trembler les grands de ce monde. Le roi de France, le pape…jusqu’au principes mêmes de la chrétienté ! C’est du moins ce que prétendent les férus d’ésotérisme et les pseudos historiens. 

Les théories divergent quant à la nature de ce secret. Certaines évoquent l’arche d’alliance. D’autres impliquent le Graal, la Coupe qui a recueilli le sang du Christ au cours de la dernière Cène. Aucune preuve physique pour soutenir ces hypothèses mais elles donneront du grain à moudre pour la fiction. Les films d’Indiana Jones,  de Benjamin Gates, le livre Da Vinci Code… et bien d’autres encore. On parle aussi d’alchimie : Une formule secrète pour produire de l’or !

Parmi les spéculations les plus folles, relevons celle-ci : la découverte du continent américain par les templiers, bien avant Christophe Colomb ! On raconte que leur fortune serait enfouie à Oak Island, une île au large du Canada. Deux siècles que les chasseurs de trésors s’acharnent sur ce petit bout de terre d’à peine 600 mètres carrés

Mais s’il ne fallait retenir qu’un exemple, c’est sans doute celui de Gisors. Souvenons-nous de Roger Lhomoy, gardien de château et archéologue à ses heures perdues. Son épopée souterraine lui a valu les foudres du maire. Roger perd son poste de gardien. Il se retrouve sans emploi et sans argent. Sa femme le quitte. Disgracié et accablé, le pauvre homme quitte la ville, il se fait ouvrier agricole. Quelques années plus tard, il croise la route d’un journaliste : Gérard de Sède. Peut-être que celui-ci pourra l’écouter… Roger lui confie son aventure.  

1962 le livre « Les templiers sont partis nous » par Gérard de Sède sort en librairie. L’aventure de Roger sert de point de départ à l’ouvrage. De Sède élabore une investigation historico-policière alambiquée. Les historiens crient à l’arnaque mais le public est preneur. Un véritable best- seller ! Et une publicité inattendue pour Gisors… 

Médiums, radiesthésistes et chasseurs de trésors en tout genre prennent la ville d’assaut. Chacun creuse sa petite galerie. La colline sur laquelle repose le château se transforme en taupinière. La municipalité s’inquiète. De respectables archéologues sont appelés sur les lieux. Mais les fondations sont si fragiles qu’ils déguerpissent aussitôt. Et la folie du trésor continue de se propager. Jusqu’en très haut lieu…

1964. Les habitants de Gisors sont éberlués. Le périmètre du château a été bouclé et des barbelés entourent la forteresse. Interdiction d’y pénétrer, ordre de l’armée ! C’est le ministre de la Culture, André Malraux lui-même, qui est à l’origine de cette entreprise. Qu’importe l’opinion des spécialistes, il y croit lui à cette histoire de trésor !

Malraux est un ancien résistant et un aventurier dans l’âme. Il ne s’embarrasse pas de précautions. Des années plus tôt, alors qu’il était un jeune écrivain en quête de gloire et d’argent, il a délesté le temple d’Angkor au Cambodge, de quelques-unes de ses plus belles statues. C’est dire sa délicatesse lorsqu’il s’agit des antiquités ! Les archéologues ne veulent plus entendre parler de Gisors ? Très bien ce seront aux militaires de s’en charger !

Trois mois s’écoulent. On ne trouve pas l’ombre d’une pièce d’or. On repart bredouille… quelques années plus tard la municipalité interdit toute excavation. Le donjon commençait à se fissurer. Fin de l’histoire ? Pas tout à fait. Il se murmure que les camions de l’armée sont repartis avec un précieux chargement…

Trésor ou pas trésor ? Les templiers étaient riches. Fabuleusement riches même. Mais de quoi au juste ? C’est d’ici que vient le malentendu. La majorité de la fortune des templiers ne se composait pas en espèces sonnantes et trébuchantes… mais en terres ! 

Pour ce qui est de Gisors, l’affaire est complexe. Roger Lhomoy était-il un menteur ? S’il n’avait pas été sincère, pourquoi prendre le risque de prévenir les autorités municipales ? En revanche, on peut douter de l’honnêteté de Gérard de Sède. Le journaliste a en effet tenté de créer un buzz similaire avec une autre ville : Pyrénées les châteaux ! Mais ceci est une autre histoire …

Un mot sur le passé historique de Gisors. 

Depuis longtemps la légende du trésor des templiers circulait là-bas. Pourtant, le château n’était pas une commanderie. Les templiers y ont vécu, certes, mais deux ans seulement. Et en tant que locataires. Pas les meilleures conditions pour y cacher un trésor me direz-vous. 

Du fond de leurs tombes les templiers continuent de garder leurs secrets. C’est dans leur silence que réside la clé de leur succès. Des siècles après leur disparition, l’engouement qu’ils suscitent est toujours aussi vivace. 

Texte : Claudia Valencia / Voix : Céline Monsarrat