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PIERRE NINEY, Gendre idéal !

PIERRE NINEY, Gendre idéal !

Les lycéens se regroupent pour un câlin collectif avant leur entrée en scène.

Ce soir, ils vont enfin montrer le travail de toute une année. Ensemble, ils ont vécu les fous rires, les pleurs, les agacements, le travail à la fois égoïste et généreux des acteurs qui préparent un spectacle.

Dans la salle polyvalente du lycée, on a fermé les rideaux, posé 2 bancs et des cubes comme simulacre de décors.

Pendant que la directrice du lycée introduit le spectacle, les élèves sont fébriles, anxieux, excités.

Puis le noir se fait.

Cette année, on prépare le bac. Une année décisive pour la classe de Terminale L du lycée Claude Monet à Paris. Ici, les élèves ont choisi une filière artistique : l’art Dramatique.

Depuis 2 ans, on les emmène voir de grands spectacles dont ils doivent analyser les choix de mise en scène. Et puis il y a l’art dramatique en pratique. C’est le moment qu’ils préfèrent : s’amuser sur scène, apprendre des textes, jouer !

Aujourd’hui, la classe est en ébullition : le professeur doit donner les rôles que chacun endossera pour l’épreuve du baccalauréat.

Depuis 2 ans, on les emmène voir de grands spectacles dont ils doivent analyser les choix de mise en scène. Qui aura le plus de texte ? Qui aura la confiance du professeur pour un rôle plus difficile ?

Il égrène les noms, les rôles, jusqu’à Béatrice à qui il donne le rôle du chien. La jeune fille s’écroule, en pleurs. Pour elle, jouer un chien, c’est vraiment le pire qui pouvait arriver. Ça veut dire qu’elle n’est pas assez jolie, pas assez talentueuse… C’est un échec.

Un de ses camarades la regarde et se demande pourquoi elle réagit comme ça.

Pour lui, jouer un animal ça ne peut être que drôle, jouissif, épanouissant…

Il vient de voir le film “Didier” avec Alain Chabat qui campe un personnage loufoque de chien dans la peau d’un humain. Lui qui aime travailler avec son corps et qui n’a jamais eu peur du ridicule, lève la main timidement et dit “ moi je le veux bien le rôle du chien”…

Tous les regards se tournent vers lui. Le professeur réfléchit, esquisse un sourire puis raye le nom de Béatrice. Ok Pierre, tu seras le chien.

Il passe son année à travailler l’animal. Il observe des chiens, travaille leurs gestes, leurs émotions. Et quand arrive la représentation de fin d’année, il fait l’unanimité. Dans le public, une femme le regarde avec intérêt, c’est Brigitte Descormiers. Elle note son nom dans un carnet. C’est la première à comprendre que ce jeune garçon-là, il ne faut pas le laisser passer. Elle deviendra son agent, celle qui va le conduire au grand écran.

Lui, c’est Pierre Niney.

Né le 13 mars 1989 à Boulogne-Billancourt, Pierre-François Lazare Niney est le fils de François Niney, professeur de cinéma documentaire à la Femis, à Normale Sup et Sciences Po. Sa maman, elle, est professeure d’art plastique et auteure de livres créatifs.

Pierre a baigné dans le milieu artistique toute sa jeunesse, on ne le pousse à rien, mais on ne lui interdit rien non plus, il grandit et s’épanouit en toute liberté. Entre deux créations de poteries dans l’atelier familial, Pierre, 6 ans, va au théâtre avec sa maman.

Il racontera pendant des années que ce soir-là, quand il découvre François Morel sur scène, il s’extasie intérieurement et… extérieurement.

Le petit garçon de 6 ans ne se rend pas compte qu’il fait peut-être un peu trop de bruit, qu’il s’extasie un peu trop fort, un peu trop souvent… L’acteur présent sur scène ce soir-là entame alors une discussion avec ce petit garçon du public.

C’est une révélation pour Pierre. Le feu de la scène s’allume en lui à cet instant. 

Il a toujours répété que ce comédien était François Morel, mais le jour où ils se croisent, l’acteur des Deschiens lui explique qu’il n’a jamais réagi à un enfant du public, qu’il doit confondre de spectacle et d’acteurs… C’était peut-être Philippe Caubere ou un autre comédien qu’il adore… Mais l’envie de faire du théâtre est présente depuis ce soir-là, qu’importe l’acteur qui lui a offert ce cadeau.

À la télévision, au cinéma, il est bercé par les films de Chris Marker, de Charlie Chaplin ou Jim Carrey. Mais rien ne lui plaît plus que le théâtre.

Au lycée, il choisit la section Littéraire avec option Art Dramatique au Lycée Claude Monet à Paris.

Jusqu’à ce rôle de chien, joué avec panache lors du spectacle de fin d’année, qui lui offrira son premier soutien, celui d’une femme qui lui ouvrira très vite les portes du cinéma, son agent : Brigitte Descormiers.

Mais en attendant, il a encore de belles choses à faire sur les planches. D’un œil, il prépare son bac L, de l’autre, il s’entraîne pour le concours de la classe libre des cours Florent.

Seuls 20 étudiants ont la chance d’intégrer cette classe. C’est le cas de Pierre. Son professeur explique qu’il a su dès son entrée dans la salle, que ce jeune-là était différent des autres. Un charisme, un charme qui ne s’explique pas.

Il ne fera qu’une année aux Cours Florent, c’est suffisant pour rencontrer son grand amour : Natasha Andrews.

Natasha est australienne. Née à Brisbane, cette passionnée de la France a quitté le cocon familial à 16 ans pour des études de Civilisation Française à la Sorbonne, avant de poursuivre son rêve et d’intégrer les cours Florent en même temps que Pierre.

Très vite, les deux comédiens s’apprécient et se rapprochent. Du haut de ses 19 ans, Pierre Niney sort alors le grand jeu et profite de ses premiers cachets de comédiens pour inviter la jeune fille à la Closerie des Lilas, un célèbre restaurant gastronomique parisien. Ils tombent amoureux, mais Natasha doit partir étudier au Drama Center de Londres. C’est un coup dur pour ce couple naissant, mais la distance ne nuit pas à leur relation. Ils filent le parfait amour et voient leurs carrières respectives décoller.

Tout réussit à Pierre, quand il joue dans un court-métrage, celui-ci entre en compétition à Cannes, quand il est pris pour un rôle au cinéma, le film fait un carton.

Le tout premier, c’est “Nos 18 ans”.

Il se voit sur un grand écran. Il a le trac encore plus qu’avant de monter sur scène. Dans la salle, il rejoue la scène, on peut le voir s’imiter lui-même, refaire les répliques, les mimiques, en espérant que les gens vont aimer.

Pourtant on le voit assez peu, il n’est pas le rôle principal, ni secondaire… Il est plutôt au 3e plan quand la caméra filme les protagonistes. Ça n’empêche pas certains réalisateurs de le repérer et de lui proposer ses prochains rôles. 

Pierre veut être acteur, ça, il en est sûr, mais son côté hyperactif le rend aussi auteur et metteur en scène d’un premier spectacle : Si Près de Ceuta qui sera joué en 2009. Le spectacle traite avec finesse et humanité de l’immigration clandestine, à travers le face-à-face de deux Africains et de deux gardiens de l’enclave de Ceuta, aux portes de l’Europe.

En parallèle, le grand public le découvre dans LOL aux côtés de Sophie Marceau. Il a seulement quelques scènes, mais les adolescentes tombent amoureuses de ce meilleur ami aux cheveux hirsutes, et les mamans trouvent ce jeune homme absolument adorable. Pourtant, c’est avec son film suivant « J’aime regarder les filles” qu’il sera nommé au Césars pour la première fois. 

À la sortie du film, en juillet 2010, il est déjà sélectionné pour entrer au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique. Cette école, c’est le Graal de tout étudiant en théâtre. Non seulement Pierre fait partie de cette promotion 2010, mais dans le même temps, Muriel Mayette, qui dirige la Comédie-Française, lui propose d’intégrer la célèbre institution.

Il accepte et en devient le plus jeune pensionnaire.

Pierre a 20 ans et a déjà atteint des sommets. À l’âge où les jeunes acteurs apprennent leur métier et se fixent des objectifs, lui les a déjà tous atteint.

En théâtre, il fréquente les meilleures écoles, puis la Comédie-Française ; au cinéma, il est nommé meilleur espoir masculin après avoir joué dans 3 films.

Mais il ne s’arrête pas là. Quand on lui parle de son jeune âge, il repense toujours à Tchekhov qui a écrit ses pièces avant 18 ans, ou Rimbaud qui, à 16 ans, écrivait le Dormeur du Val…

Il se sent presque déjà en retard… Il bout d’une excitation enfantine, d’une excitation impatiente de vivre chaque aventure que la vie lui réserve. Je veux tout faire, tout voir, tout de suite.

À la Comédie-Française, il joue du Feydeau, du Shakespeare, du Brecht, du Marivaux ou du Racine pendant qu’au cinéma, il tourne dans 3 films très différents.

Il crève l’écran dans « 20 ans d’écart » avec Virginie Efira où il interprète le jeune amoureux d’une femme plus âgée. Le public craque pour Balthazar en même temps qu’Alice. Toujours cette histoire de charme et de charisme qui se dégage de Pierre.

Dans “Comme des frères” d’Hugo Gélin, au côté de Nicolas Duvauchelle, sa naïveté et son humour lui offrent une nouvelle nomination au César. Meilleur Espoir. Mais encore une fois, c’est un autre qui l’emporte.

Qu’à cela ne tienne, être nommé, c’est déjà énorme. Il garde les pieds sur terre et sait reconnaître sa chance. Et puis il y a toujours Natasha qui, revenue sur Paris, est toujours à ses côtés.

Et enfin en 2014 : Yves Saint-Laurent.

Jalil Lespert lui offre un rôle en or, pour la première fois, un rôle d’adulte, un rôle qui le sort de l’image donnée au public : un jeune homme, un peu mignon, un peu minet, dont on tombe amoureuse.

Ce rôle-là, il le prépare pendant plusieurs mois : il apprend le stylisme, à toucher les tissus, à poser une aiguille, il apprend à dessiner comme le génie de la Haute Couture, il modifie sa voix, son corps. Il regarde chaque image, chaque vidéo, il écoute chaque son de l’histoire du couturier. Il veut être celui qui le connaît le mieux.

Il arrive à reproduire cette voix fragile, timide et poétique de l’homme qu’il va interpréter.

En face de lui, un autre Yves Saint-Laurent. La même année, à quelques mois d’écart, sort un autre biopic sur le même couturier. C’est Gaspard Ulliel qui campe cette fois l’amant de Pierre Bergé.

Les journaux et les médias feront de ces deux films, un duel, un match, une guerre entre les 2 comédiens. Et comme pour leur donner du grain à moudre, Gaspard Ulliel et Pierre Niney sont tous les 2 nommés Meilleur Acteur au César 2015.

C’est historique : 2 comédiens sont nommés pour le même rôle pour un film portant presque le même titre : Yves Saint-Laurent contre Saint-Laurent. Le talent de 2 jeunes acteurs de 25 ans est jeté en pâture au gratin du cinéma français.

Dans la salle du Châtelet, le cœur de Pierre bat la chamade. Il se prépare à l’échec, mais tant de personnes lui ont dit que cette victoire serait sienne qu’il ne peut s’empêcher d’y croire… Au moins un tout petit peu.

En face de lui, des monstres du cinéma français, ceux qu’il admire sur les écrans depuis tant d’années : Romain Duris, Guillaume Canet, François Damiens, Niels Arestrup et… Gaspard Ulliel … Les chances d’entendre son nom sont infimes.

Il évite de regarder le grand écran où s’affichent leurs 7 têtes. L’enveloppe est ouverte, il se dit que non, décidément, il n’a aucune chance.

Mais c’est son nom qui résonne. Sur la scène du théâtre du Châtelet, c’est son nom qui sort de la bouche de Juliette Binoche.

L’actrice française qu’il adore, lui offre le césar du meilleur acteur.

D’abord, il ferme les yeux. Il les rouvre. Non, ce n’est pas un rêve. Il embrasse sa femme, elle pleure déjà, il serre dans ses bras le réalisateur de ce film qui l’a tant fait grandir, il traverse la salle…

Après avoir été le plus jeune comédien à intégrer la Comédie-Française, il devient le plus jeune récompensé aux Césars dans la catégorie Meilleur Acteur.

Nous sommes en 2015 et Pierre Niney a 25 ans.

25 ans seulement et déjà sociétaire à la Comédie-Française, déjà récompensé au César …

C’est encore un secret bien gardé, mais en janvier de la même année, Pierre a envoyé sa lettre de démission à la Comédie-Française. Il ne peut plus accorder assez de temps à l’institution et il faut choisir : ce sera le cinéma. Ce césar ne fera que confirmer son choix et le 13 mars 2015, le jour de ses 26 ans, la nouvelle est officialisée.

Pierre a un modèle de carrière : c’est Leonardo Di Caprio. Il est surpris de voir à quel point un jeune acteur connu d’abord pour être simplement un beau gosse, peut redistribuer les cartes. C’est cette voie que Pierre veut emprunter. Et après ce césar, tout lui est ouvert.

Thriller ou comédie délirante, Pierre reçoit un très bon accueil critique pour ses 2 styles très différents.

Il garde toute son énergie enfantine, il donne la réplique à Antonio Banderas dans Altamira. Il apprend l’allemand et le violon pour le film. 

« Frantz» de François Ozon. Et la même année, il prête sa voix à une des émotions du film Vice Versa de Pixar : la peur.

Et pourtant, Pierre, n’a presque peur de rien… Dans L’Odyssée, de Jérôme Salle, il incarne Philippe Cousteau, le fils cadet du commandant Cousteau joué par Lambert Wilson. Pour ce film, il pratique la plongée, passe un brevet de scaphandrier en accéléré et affronte sa seule phobie : les requins !

Et une des séquences du film demande à ce que l’acteur plonge avec les prédateurs marins.

On lui propose de prendre une doublure, mais Pierre, à la fois effrayé et attiré, insiste pour le faire lui-même.

Courageux et toujours pétri d’envie de faire plus, l’année suivante voit une nouvelle préparation physique. Cette fois-ci, il doit incarner un pompier accidenté pour le film « Sauver ou Périr ». Pendant plus de 4 mois, il suit les sapeurs-pompiers de Paris dans leurs entraînements et leurs interventions. Il rencontre des accidentés, des pompiers qui ont sacrifié leurs visages, leurs corps et parfois leurs vies pour sauver les nôtres.

Prendre 10 kilos pour la première partie du tournage. Perdre 10 kilos pour la suivante… Rien ne lui fais peur…

Mais 2017, c’est surtout l’année du contrat de plus important de sa vie, celui de Père de famille, toujours aux côtés de Natasha. La famille s’agrandit encore une fois en 2019 alors que la carrière de Pierre continue de tutoyer des sommets. Des tournages énormes, des projets incroyables… Jusqu’à la crise sanitaire qui forcera l’acteur à s’arrêter pendant quelques mois.

D’ailleurs, qu’a bien pu faire cet hyperactif pendant le confinement ?

Cette fois, on ne lui demande rien… Ni de prendre 10 kg de muscles, ni de nager avec les requins, ni d’apprendre le violon ou l’allemand…

Non, personne, pour une fois, ne lui demande rien, mais pendant le confinement 2020, Pierre Niney a écrit… 1 série, 1 film et 1 pièce de théâtre !

Rien que ça.

Nous enregistrons ce podcast en 2022.

Ces deux dernières années, on a pu voir Pierre Niney dans une série télé, un clip, au doublage d’un dessin animé, et à l’affiche de 5 films au cinéma dont le dernier en date : « Goliath » dans lequel il joue le super méchant, lobbyiste pour une entreprise d’agrochimie.

Ça y est, le jeune premier, le beau gosse craquant, c’est bel et bien fini.

Texte : Cindy Feroc / Voix : Sophie Kaufmann

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