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LIGUE DES CHAMPIONS 2004 – L’ÉPOPÉE MONÉGASQUE !

LIGUE DES CHAMPIONS 2004 – L’ÉPOPÉE MONÉGASQUE !

Texte : Laurent Latappy Voix : David Gonner

Mercredi 5 Mai 2004, la nuit tombe doucement sur le Royaume-Uni.  

Si dans le ciel de la capitale anglaise, les derniers rayons de soleil disparaissent sous de gros nuages noirs ; au sud-ouest de Londres, dans le quartier huppé de Chelsea, le stade de Stamford Bridge brille quant à lui de mille feux.   

Au milieu de la pelouse, les yeux rivés sur sa montre, l’homme en noir lève subitement le bras. Il est 20h45, le coup d’envoi du match retour des 1/2 finale de la Ligue des Champions est donné. Vainqueur 3 buts à 1 au match aller, les Monégasques abordent la rencontre avec 2 buts d’avance. 

Pas de quoi rassurer pour autant les hommes de Didier Deschamps…

Dès l’entame de match, l’ASM subit les attaques répétées des joueurs anglais. Flavio Roma, le portier Monégasque résiste et repousse tous les ballons. Oui mais jusqu’à quand ?! Les Blues pressent… se ruent et imposent un rythme infernal !

Au bord du terrain, crispé, Deschamps serre les poings.

Depuis les tribunes, l’écho des chants des 40 000 supporters anglais intensifie la pression. 

23e minute, les filets tremblent une première fois. 1-0 pour Chelsea. 

44e, le scénario catastrophe se produit, Franck Lampard ajuste du droit et marque … 2-0. Les chants des supporters anglais redoublent… mais pour deux minutes seulement. 

À peine la remise en jeu jouée… Fernando Morientes délivre un ballon à Hugo Ibarra qui marque. Stanford Bridge est sous le choc. l’AS Monaco reprend en main son destin et ne laisse plus aucune chance à son adversaire. À la 61ème c’est le même Fernando Morientes qui finira le travail… Score final, 2-2.

Auteur cette année-là d’un parcours exceptionnel, l’ASM atteint la finale de la plus prestigieuse des compétitions Européennes.  

Retour sur l’une des plus belles pages de l’histoire du football français…

C’est dans les années 20, que la Principauté fonde officiellement son club : l’AS Monaco. 1924 pour être précis … 

L’ASM, que l’on surnomme aussi les Rouge et Blanc s’est très vite faite une place dans le gotha du football français … 8 titres de champion de France, 5 coupes de France … 

Aujourd’hui, la planète football toute entière connaît l’AS Monaco : 

De Thierry Henri à Kylian Mbappé, de Thuram à Trezeguet, les talents issus du centre de formation de la Principauté sont nombreux.    

Oui, le football fait définitivement partie du Rocher.

Et quand ce ne sont pas les jeunes joueurs formés au club qui impressionnent, c’est le choix du recrutement qui fait mouche !  

Cette saison 2003-2004 en est d’ailleurs le parfait exemple… 

Après 2 ans de rodage, le jeune entraîneur du club, Didier Deschamps, peut désormais compter sur un effectif solide. 

Avec la forme olympique du congolais Shabadi Nonda, meilleur buteur du championnat la saison passée, l’ASM entame sereinement ce début de saison. Oui mais voilà, le football est imprévisible… 

Le championnat commence à peine et le redoutable attaquant africain se blesse gravement.  À quelques jours de la fin du mercato estival, le verdict tombe : 8 mois de convalescence qui marque la fin de saison pour l’attaquant vedette. Dans les couloirs du club, l’inquiétude se fait sentir… 

Au même instant, à plusieurs centaines de kilomètres de là, dans la capitale espagnole, le Real Madrid lui, est à la fête.  La star anglaise David Beckham vient d’intégrer à son tour les Galactiques et son arrivée redessine les plans tactiques de l’équipe.  

Victime collatérale des plans business du Real, l’enfant du pays, Fernando Morientes, semble définitivement écarté de l’effectif pour le reste de la saison. Seul sur le banc de touche, l’attaquant déprime…

L’ASM saute sur l’occasion et contacte le joueur espagnol. Le projet du club est ambitieux. L’effectif est de qualité. Morientes est séduit par cette proposition. D’un coup, tout s’accélère. Le président du Real accepte le prêt de son attaquant. Avec un salaire en moins, Florentino Perez se frotte joyeusement les mains…  

Pas moins de 72 heures plus tard, Fernando Morientes débarque sur le Rocher et endosse le numéro 10 de l’équipe Monégasque. 

La saison peut commencer !  

Au mois de septembre 2003, la Ligue des Champions débute enfin.  

Dans le groupe C, face à l’AEK Athènes, le PSV Eindhoven et le Deportivo la Corogne, Monaco semble avoir toutes ses chances. 

Et ses 1ers matchs le confirment ! 

Avec l’expérience du gardien Italien Flavio Roma dans les buts, l’Argentin Ibarra en charnière aux côtés des Patrice Evra, Gaël Givet et Sébastien Squillaci, la défense Monégasque est solide. 

Quant au milieu et à l’attaque, Didier Deschamps a trouvé son équipe type : 2 lignes de trois. L’une est composée de Cissé-Bernardi et Zikos, et la seconde, du trio magique : Rothen-Morientes et Ludovic Giuly en meneur et capitaine. 


Mais face aux redoutables espagnols du Deportivo, la tâche se complique dès le match aller.

Sur le terrain de la Corogne, les Monégasques s’inclinent 1-0 et perdent leur première place au classement du groupe C.


Les semaines passent, l’ASM rumine sa défaite. Jusqu’au jeudi 4 Novembre 2003.

Ce jour-là, entre les 2 leaders du groupe, la Ligue des Champions connaît l’une des plus belles rencontres de son histoire.

Sous le regard médusé du prince Rainier, en tribune, écharpe rouge et blanche autour du cou, l’AS Monaco inflige une véritable correction aux espagnols : 8-3. 

Un match record, joué à plus de 100 à l’heure, qui fait du club de la Principauté à l’époque, la seule équipe à avoir marqué autant de buts dans cette compétition. 


Avec 3 victoires, 2 nuls et 1 défaite, les Monégasques terminent la phase de poule en première position. Mais surtout, avec ses 15 buts au compteur, elle devient la meilleure attaque d’Europe, à égalité avec…Les Galactiques du Real Madrid. 


Sur le Rocher, Fernando Morientes s’installe au sommet, et attend tranquillement son heure…

En huitième de finale, l’ASM hérite de la redoutable équipe du Lokomotiv Moscou. 

Eux-aussi en grande forme, les joueurs Russes ont réussi l’exploit de s’extirper d’un groupe particulièrement compliqué dans lequel, Arsenal, l’Inter de Milan et le Dynamo Kiev se battaient la qualification. 

Mais cette année-là, il en faut plus pour impressionner l’ASM.  

Menés 2-0 dans la capitale Russe au match aller, Morientes claque une nouvelle tête et réduit le score. 

Un but à l’extérieur qui prendra toute son importance lors du match retour, gagné 1-0 sur la pelouse du stade Louis II. 


Les monégasques filent en 1/4 de finale et poursuivent leur fabuleux destin européen…

On dit souvent que le hasard fait bien les choses. 

Oui sauf que parfois, au contraire, il peut être cruel.

Lors du tirage au sort des quart de finale, les choses se gâtent… Le Grand favori de cette compétition, le Real Madrid et ses neuf Ligues des champions jouera contre l’AS Monaco. Face aux Galactiques (Zidane, Figo, Ronaldo, Beckham ou encore, Raúl, Casillas et Roberto Carlos) la probabilité de voir les hommes de Didier Deschamps se qualifier pour les 1/2 finale semble quasiment nulle…

Il est 20h40 ce 23 mars 2004 quand Ludovic Giuly et sa bande rejoignent à petites foulées la pelouse du stade mythique de la capitale espagnole: Santiago Bernabéu. 

Depuis le terrain, l’ambiance en tribunes a de quoi impressionner…

Mais pas Fernando Morientes! Ce jardin, il le connaît bien. 

Le regard planté dans celui de ses coéquipiers, l’espagnol rassure.   


Dès l’entame de match, l’ASM tient tête aux Galactiques.

Plus encore, à 2 minutes de la mi-temps, Monaco ouvre le score ! 

Un exploit de courte durée…

Au retour des vestiaires, la machine Madrilène se met en marche et empile les buts:

Helguera d’abord, Zidane ensuite, Figo et Ronaldo enfin. 

À 10 minutes de la fin, le sort de l’ASM semble définitivement scellé, le Real mène 4-1.


Oui mais le hasard fait aussi bien les choses n’est-ce pas ?!

Ce soir-là, Fernando Morientes n’est pas madrilène. Il est monégasque !

Dans les dernières minutes de la rencontre, l’espagnol se défait du marquage et fusille d’un coup de tête majestueux la cage d’Iker Cassillas. 

4-2, score final. 


Fernando Morientes redonne espoir ! Oui, Monaco peut continuer à y croire…

Deux semaines plus tard, c’est au tour des Galactiques de débarquer sur le Rocher. Dans un stade Louis II définitivement conquis par le jeu spectaculaire de son équipe, toutes les tribunes scintillent de rouge et de blanc. 


Il est 20h45, Thierry Roland et Jean Michel Larqué saluent les millions de téléspectateurs français et débutent, euphoriques, les commentaires de la rencontre.   

Une demi-heure de jeu, le Real Madrid ouvre le score.  

L’ASM n’en démord pas et ré-accélère la cadence. 

Giuly et Morientes, survoltés, réussissent l’exploit de renverser la situation en inscrivant à tour de rôle 3 buts somptueux. 


Coup de tonnerre sur la planète football ! 

Avec ses 2 buts inscrits au Bernabeu au match aller, Monaco élimine le Real Madrid et intègre le dernier carré de la compétition. Les Galactiques, tête basse, quittent la pelouse du stade Louis II.


Avec cet exploit, c’est le monde tout entier qui fait désormais connaissance avec le club de la Principauté.  

Quant à Morientes, il tient définitivement sa revanche…

Après un club espagnol, place à une nouvelle grosse écurie, les anglais de Chelsea. 

Contrairement au tour précédent, le match aller de cette demi-finale se déroule à Monaco.  

L’enjeu est donc clair : Impérativement gagner cette première rencontre. 

Encore une fois, la tactique de Didier Deschamps est la bonne. 


17e minute de jeu, le croate Dado Prso ouvre le score ! 

Mais les Anglais répondent presque immédiatement.    

Les minutes passent et Chelsea tient son résultat. 

Côté monégasque, la pression monte, la colère gronde. 


Et puis soudain, lancé par Ludovic Giuly, Morientes décroche une frappe du droit et trompe à son tour le gardien anglais. 2-1.

Malgré l’avantage, les monégasques ne lâchent rien et continuent à presser.

Dans les dernières minutes de jeu, Shabadi Nonda, de retour à la compétition après sa longue blessure, entre en jeu. 

Déchainé, l’attaquant congolais se jette sur son premier ballon et assomme d’un 3e but l’adversaire anglais. 

Le stade Louis II jubile, et Monaco signe une fois de plus l’un des plus beaux exploits européens d’un club de ligue 1. 

C’est en Allemagne, au stade du Veltins-Arena que se joue le 26 mai 2004 la finale de la coupe aux grandes oreilles … 

Ce dernier match, cette dernière marche… consacrera un grand d’Europe. Et si jusqu’à présent les Dieux du Foot ont favorisé les Rouge et Blanc … pour cette finale ils choisissent une autre équipe : Le FC Porto.

23 petites minutes après le coup d’envoi, l’arbitre s’arrête net dans le rond central et siffle un arrêt de jeu. Blessé aux adducteurs, l’emblématique capitaine Monégasque Ludovic Giuly n’y arrive plus… La main fortement appuyée sur le haut de la cuisse gauche, le numéro 8 de l’AS Monaco quitte ses coéquipiers, tête baissée. 

Le jeu reprend. La France tout entière retient son souffle.

Sans son capitaine et meneur de jeu, la tâche s’annonce plus compliquée pour le club de la Principauté. Et ça, les joueurs du FC Porto le savent mieux que personne ! Pas moins d’1/4 plus tard, le Brésilien Carlos Alberto ouvre le score. Sur le banc de touche portugais, José Mourinho exulte une première fois. Puis une seconde. Et enfin une troisième.  

L’arbitre siffle la fin du match. 

l’AS Monaco s’incline 3-0 face au FC Porto. 


Les portugais laissent leur joie exploser … les joueurs monégasques s’effondrent … si près du but. Didier Deschamps réconforte sur la pelouse un à un ses joueurs … il sait ce que c’est … il a déjà vécu la victoire et la défaite. 

l’ASM signera cette année-là l’un des plus beaux parcours d’un club français sur la scène Européenne et marquera à jamais, le cœur de millions de supporters de football à travers le monde… 

L’AS Monaco est maintenant un grand d’Europe !

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