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L’HOMME QUI A VOLÉ LA JOCONDE

L’HOMME QUI A VOLÉ LA JOCONDE

Paris, 22 Août 1911. 

Quelle chaleur ! Monsieur Poupardin, brigadier au Musée du Louvre, n’en peut plus de cette canicule qui s’est abattue sur Paris depuis juillet. Enfin, ici au moins, l’épaisseur des murs garde un peu de fraîcheur ! 

Aujourd’hui c’est jour de fermeture au Louvre, enfin pour le grand public. C’est aussi le jour où les peintres copistes ont le droit de venir reproduire des œuvres en toute tranquillité. Et justement, voilà l’un d’entre eux, Monsieur Louis Beroud, peintre copiste, qui arrive vers Poupardin l’air très contrarié. 

Il avait prévu de reproduire le tableau de LA JOCONDE de Léonard de Vinci, qui se trouve au salon carré. Il est arrivé à la première heure pour être bien tranquille, et, comment dire .. eh bien elle n’est plus là ! Il reste juste les clous. Est-ce bien normal ? 

Anesthésié par la chaleur, Monsieur Poupardin garde son calme. C’est sans doute tout à fait normal. En effet, les jours de fermeture, il arrive que les tableaux soient envoyés à l’atelier photographique de la Maison Braun. 

Il va s’en assurer, et ne prévient donc pas tout de suite la Direction du Musée. 

Pourtant, non, elle n’est pas à l’atelier du photographe.

Tout le personnel est alerté : « qu’on cherche dans tous les recoins et les placards » !  Si c’est une farce pour prouver que le Musée est mal gardé, elle est de très mauvais goût ! 

Le bâtiment est passé au peigne fin. On ne trouve rien. 

Enfin si…près de la porte d’un escalier de service, gisant sur le sol, on retrouve le cadre de La Joconde. Vide. 

Il n’y a plus aucun doute possible :  on a volé la Joconde !

Prévenu par télégraphe, le Conservateur du musée, Théophile Homolle en vacances dans les Vosges, croit d’abord à une mauvaise plaisanterie. Mais il n’a pas le temps de se retourner que déjà, la nouvelle se répand comme une traînée de poudre. 

Dès le lendemain, les crieurs de journaux hurlent dans les rues : « Le vol du siècle ! La Joconde a disparu ! »

Le quotidien « Le petit parisien » s’inquiète : « Comment ? Depuis quand ? On ne sait pas. Il nous reste le cadre ! ». 

Dans la revue polémique « L’intransigeant », Guillaume Apollinaire, poète mais aussi journaliste, condamne vivement la négligence du personnel de surveillance qui n’en est pas à son premier vol. 

On entre au Louvre comme dans un moulin ! D’ailleurs, imaginez bien qu’en 1911, « le plus grand Musée du monde » n’a rien à voir avec ce qu’on connaît aujourd’hui. 

Les systèmes de sécurité n’existent pas. Franchissez toutes les portes que vous voudrez, aucune alarme ne se déclenchera ! 

Le nombre de tableaux abîmés ne se compte plus. 

D’ailleurs depuis 1907, on recouvre les plus précieux de protections en verre (c’était le cas de la Joconde). 

Les vitrines, quand il y en a, ne sont pas fermées à double tour. Des objets inestimables sont posés, comme un bibelot dans un salon : si vous êtes habile et rapide, hop sous le manteau et l’affaire est dans le sac. 

Certains intellectuels vont même jusqu’à en faire un parfait terrain de jeu pour leurs canulars.

En 1908, l’écrivain Roland Dorgelès  le prouve aux journalistes avec humour, écoutez plutôt  :   

Chez un ami sculpteur, il remarque une statuette dans le style des antiquités grecques que l’on trouve au Musée. Son ami trouvant son œuvre sans intérêt, Dorgelès lui propose d’aller tout simplement la mettre au Louvre. 

On verra bien les réactions. 

Il cache l’objet sous sa veste et sans aucune difficulté, la place dans une vitrine. Il joint même une étiquette écrite à la main «N°402. Tête de divinité – Fouilles de Délos ». 

Et personne ne remarque la supercherie, ni le public, ni le personnel. 

Il convoque la presse, crie au scandale. Et avec ça, les œuvres du Louvre sont en sécurité ??!!!  Le conservateur botte en touche en prétendant que cette statuette a toujours été là.

Dorgeles récidive quand, pour protester contre les reflets que causent les vitres posées sur les tableaux, il vient un matin se raser devant le tableau de la Joconde ! 

Voilà l’ambiance qui sévit dans les salles du Louvre, en 1911. 

Dans ce contexte, tout porte à croire qu’il s’agit encore d’une énième provocation pour montrer au monde à quel point le système de sécurité du Musée n’est ni fait à ni faire.

Autour du Louvre, la foule se presse et chacun y va de son commentaire. Mais que fait la police ? 

De ce côté-là, c’est le branlebas de combat. 

Le Préfet de Police, Louis Lépine mobilise plus de soixante policiers pour trouver des indices.  

Il fait appel au criminologue Alphonse Bertillon, spécialisé dans l’identification des empreintes. Il est le créateur de l’anthropométrie judiciaire, si ce n’est pas lui, alors qui pourrait trouver le coupable ?  

Sur la vitre, il retrouve justement l’empreinte d’un pouce gauche ! 

« Qu’on convoque le personnel ! » 

Les 257 employés présents ces jours-ci doivent plonger leur doigt dans l’encre. Il y en a bien UN dont les empreintes seront celles de la vitre retrouvée ! On compare, on analyse. Aucun résultat positif. 

Ce n’est donc pas le personnel qui a fait le coup.

Les interrogatoires illustrent à quel point la vie au Musée manque de vigilance. Ce qui aujourd’hui ferait bondir un gardien, n’alerte personne à l’époque.

Par exemple, un témoin prétend avoir vu que le tableau manquait la veille, sans s’être alarmé pour autant. 

Un autre dit avoir vu le cadre dans l’escalier. Il n’a pas imaginé prévenir qui que ce soit…il ne l’a même pas ramassé !

La police piétine et la toile est sans doute déjà très loin. 

Les contrôles aux frontières sont renforcés. On fouille les bateaux et les trains. Toujours rien. 

Le directeur du musée, Théophile Homolle, n’a plus d’autre choix que de démissionner pour garder la face.

Pour le juge d’instruction chargé de l’affaire, Joseph Marie Drioux, le vol de la Joconde tourne au cauchemar. 

Dans un entretien, il raconte combien il était fier, au départ, qu’on lui confie un tel dossier. Enfin, un challenge d’envergure, qui le changeait des larcins commis dans les maisons bourgeoises parisiennes.  Mais là, il n’en peut plus. Tous les jours, il doit faire face à des meutes de journalistes qui se moquent de son absence de résultats et lui reprochent de ne pas aller assez vite. « Trouvez-nous un coupable, pardi ! » 

Toutes les pistes sont bonnes à prendre. On soupçonne même l’Empereur  allemand Guillaume II d’être derrière tout ça ! L’extrême droite accuse les juifs. Les nationalistes accusent les allemands. L’affaire aiguise les tensions et les haines.

La presse fait le travail de la police. On propose des récompenses à qui rapportera le tableau. 

La revue « L’Illustration » promet 40 000 francs, la société des amis du Louvre, 25 000. 

De faux voleurs demandent une rançon ! 

Parmi eux, un certain Géry Pieret, au passé peu recommandable, va faire parler de lui. 

En effet, le 28 août, il contacte le quotidien Paris Journal : 

La Joconde, c’est lui qui l’a et personne d’autre ! Et il la rendra contre 150 000 franc-or ! 

D’ailleurs, il n’en est pas à son premier vol d’œuvre d’art au Louvre et il peut le prouver. Il y a quelques années, il a volé des statuettes dans la salle des antiquités phéniciennes. Il en fait parvenir une à la rédaction. 

Les autres ? Eh bien, il les a cédées à Monsieur Guillaume Apollinaire qui, n’en voulant plus, les a lui-même cédées à son ami Picasso, un jeune peintre cubiste espagnol. 

Oui, Apollinaire savait qu’elles avaient sans doute été volées mais quoi, à l’époque, plus de 300 pièces ont disparu du musée sans qu’on s’en soucie, alors une de plus ou une de moins… 

Sentant que l’affaire risque de lui causer plus de tort qu’il ne le pensait, Peret prend la fuite. Il sera d’ailleurs condamné, en 1912 pour les vols des statuettes, mais c’est une autre histoire.

Apollinaire, alerté par ce qui se passe, file prévenir son ami Picasso. Les statues qu’il a chez lui proviennent d’un vol, il doit le savoir ! 

Ils sont jeunes, ils n’ont pas la nationalité française. Être mêlés à une affaire aussi médiatisée pourrait briser leur carrière ou même leur vie ! 

En panique, les deux hommes partent en pleine nuit, les deux objets dans une valise, pour les jeter dans la Seine. Mais Apollinaire se ravise. Ce sont des œuvres d’art… Comment faire une chose pareille ? Alors en toute bonne foi, il décide d’aller raconter toute l’histoire au Paris Journal. 

Ils comprendront. Lui qui a écrit un article pour condamner le manque de sécurité au Louvre, comment pourrait-on le mêler à pareil scandale ? 

Il rapporte les statuettes, elles sont authentifiées. On note au passage que personne, pas même les conservateurs du Louvre, n’avait remarqué leur absence…

Pour Louis Lépine, le préfet de police, les deux artistes, Apollinaire et Picasso donc, sont de parfaits coupables. D’autant qu’il n’a aucun suspect sérieux à se mettre sous la dent et que les recherches scientifiques de Bertillon ne donnent aucun résultat.

Le 7 septembre, on frappe violemment à la porte d’Apollinaire. Perquisition ! 

On ne trouve rien mais qu’à cela ne tienne, il est menotté, et après avoir été longuement interrogé, il est inculpé pour complicité de recel des statuettes et enfermé à la prison de la Santé pour 5 jours. 

Picasso, quant à lui, confronté aux dires de son ami, fait mine de ne pas le connaître. Il dira avoir toute sa vie regretté son attitude, mais le mal est fait.  Le milieu intellectuel s’indigne. On signe une pétition. Apollinaire ressort bientôt blanchi, mais il perd au passage l’amour de sa vie, Marie Laurencin, qui ne peut supporter d’épouser un homme éclaboussé par le scandale.

Depuis que la Joconde n’est plus, le Louvre n’a jamais connu un tel engouement pour ce tableau de Léonard de Vinci. 

On fait la queue pour « ne pas la voir ». On dépose des fleurs sous les deux clous laissés sur le mur. Même l’écrivain Franz Kafka se déplace pour voir briller l’absence de Mona Lisa.

Dehors, la canicule s’estompe enfin. Elle aura fait plus de 40 000 morts dont près de 30 000 nourrissons. L’eau stagnante dans les seaux et les bacs, bourrée de bactéries, a été meurtrière. Oui, à l’époque, on n’a pas encore de réfrigérateurs …

L’année 1911 touche bientôt à sa fin, et la vie reprend doucement son cours. 

Au mois de décembre, un tableau du peintre Raphaël est accroché à la place de celui de la Joconde. Il faut bien combler le vide. De toute façon, elle est sans doute déjà tellement loin de Paris …

Le 29 novembre 1911, 3 mois après la disparition du tableau, par acquis de conscience, un inspecteur vient interroger un des verriers du Louvre, Vincent Peruggia, dans son logement modeste du 10ème arrondissement. En retard le jour du vol, il était passé entre les mailles du filet.

L’homme explique qu’en effet, le matin du vol, il s’est levé en trombe, d’ailleurs le concierge pourrait en témoigner. Les vols d’œuvre d’art, c’est une honte. Lui, depuis 1907, il les protège des vandales. Au Louvre, on le considère comme un très bon ouvrier, qui polit et découpe le verre avec soin. Il suffit de demander à son employeur, la maison Gobier. 

L’inspecteur prend acte et va rendre son rapport. 

La nuit suivante, Vincent Perrugia s’endort paisiblement. Toute cette affaire, Il l’a suivie de très près et il n’a rien à en dire. 

Comme la Joconde, il est né en Italie. Depuis l’âge de 12 ans, il travaille dur et a connu des années très difficiles. S’il est en France, c’est pour gagner sa croûte comme peintre en bâtiment et verrier. C’est tout.

Et pourtant…c’est bien lui le coupable. Monna Lisa est juste là, sous son sommier. À quelques centimètres en dessous de lui. Dans le double fonds de sa valise. 

Pour sûr, il n’oubliera jamais ce qu’il a ressenti quand il s’est retrouvé, enfin dans la rue, la toile blottie sous sa blouse. Ça a été d’une facilité déconcertante. 

Il lui a fallu à peine quelques secondes pour retirer la toile de son cadre, puis filer par l’escalier de service. 

Tout s’est passé exactement comme prévu. Arrivé chez lui, il a attendu un moment, puis il s’est décoiffé comme s’il venait de sortir de son lit. Il a ensuite dévalé l’escalier pour faire celui qui part au travail en retard mal réveillé. 

Il est arrivé au Louvre, comme si de rien n’était. Coup de chance, il n’était pas là quand les empreintes des employés ont été prises. Ni vu ni connu. 

Maintenant, il doit se faire oublier. Bientôt, il ramènera la Joconde au pays, c’est une promesse.

Car tout est là.

Il veut rendre la Joconde à l’Italie…

En février 1912, le thème du vol de la Joconde est choisi pour fêter le carnaval de Nice.  Les chars redoublent d’ingéniosité pour moquer les autorités et la police. Puis vient Avril, le Titanic fait naufrage. Les médias oublient les unes des journaux d’hier.  Et la terre continue de tourner. 

2 années passent. 

Jusqu’au 24 novembre 1913. 

Ce jour-là, Vincenzo Peruggia écrit une lettre qui va changer son destin, et celle de la Joconde. 

Son destinataire ? Un certain Monsieur Alfredo Geri, antiquaire de son état à Florence, en Italie. Il lui explique qu’il détient la toile originale de la Joconde et qu’il est prêt à la lui céder. Son prix ?  500 000 francs. Il est à Florence et peut la lui montrer quand il voudra.

Il précise : 

« Si ce trésor pouvait retourner dans sa patrie, à Rome ou à Florence, ce serait une belle revanche contre l’empire français. Pour favoriser les acheteurs italiens plutôt que les étrangers, je vous accorderai une réduction de 25%. » 

Et il signe : Monsieur Léonard V.

Pour Peruggia, il s’agit bien de restituer la toile à son pays. Il est absolument convaincu que la Joconde fait partie de ces toiles italiennes volées par Napoléon Bonaparte pendant sa campagne d’Italie, à la fin du XVIIIème siècle.

Pourtant, pour cette toile en tout cas, il s’agit d’une toute autre histoire : Léonard de Vinci est venu finir sa vie au château de Lucé, à Amboise en 1516. Et il a bien emporté la Joconde avec lui à cette époque. Elle est donc en France depuis le XVIème siècle !  François Ier tombe amoureux de la toile, et la lui achète. Après lui, Louis XIV l’installe à Versailles, puis Napoléon 1er l’accroche dans les appartements de sa Joséphine et enfin, la fait exposer au Louvre. Voilà l’histoire. La Joconde est donc bien en France par la volonté de son peintre. Perugia aurait peut-être pu s’attaquer à un autre tableau volé à son pays pendant les campagnes d’Italie, mais pas à elle !

L’antiquaire, très intrigué par l’annonce, demande à son ami Giovanni Poggi, directeur du musée des Offices de Florence, de venir observer la toile de plus près. Aucun doute, c’est bien elle !

Il prévient immédiatement la police. Perrugia est arrêté dans sa chambre d’hôtel. Pour lui, c’est fini. 

Sur sa fiche signalétique : les photographies de son visage de profil et de face, avec de grandes moustaches noires typiques de l’époque. En dessous, ces mots qui définissent son délit : « Arrêté pour le vol de la Joconde ». 

Vient le procès. Il explique avoir accompli ce geste par pur patriotisme. « J’étais humilié de la voir ainsi en terre étrangère ». 

Condamné à un an de prison, il en sortira après 7 mois, considéré par les italiens comme un héros, plus qu’un voleur. 

Mais avec le temps, de nouvelles versions voient le jour, on s’interroge. Patriotisme ? Pas si sûr…

Eduardo Valfierno , faussaire argentin, donne une autre vérité à un journaliste. Il aurait voulu à l’époque arnaquer des acheteurs américains en leur vendant six copies de la Joconde. Le vol était organisé pour qu’ils croient tous qu’on leur avait vendu l’original.  

Perugia pour sa part, aurait dit plus tard dans la presse qu’il avait été manipulé par un escroc allemand, Otto Rosenberg, qui aurait réveillé sa ferveur patriotique pour le faire passer à l’acte. Le but : récupérer le tableau pour du trafic d’art. 

Autre version, celle de l’écrivain Gabriele d’Annunzio qui témoigne encore à un journaliste, avoir reçu le voleur dans sa retraite près d’Arcachon, et y avoir gardé Monna Lisa jusqu’à ce qu’elle reparte en Italie. Il serait tombé littéralement amoureux de la peinture.

On entend aussi que Perugia aurait volé la Joconde parce qu’elle aurait ressemblé à son amour de jeunesse, disparu dans une avalanche ! Qui dit mieux ?

Le 4 janvier 1914, après avoir été exposée plusieurs fois en Italie pour fêter sa renaissance, la Joconde retrouve sa place d’honneur au musée du Louvre. 

Avant cette affaire, c’était une œuvre peu connue du grand public. 

A son retour, elle est devenue légendaire. 

Aujourd’hui, la Joconde est l’œuvre la plus visitée du monde et le Louvre, sans doute le musée le plus sécurisé ! 

Les adeptes du vandalisme n’ont qu’à bien se tenir : protégée derrière un verre blindé, elle ne risque plus de connaître un jour la vie de bohême sous les toits de Paris. La « belle époque », c’est fini. 

Sur les réseaux, on continue d’alimenter les rumeurs. 

Serait-ce une copie ?

Pour les touristes venus du monde entier, authentique ou pas, elle est le meilleur des spots parisiens pour un selfie. 

Vient-on la voir pour admirer ses couleurs et ses traits, son sourire, ou juste pour se prendre en photo devant, en passant ?  

Léonard de Vinci avait décidément tout prévu : quoiqu’il arrive et quoi qu’il en coûte, La Joconde continuera toujours de sourire. 

Allez, 1…2…3…cheese !

Selfie.

Texte : Marine Guez Vernin / Voix : Michel Elias

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