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GOD BLESS THE QUEEN… ELIZABETH II, LA STORY

GOD BLESS THE QUEEN… ELIZABETH II, LA STORY

C’est, un jour, spécial pour l’Angleterre et pour les Smiths.

C’est le jour J, le 2 juin 1953.

Le ménage habite dans une banlieue proche de Liverpool.

Dans son salon, Monsieur Smith règle l’antenne métallique de son nouveau téléviseur.

Il économise depuis plus d’un an pour s’offrir un poste de télévision et assister à cet événement historique.

Madame Smith a préparé des sandwichs.

Elle a invité le voisinage. On dégustera un verre de Brandy en regardant…le couronnement de la reine Elizabeth 2 à la télévision !

Elizabeth apparaît.

À l’écran, elle donne l’image d’une souveraine digne et fière.

Mais intérieurement, la jeune femme est plus soucieuse : elle craint de commettre un impair.

Elle repense à ces années d’insouciance brutalement interrompues par l’abdication de son oncle. Elle n’avait que dix ans.

Elle en a 25 à présent.

Elle n’était pas destinée à être reine, mais l’histoire en a décidé autrement. Elizabeth a conscience de l’énormité de la tâche.

Être reine, c’est être au-dessus de la politique. 

Ce titre ne lui confère aucun pouvoir.

Mais elle devient un symbole.

Celui qui unit un peuple.

Elizabeth Alexandra Mary Windsor pousse son premier cri le 21 avril 1926.

Son père est le prince Georges, duc d’York, second fils du roi d’Angleterre.

Sa mère, Elizabeth Bowes-Lyon, est une aristocrate écossaise.

Son grand-père règne sur l’Angleterre. Il est le roi George V.

C’est l’oncle d’Elizabeth, le frère aîné de son père, Edouard de Galles qui lui succèdera à sa mort. C’est lui qui deviendra roi. Il a été préparé pour cet avenir écrit pour lui.

Elizabeth, elle, appartient au clan des Windsor. Elle fait partie de la famille royale.

Mais elle n’est pas  destinée à monter sur le trône.

Elizabeth grandit donc comme une simple princesse.

Elle vit à l’écart de la cour.

C’est une enfant sage, élevée dans l’insouciance et adorée par son père Georges. Il lui donne le surnom affectueux de Lilibeth.

Georges et sa femme  sont progressistes. Ils sont très en phase avec leur époque et n’hésitent pas à se mélanger au peuple britannique. Ils vont à sa rencontre et sont à l’écoute.

A l’image de ses parents, la petite Lilibeth rêve d’une vie normale, même si la proximité  de la couronne l’isole. 

Lilibeth est pourtant d’un caractère sociable. Elle aime s’amuser avec d’autres enfants.

Elle rêve d’être une éclaireuse, une « Brownie » comme on dit. 

Ces groupes de jeunes filles sont comme des scouts féminins. Elles sont les guides touristiques du palais de Buckingham.

Dès son plus jeune âge, on remarque qu’elle n’est guère téméraire. Elle prend ses précautions et craint le danger. Par ailleurs, son éducation ne l’incite ni à trop briller ni à se mettre en avant.

La petite princesse a un comportement irréprochable.

Elle sait faire acte de présence sans se faire remarquer.

Elle est née entre les deux guerres. Elle a grandi durant la grande dépression. Lilibeth doit montrer l’exemple. Rigueur et austérité avant tout.

Son Éducation est faite à la maison par un professeur de la prestigieuse université d’Eton.

Son père déborde d’admiration pour elle. En parlant de ses deux filles 

Il dit : “Lilibeth is my pride, Margaret is my joy”. ‘Lilibeth est ma fierté, Margaret est ma joie ».

Lorsque son grand-père le roi George V meurt en 1936, la vie d’Elizabeth prend une nouvelle tournure. 

Comme prévu, son oncle Édouard 8 prend la succession. 

Mais quelques mois seulement après son couronnement…il abdique.

Le roi abandonne son trône.

Pourquoi ?

Par amour. Édouard 8 est amoureux de Wallis Simpson qui est divorcée. Et ça ne se fait pas. C’est la règle. Pas de discussion, le roi ne peut épouser une femme divorcée.

Alors…il abdique.

Cet épisode ébranle les bases même de la monarchie.

De mémoire d’anglais, on n’a jamais vu ça… 

Le scandale est d’autant plus grand que la femme dont le roi est amoureux, Wallis, n’est guère en odeur de sainteté. Il se murmure qu’elle a des accointances avec le régime nazi, Hitler est au pouvoir depuis trois ans. Et si elle influençait Édouard ? 

Dans l’ordre de succession, c’est le frère d’Édouard qui prend la couronne.

Lilibeth est sous le choc.

Son père adoré devient roi d’Angleterre. 

Georges n’a pas été préparé à être monarque.

Il est réputé pour son caractère introverti. 

Il doit apprendre à être un personnage public. Pour lui, un fardeau.

Lilibeth  n’a que 10 ans, mais elle réalise que son destin vient de changer.

Elle est la fille aînée de Georges.

Elle est donc la première dans l’ordre de succession.

Quand Margaret, sa petite sœur de 6 ans, apprend la nouvelle, elle lui dit : « Est ce que ça veut dire que tu vas être reine ? Ma pauvre ! »

Une nouvelle vie débute. 

La famille emménage au palais de Buckingham.

Son père est couronné roi sous le nom de George VI le 12 mai 1937.

Ce jour-là, Élisabeth apparaît au balcon de Buckingham, elle s’avance sur le perron, face à la foule. Spontanément, avec le sourire, elle fait le geste du salut royal : bras à 45 degrés et petit mouvement du poignet, jamais brusque. Elle maîtrise les codes.

La nouvelle famille royale va désormais devoir faire ses preuves. Les temps sont sombres en Europe. Le fascisme et le nazisme progressent. Les démocraties sont menacées.  

De quel côté seront les Windsor lorsque viendra le temps de l’affrontement ?

La guerre éclate en 1939. 

En 1940, Londres est bombardée par l’armée de l’air allemande. 

La guerre frappe de plein fouet la famille royale, mais le roi tient tête. Il a la lourde tâche de laver l’honneur des Windsor après le scandale provoqué par la fuite de son frère aîné. 

Georges VI a un autre souci. Plus… personnel.

Le roi est incapable de s’exprimer en public. Il bégaie, bafouille…De gros problèmes d’élocution qu’il va devoir résoudre pour s’adresser à son peuple. Après de nombreuses séances d’orthophonie, il parvient enfin à s’exprimer correctement.

Elizabeth voit son père lutter. Contre lui-même. Elle est admirative. Elle suit ses efforts. Elle admire son sens du devoir.

Elizabeth et sa sœur Margaret, vivent dans une cage dorée au cœur d’un monde en guerre : elles sont isolées dans le château de Windsor.

Un jour, elle dit à sa gouvernante : « On sourit trop, on a l’air trop heureuses ».

En février 1945, à l’âge de 18 ans, elle intègre l’armée britannique. La voilà enfin impliquée et active dans le conflit. Sa place est peut être modeste mais c’est toujours mieux que de ne rien faire à l’abri de son palais.

Sous le matricule 230-873, elle apprend la conduite et la réparation des véhicules de secours et rejoint les auxiliaires féminines de l’armée de terre. Mettre les mains dans le cambouis, réviser un moteur, changer des pneus… elle aime ça. Le soir, elle raconte ses exploits et son amour de la mécanique à sa famille.

Elle prend confiance en elle.

8 mai 1945, l’armistice est déclaré. 

La guerre est finie.

Les Anglais fêtent la victoire.

Avec l’autorisation de son père, Elizabeth se mêle incognito à la liesse populaire. Sa sœur Margaret et une cousine la rejoignent.

Dehors la foule jubile, les gens se tiennent par la main et font la ronde dans les rues. Les jeunes filles sont excitées de vivre ce moment d’euphorie collective. Elles déambulent comme des folles dans les rues de Londres. Pour ne pas se faire reconnaître, elles gardent leurs chapeaux baissés sur leurs yeux. 

Des expériences de ce genre elle en connaîtra peu par la suite. Quoique… Un jour, alors qu’elle est déjà au pouvoir, elle décide de visiter un supermarché incognito.

Elle met un foulard autour de son chapeau et cache son visage.

Une cliente qui la croise lui fait remarquer : « Madame, vous ressemblez incroyablement à notre reine ». Elle répond : « Merci, c’est très rassurant ! »

Mais pour le moment Elisabeth n’est qu’une toute jeune fille qui se réjouit comme des millions d’anglais. Elle n’est pas prête d’oublier cet instant mémorable. Peut-être qu’à cet instant, elle pense à l’élu de son cœur.

Philip de Mountbatten.

Ils se sont rencontrés en 1939 lors d’une visite officielle de la Royale Navy à Dartmouth. 

Elle avait treize ans, lui dix-huit.

Philip était déjà beau et élégant, un jeune dieu grec avec des origines saxonnes. Pour la première fois, elle tombe amoureuse. De fil en aiguille, leur amitié s’est changée en relation romantique. 

Leur mariage est célébré en 1947.

Dans l’intimité, c’est Philip qui porte la culotte. C’est lui qui est le chef de famille et il prend son rôle au sérieux. En 1948, naît le prince Charles. Par la suite, viendront la princesse Ann en 1950, le prince Andrew en 1960 et le prince Edward en 1964. La descendance est assurée. Un avenir radieux se profile pour l’Angleterre.

Aux côtés de son père, Elizabeth fait désormais partie de la vie des Britanniques et des habitants du Commonwealth. 

Cette congrégation est composée de 54 états membres, presque tous des anciennes colonies britanniques. 2,5 milliards d’habitants à travers le monde !

L’empire britannique a beau avoir perdu de sa puissance année après année, la famille royale tient à maintenir le lien avec les pays autrefois sous sa domination.

En Afrique du Sud, elle délivre un discours le jour de ses 21 ans qui restera dans les esprits.

Elle est prête à prendre la relève.

En attendant, elle vit des jours heureux à Malte avec le prince Philip.

Ce dernier y est missionné en tant que capitaine de la Royal Navy.

Elle apprécie cette vie de famille sur l’île méditerranéenne. Elle va au salon de coiffure, elle conduit sa voiture, elle prend le thé avec des amies : un semblant de vie normale.

Tout bascule le 6 février 1952.

Elizabeth est en voyage officiel au Kenya.

Elle y apprend le décès soudain de son père George 6. 

Ce drame change la donne.

Le bonheur et la légèreté que le couple princier a vécu ces dernières années prend fin.


Elisabeth est dévastée. 

Malgré l’amour qu’elle porte à son père, elle cache et maîtrise son chagrin.

Quand elle arrive sur le tarmac à Londres, des ministres, des lords, des hommes politiques l’attendent et lui font la révérence.

Le prince Philip réalise qu’elle n’est plus une personne normale, son épouse, la mère de ses enfants… Son devoir de reine passe dorénavant au premier plan.

Le poids de la responsabilité est énorme.

Après une année de deuil national, la passation de pouvoir se fait en même temps que le couronnement d’Elisabeth.

Elle sera couronnée au même âge que la première reine Elisabeth au temps des Tudor.

C’est le début d’une nouvelle ère élisabéthaine.

Le couronnement coïncide avec l’invention de la télévision en couleur. 

Le prince Philip a une idée révolutionnaire. 

Il persuade Elizabeth de faire retransmettre son couronnement à la télévision.

Les foyers britanniques sont nombreux à acheter leur premier téléviseur pour voir la cérémonie sur leurs écrans.

C’est le premier événement télévisé international de ce genre. Un sacrement aux yeux de tout le peuple, cela n’est jamais arrivé.

C’est l’entrée de la monarchie dans l’ère moderne.

Cet événement apparaît comme un rayon de soleil dans la vie des Britanniques. La nation est rassemblée autour de sa future reine.

Après les horreurs de la guerre, une ère de joie s’annonce.

Elisabeth a 25 ans. 

La couronne royale est posée sur sa tête.

Elle prête serment devant Dieu… et devant des millions de téléspectateurs. 

Une grande euphorie s’empare du peuple britannique.

Jamais auparavant, la monarchie n’avait eu autant le vent en poupe.

La reine jouit d’une popularité sans précédent.

Ce qu’Elizabeth ne sait pas encore, c’est que son règne ne fait que débuter.

Si la succession est assurée, la reine ne s’attend pas à régner aussi longtemps.

Elle va traverser les époques, les mondes. 

70 ans de pouvoir.

Elle va osciller entre des gouvernements travaillistes ou conservateurs. De Winston Churchill à Boris Johnson, en passant par Margaret Thatcher, elle appuiera ou parfois s’opposera aux premiers ministres.

Elle traversera des guerres, des crises politiques ou économiques.

Mais aussi des drames familiaux, qui vont ébranler la famille royale.

Texte : Fabien Guyon / Voix : Juliette Degenne

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