PEAKY BLINDERS, la véritable histoire !
Violents, alcooliques, incontrôlables, moins romantiques et élégants que les héros de la série, les truands britanniques ont réellement existé.
Suivez Brian le parachutiste, Hans dans son bunker, Octave à Sainte Mère l’Église, Charles sur un bateau… Minute par minute, avec eux, le débarquement !
Mardi 6 juin 1944.
Minuit et une minute.
Au large des plages de Normandie, des hommes-grenouilles plongent discrètement dans les eaux sombres de la Manche.
Les fils barbelés posés en mer par les Allemands empêchent toute approche des côtes françaises.
Dans l’obscurité, les lampes frontales s’allument les unes après les autres.
Minutieusement, les soldats cisaillent les barbelés.
C’est le premier acte d’une journée qui va changer l’histoire.
Lire la suiteDans l’immense camp militaire situé au sud de l’Angleterre, BRIAN resserre fermement les mousquetons de son harnais de sécurité.
L’unité parachutiste du jeune Britannique est l’une des premières à décoller, il faut faire vite !
Après plusieurs semaines d’entraînement intensif et deux jours de retard à cause d’une tempête, Brian se sent prêt !
Impatient même…L’attente est devenue trop pénible.
Une fois la Manche traversée, le jeune para-Anglais sera largué derrière les lignes de défense allemandes.
Il devra baliser des zones d’atterrissage à l’aide de lampes et neutraliser certains points névralgiques pour bloquer l’arrivée de renforts allemands vers les plages du débarquement.
Une mission périlleuse, mais essentielle…
Le cœur battant, Brian est confiant.
Au loin, sur les immenses passerelles des navires de guerre, des centaines de milliers d’hommes s’agitent en tous sens.
Le fracas incessant des moteurs de chars d’assauts résonne dans toute la baie.
Sur les bateaux de ravitaillement, des millions de jerrycans sont empilés entre les véhicules militaires et les canons.
L’avion de Brian fonce dans la nuit vers les nuages noirs.
Depuis les airs, le jeune para regarde disparaître peu à peu les silhouettes des soldats, éblouis par les gigantesques spots lumineux des navires de guerre.
Il le sait déjà…La plupart d’entre eux ne reviendront jamais à la maison.
Dans le blockhaus Allemand qui surplombe la plage Normande nommée aujourd’hui Omaha Beach, HANS, 19 ans, regagne son poste de défense.
Après une longue journée à travailler sur l’installation des fortifications, le soldat s’installe derrière sa mitrailleuse.
Cette nuit il est de veille.
À l’intérieur du bunker, l’ambiance est bonne enfant.
On joue, on chante, on boit surtout…
Des gamins de 19/20 ans.
Tous en sont persuadés, le mauvais temps sur la côte normande exclut cette nuit toute tentative de débarquement.
Et puis la Normandie n’est pas du tout le lieu où l’invasion est envisagée…
L’armée Allemande en est certaine, elle a eu des renseignements : c’est en Mer du Nord que les Alliés préparent le débarquement !
Voilà pourquoi la majeure partie des troupes est concentrée là-haut, dans le Nord.
Hans, seul face à la mer, regarde l’horizon obscur.
Il aime sentir la fraîcheur du vent caresser son visage d’enfant.
À cinquante kilomètres de là, dans la petite commune de Sainte-Mère-Église, Octave, le père de la famille DUVAL s’assoit à l’extrémité de la grande table de la cuisine.
Les mains jointes, les yeux fermés, le fermier entame sa prière du soir.
Et depuis quatre ans, les mots qui concluent le Notre Père sont toujours les mêmes :
Seigneur, faites que nous retrouvions la paix, la liberté, le bonheur d’antan…
En vain, les années passent et l’armée nazie stationne toujours aux alentours de la ferme Duval.
À l’étage de la grande maison, sa femme et ses 2 enfants dorment déjà.
Dehors, les nuages masquent la pleine lune. Les lumières des bâtisses du village sont éteintes.
Tout est calme, Sainte-Mère-Église dort paisiblement depuis plusieurs heures…
Au même instant, dans le ciel Normand, trois cents éclaireurs sont parachutés derrière les marais du littoral, sur la presqu’île du Cotentin.
Parmi eux, BRIAN.
D’un coup, des mitrailleuses retentissent.
Poussés par le vent et tombés par erreur au centre du village de Sainte Mère Église, plusieurs parachutistes sont criblés de balles par les soldats allemands, avant même d’avoir touché le sol français.
Dans le ciel noir, les projectiles fusent.
Brian, lui, atterrit au bon endroit, dans les marais. Il est seul. Il regarde les balles traçantes monter dans le ciel pour tuer ses amis. Il est terrorisé.
Au beau milieu de la Manche, les bateaux américains et britanniques sont ralentis par la houle.
Sur la passerelle d’un des navires de guerre, CHARLES, 23 ans, ne cesse de regarder autour de lui.
Le jeune infirmier, fraîchement débarqué de son Amérique natale, observent ces milliers de soldats, assit les uns à côté des autres, clope au bec, le regard perdu.
Charles le sait, cette bataille des plages sera décisive. Décisive pour l’opération, mais aussi pour sa vie…
Son régiment a été désigné pour être de la « première vague ».
Ils descendront les premiers.
La peur au ventre, l’infirmier ne sent même plus le froid.
Il sort les 2 mains de ses poches, attrape son casque et part s’asseoir auprès de ses compagnons d’armes.
Il est 1h du matin.
Pendant ce temps, sur le territoire français, BRIAN est toujours caché dans les marais.
Sans faire le moindre bruit, il détache lentement son harnais et progresse, accroupi, en direction des champs avoisinants.
Au loin résonnent les cris des Allemands et de ses compatriotes, certains blessés, d’autres faits prisonniers.
Mais le jeune homme n’écoute plus, l’adrénaline le prend aux tripes.
En rampant face contre terre, il ne pense qu’à une chose, réaliser sa mission !
Il doit rapidement baliser les terrains destinés aux planeurs qui suivent.
Le sac à dos chargé de lampes qui seront les points de repère des avions, Brian marque une première piste d’atterrissage sur le sol français.
À l’étage de la ferme de la famille DUVAL, Octave se réveille en sursaut.
Des rafales de balles s’écrasent sur les murs de la maison.
À toute vitesse, le fermier saute du lit et rejoint la grande salle à manger.
Dans l’obscurité de la pièce, Octave allume à la hâte sa radio.
Il se branche sur la fréquence de la BBC et entend résonner en Français les vers de Paul Verlaine :
« Les sanglots longs des violons de l’automne
Blessent mon cœur d’une langueur monotone ».
Dehors, les cris stridents des soldats tués lui glacent le sang.
Octave bascule de tout son poids sur la petite chaise en bois.
“C’est un message codé ! Le débarquement est imminent ! “ Se répète-t-il à voix basse…
Depuis le haut de l’escalier de la maison, blottis les uns contre les autres, sa femme et ses enfants le regardent, apeurés.
Octave leur sourit.
Les alliés débarquent, cette nuit… Il faut croire !
Il est 3 heures du matin.
Toujours seul en haut de la dune qui surplombe la plage, HANS se relève d’un coup. Un bruit sourd vient de résonner quelque part à l’horizon.
D’autres explosions suivent rapidement et les premiers obus tombent.
Ils n’arrêteront plus. C’est un déchaînement de fer et de feu qui s’abat sur les positions allemandes.
Dans le ciel normand, 11 500 avions dont 3 000 bombardiers, arrivent droit sur Hans.
Le soldat se précipite à l’intérieur du bunker.
Les bombardements redoublent d’intensité.
À l’intérieur du blockhaus, le regard figé vers le plafond, plus aucun soldat allemand n’ose bouger.
Et les secondes se transforment en heures.
Vigilants, angoissés, ils attendent, les armes à la main.
Au beau milieu des terres du Cotentin, BRIAN rejoint son régiment chargé de détruire la route nationale qui relie Caen à Cherbourg.
Avec ce sabotage, la plage sera inaccessible et protégée de toutes interventions allemandes.
Malgré la fatigue, Brian ne faiblit pas et s’active auprès de ses compagnons.
Dans la ferme du petit village de Sainte-Mère-Église, toute la famille DUVAL est de nouveau réunie autour de la table.
Terrorisés par les tirs qu’ils entendent dehors et plus loin, le grondement des bombes, , Octave et sa femme gardent l’oreille collée au poste de radio.
Ils veulent savoir. Savoir si la liberté est en passe de gagner…
Courant sous les bombes, HANS rejoint son poste de défense, un abri à quarante mètres de là.
Armé de sa mitrailleuse MG42, le jeune Allemand vise les avions ennemis qui longent les côtes et bombardent les plages et les falaises.
Autour de lui, le monde est un immense brasier.
Les balles sifflent et les obus tombent par milliers.
C’est le chaos.
Hans tire tout ce qu’il peut, il hurle, il est effrayé, il en est certain, son heure va bientôt sonner…
Il est 4h du matin. On frappe plusieurs fois à la porte de la ferme de la famille DUVAL.
Marthe, 12 ans, se lève d’un coup. Elle va ouvrir.
Un soldat à bout de forces s’appuie sur le mur de la façade pour ne pas tomber.
BRIAN pointe son doigt sur le drapeau Anglais brodé sur la manche droite de sa combinaison.
Octave le serre dans ses bras et le conduit dans la grande salle à manger.
Épuisé, le Britannique s’effondre sur le grand fauteuil du fermier.
Marthe apparaît, les bras chargés de vêtements secs.
Brian esquisse un léger sourire.
Sur le pont du navire de guerre, les milliers de soldats de la première Division d’Infanterie sont déjà en rang.
CHARLES est terrifié :
Au loin les côtes françaises brillent du feu des obus qui éclatent sans arrêt.
Les nuages sont bas, le ciel sombre et le vent se remet à souffler.
Dans 90 minutes, le bombardement naval sera déclenché.
Il est 4H30 du matin.
Au même instant, dans le salon de la grande maison des Duval, BRIAN boit une tasse de chicorée.
On peut souffler.
Les troupes américaines ont libéré le village.
La bannière étoilée flotte sur le toit de la mairie.
La ferme des Duval est transformée en poste de commandement, les officiers ont étalé leurs cartes sur la table de la cuisine.
Marthe se démène pour offrir de la soupe ou des tasses de chicorée aux libérateurs !
La voix du Général de Gaulle résonne à nouveau sur les ondes de la BBC :
« La bataille suprême est engagée ! Après tant de combats, de fureurs, de douleurs, voici venu le choc décisif, le choc tant espéré. C’est la bataille de France et c’est la bataille de la France. »
Octave Duval est fier ! Lui aussi participe à la Libération de la France.
HANS s’arrête net de tirer.
Le canon de la mitrailleuse tourné vers le ciel, s’abaisse lentement en direction de l’horizon.
Les yeux écarquillés, le jeune soldat regarde apparaître l’armada alliée :
sur un front de 35 kilomètres, 4266 navires de transport et 722 navires de guerre, avec à leur bord 133 000 soldats parés au combat, se dirigent droit sur lui.
Il n’a même pas le temps de reprendre ses esprits que des éclairs jaillissent des canons des navires à une cadence infernale.
Hans mitraille à tout va ! De droite à gauche, de haut en bas, le danger est maintenant partout !
Alors qu’un barrage d’artillerie se déchaîne sur les obstacles de la plage, les premières péniches de débarquement accostent.
Lentement, mètre après mètre, une vague monstrueuse de brouillard et de fumée avance dans un craquement assourdissant, abattant tout et s’avançant droit sur lui.
Il est 5h55.
Depuis le pont du navire, les milliers de soldats descendent à toute vitesse.
500 mètres les séparent de la plage.
Debout sur la proue du bateau, CHARLES voit ses compagnons tomber.
Sans même avoir eu le temps de mettre un pied à terre, de nombreux soldats meurent sous les balles allemandes.
D’autres, avec 40 kilos d’équipement sur le dos et de l’eau jusqu’au torse, se noient après quelques mètres.
Les plus chanceux progressent entre les balles.
Charles fait partie de ceux-là.
L’adrénaline a pris le dessus : sans réfléchir, l’infirmier avance.
Là-haut, dans le poste de défense de Hans, des milliers de cartouches jonchent le sol.
Le soldat allemand tire sans s’arrêter. Les munitions s’épuisent.
Il va mourir, il le sait !
À cet instant, CHARLES atteint la plage. Son cauchemar ne fait que commencer.
Autour de lui, dans un immense bain de sang, des hommes hurlent leur douleur.
Au large, emportés sous les eaux par le poids des sacs, des soldats disparaissent, le visage tourné vers le ciel.
Pendant de longues secondes, l’infirmier, figé par la peur et l’extrême violence, reste couché dans le sable.
Devant lui, les bombardiers atomisent les positions ennemies et permettent aux hommes de progresser sur la plage.
Certains commencent déjà à gravir les pentes qui mènent aux retranchements Allemands.
CHARLES reprend brusquement ses esprits : il doit faire son devoir !
Il saute de nouveau dans une mer rouge du sang de ses compagnons et nage d’un corps à un autre.
Il doit sauver les blessés !
Les combats font rage sur les 5 plages Normandes prises d’assauts par les Alliés.
Sur la plage Omaha Beach, parsemée d’obstacles, CHARLES continue ses allers-retours.
Au-dessus de sa tête, les balles sifflent. Autour de lui, les obus explosent.
Partout, des hommes sans bras, sans jambes, les tripes à l’air, se vident de leur sang.
D’autres, à bout de forces, poussent leur dernier cri…
Le jeune infirmier n’a plus qu’une idée en tête : porter ses frères d’armes, les soigner, les sauver…
Un par un, au péril de sa vie, il les ramène derrière une petite butte en sable.
Là, isolé, Charles administre les premiers soins.
Depuis le haut de la dune, le regard de HANS se tourne vers le petit poste de secours qui s’improvise en contre-bas.
L’Allemand attrape son fusil automatique et place son œil dans le viseur.
1 balle suffit.
Hans attend quelques secondes.
L’infirmier américain ne se relève pas.
Le soldat Allemand relève son arme vers les troupes qui avancent face à lui.
Déterminé, il tire à une cadence infernale.
Les heures passent et la situation n’évolue pas vraiment.
Le nombre important de bunkers ralentit les soldats qui font face à une résistance acharnée des Allemands.
Pourtant, du haut de son poste, HANS s’inquiète.
Les boîtes de munitions sont vides, il n’a plus d’autre choix maintenant que de charger des balles traçantes.
Et très vite, les navires américains le repèrent.
Son poste de tir est pris pour cible.
Blessé à la hanche, le visage entaillé par un éclat métallique, le soldat Allemand lâche son arme et se replie vers l’arrière en rampant à toute vitesse.
Il rejoint un camion de secours Allemand qui fonce en direction de l’antenne médicale de Caen.
Affalé sur le siège avant de la voiture, Hans se rassure, il va finalement survivre !
Sur la route qui mène à Caen, le camion allemand ralentit brusquement.
Surpris, HANS relève la tête.
Au loin, un barrage ennemi bloque la Nationale.
Le véhicule militaire entame aussitôt un demi-tour.
Mais c’est trop tard…
Derrière eux, les soldats britanniques et américains sont trop nombreux.
BRIAN, le canon de son fusil pointé sur le visage de HANS, se rapproche lentement.
Le jeune Allemand reste immobile.
Les yeux fixés dans ceux de son prisonnier, Brian lui intime de se rendre :It’s over, lui dit-il.
Au soir de ce « jour le plus long » du 6 juin 1944, les Alliés ont réussi à établir une tête de pont sur le continent.
Des millions d’hommes sont prêts à débarquer sur le sol Français.
La Libération de la France est en marche.
Sous les spots lumineux des navires britanniques qui accostent sur la plage d’Omaha Beach, les premiers rescapés de la bataille remontent lentement sur les bateaux.
À quelques mètres de là, allongés sur le sable humide, des centaines de corps sont alignées.
Parmi eux, caché derrière une petite bute, celui de CHARLES…
Ce fameux jour J,
10 500 soldats alliés et 10 000 soldats allemands meurent ou sont blessés avant minuit.
3563 américains et canadiens sont tués sur la plage d’Omaha.
Texte : Laurent Latappy
Voix : François Berland
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