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COCA-COLA – Champion de la pollution et sponsor de la COP 27 !

COCA-COLA – Champion de la pollution et sponsor de la COP 27 !

Elle est aujourd’hui la boisson la plus consommée au monde après le thé et le café. En moyenne, un Français en boit 22 litres par an… 

Un Américain 99 litres et un Mexicain 160 litres.

Sa consommation mondiale annuelle représente 350 milliards de litres, soit l’équivalent de 166 700 piscines olympiques. 

Depuis le début de ce podcast, soit depuis une vingtaine de secondes, il s’est vendu plus de 380 000 bouteilles de ce soda sur la planète.

Et si presque tout le monde a bu, boit ou boira du Coca-Cola au cours de sa vie, qui est réellement conscient des effets et des conséquences de sa consommation régulière ? 

Car bien qu’elle ait été imaginée à sa création comme un remède, elle est aujourd’hui une source préoccupante de danger pour notre santé et notre planète.

Mais au fait, qui a inventé le Coca-Cola ? 

La boisson est imaginée par un certain John Pemberton à la fin du 19ème siècle. John, pharmacien de formation, est un vétéran de la guerre de Sécession. Lorsqu’il rentre blessé de la guerre, il prend quotidiennement de la morphine pour atténuer ses douleurs et devient accro. 

Il crée alors une boisson pour se désintoxiquer progressivement de la morphine. Sa première recette date de 1885. Il s’agit d’un breuvage alcoolisé qu’il nomme le French Wine Coca. Pourquoi French ? 

Parce que John s’est librement inspiré d’une boisson déjà existante : le Vin Mariani, un mélange de vin rouge et de feuilles de coca. Un vin créé 18 ans plus tôt par un Corse, Angelo Mariani, qui lui-même pharmacien, avait déjà pour ambition de créer une potion contre la douleur. Un vin qui connu en son temps un succès retentissant en France. Émile Zola, Colette ou encore Jules Verne en étaient alors des consommateurs réguliers. Avec un tel succès, la boisson s’exporte jusqu’aux États-Unis. 

John Pemberton se contente d’y ajouter des extraits de noix de Kola pour créer sa propre boisson. 

Convaincu du potentiel commercial du French Wine Coca, John s’associe à un ami comptable, Frank Robinson, pour en développer la production. Quelques mois plus tard naît officiellement la marque Coca-Cola.

En 1886, un verre de Coca contient environ 9 milligrammes de cocaïne. 

Si John a peu à peu diminué sa consommation de morphine, sa potion l’a plongé dans de nouvelles addictions :  la cocaïne et le sucre.   

En 1894, la première mise en bouteille a lieu dans l’arrière-salle d’une fabrique de confiseries, à Vicksburg, dans le Mississippi. 

Officiellement le Coca Cola ne contient plus de cocaïne depuis 1903. Elle est remplacée par de la caféine. 

Au printemps 1919, la boisson pétillante débarque en France, à Bordeaux. Sa production française débute deux ans plus tard. Et il faut attendre 1933 pour que le café de l’Europe, près de la gare Saint-Lazare propose pour la première fois cette nouvelle boisson américaine à Paris.

Malgré ses prétentions de départ, la potion de John Pemberton n’est pas devenue un remède mais une boisson récréative. Et si elle n’a jamais guéri personne, elle a rendu malade plusieurs millions de ses consommateurs réguliers. 

Ses ingrédients sont en effet loin d’être bénéfiques pour l’organisme. 

En premier lieu, sa teneur en sucre est excessive : environ sept morceaux par canette. Or, une surconsommation de sucre endommage les artères, causant, à terme, infarctus ou accident vasculaire cérébral. L’excès de sucre est aussi responsable de prise de poids, de risque d’hypertension et de diabète.

En 2007, la revue Epidemiology publie une étude concluant que consommer deux verres de Coca-Cola par jour multiplierait par deux les risques de développer une insuffisance rénale.

Selon l’institut de recherche américain CSPI, c’est le caramel utilisé par la marque pour colorer sa boisson qui est incriminé. Il provoquerait une augmentation des risques de cancers des poumons, du foie, de la thyroïde, ainsi que des leucémies.

Selon le pédiatre Robert Lustig, boire deux canettes de Coca-Cola quotidiennement réduirait sa durée de vie de 20 ans. Soit des effets équivalents à deux paquets de cigarettes par jour.

En réponse aux dangers d’une consommation excessive de sucre, la marque lance en France en 1988 une version « Light ». Avec en produit de remplacement : l’aspartame. 

Un édulcorant qui ne s’avère pas meilleur pour la santé. En 2010, différentes études démontrent qu’il participe à la création de tumeurs du foie, du poumon, voire du cerveau. 

L’étude la plus récente sur la nocivité du Coca-Cola sort durant l’été 2022. 

Cette fois, ce sont des chercheurs brésiliens qui révèlent que, je les cite : « Le Coca-Cola modifie notre cortex frontal, ce qui perturbe la mémoire, notre attention et notre capacité de jugement. S’ajoutent à cela des troubles au niveau de l’hippocampe, une zone du cerveau qui assure nos souvenirs et notre aptitude à apprendre ».

De quoi y réfléchir à deux fois – tant que l’on peut encore le faire – avant d’ouvrir une canette.

Face à toutes ces accusations, la marque commande régulièrement de nouvelles études pour tenter d’infirmer ces inquiétants résultats. En août 2015, une enquête du New York Times dévoile que Coca-Cola aurait offert plus de 5 millions d’euros à des chercheurs pour publier de fausses informations sur l’absence de danger de leur soda. Le groupe d’experts, après plusieurs mois de polémique, se dissout finalement de lui-même. Tel un morceau de calcaire dans un verre de Coca-Cola…

Si la boisson, consommée en excès, est mauvaise pour la santé, son impact sur la planète est tout aussi nocive. 

Dans les années 2000, en Inde, plusieurs usines Coca-Cola sont accusées d’assécher les nappes phréatiques, au détriment des paysans locaux. 

Dans certains villages, les autorités sont obligées d’envoyer des camions citernes pour alimenter la population en eau potable. Rappelons que l’Inde est l’un des pays les plus touchés par la désertification. Un quart du pays est menacé. 

Or, Coca-Cola y pompe quotidiennement en moyenne 500 000 litres d’eau par usine. Il faut en effet 3 litres d’eau pour fabriquer 1 litre de Coca-Cola. 

En conséquence, de nombreuses associations environnementales dénoncent le procédé et demandent à la marque de diminuer sa production. La firme américaine rétorque que la pénurie d’eau est due uniquement au problème de sécheresse. Elle ajoute que des centaines de familles vivent grâce aux emplois offerts dans ses usines.

Autre sujet polémique, les rejets des substances polluantes seraient supérieurs à la norme autorisée. Des villageois racontent qu’avec la pollution et l’assèchement des nappes phréatiques, les terres deviennent stériles et des maladies apparaissent au sein de la population.   Ces 20 dernières années, sous la pression de l’opinion publique, plusieurs usines sont fermées. Malgré tout, l’objectif de Coca-Cola reste de faire de l’Inde son 5marché mondial.

Au Mexique, le même problème se pose. Dans le sud du pays, à San Cristobal de Las Casas, ce sont 750 000 litres d’eau qui sont pompés chaque jour. 

Soit un volume qui permettrait d’alimenter 10 000 habitants quotidiennement.

Même en Europe la marque puise dans les sols. En 2020 à Lunebourg en Allemagne, elle creuse 2 puits pour pomper à 200 mètres de profondeur une eau commercialisée sous sa marque « ViO ». Quelques mois plus tard, l’entreprise décide de creuser un 3ème puits pour porter son extraction à 700 millions de litres par an. Une opposition citoyenne demande un moratoire sur le sujet. Finalement en 2022, le projet du 3ème puis est abandonné, officiellement du fait d’une “baisse” de la demande.

Mais la plus préoccupante des conséquences liées au succès de la marque est la pollution engendrée par les bouteilles en plastique. Chaque année Coca-Cola fabrique plus de 100 Milliards de bouteilles en plastique à usage unique.

Pourtant, jusqu’aux années 80, les bouteilles  étaient en verre. 

Elles étaient consignées, nettoyées puis réutilisées. 

Mais alors, pourquoi la marque est-elle passée au plastique à usage unique ?  

Selon elle, c’est pour satisfaire le consommateur. Car le plastique est moins lourd à porter et en cas de chute, cela évite la casse… 

En lançant ses bouteilles en plastique plus légères, Coca-Cola en a surtout profité pour fabriquer des bouteilles de 2 litres. Malin, non ? Ou comment vendre plus de contenu, en faisant des économies sur ses contenants. 

Abandonner la consigne des bouteilles en verre, c’est aussi économiser sur les frais de collecte, de lavage et de ré-emplissage.  

Un choix mûri de longue date. Dès 1971, la marque commande un rapport interne pour comparer les répercussions environnementales des différentes matières de conditionnement. 

Le résultat est sans appel : le plastique est de loin le plus polluant.

Pourtant c’est le choix qui fut pris. Pour Coca-Cola, pas de doute, le plastique, c’est fantastique. 

Avec plus de 200 marques de boissons, Coca-Cola produit aujourd’hui 3 millions de tonnes de plastique par an. Chaque minute, 200 000 bouteilles sortent de leurs usines.

En 2018, face au mécontentement des consommateurs constatant les effets dévastateurs de la pollution plastique, la marque réagit. 

Elle lance un programme appelé « Un monde sans déchets » qui comprend 3 engagements : 

  • Premièrement, tous les emballages Coca-cola seront recyclables à 100% d’ici 2030.
  • Deuxièmement, 50% des nouvelles bouteilles utiliseront des matériaux recyclés.
  • Enfin, la marque collectera et recyclera une bouteille ou une canette pour chaque nouvel emballage vendu.

Bon, sur le premier engagement, disant que 100% des emballages seront recyclables, il s’agit juste d’un effet d’annonce. Potentiellement tous les emballages de la marque sont déjà recyclables. Mais dire qu’un produit est recyclable n’en fait pas pour autant un produit recyclé…

Et malgré ses belles promesses, la marque continue de prendre des décisions allant à l’inverse de ses engagements pour l’environnement. 

À titre d’exemple, le cas de l’usine de l’île de Samoa dans le Pacifique, est révélateur.

Comme le dénonce le documentaire d’Arte « Coca Cola, leader pollueur », en 2021 l’enseigne décide de fermer l’usine d’embouteillage de verre sur l’île. 

À la place, elle envoie des milliers de bouteilles plastiques. Or l’archipel n’est pas équipé d’usines de recyclage de plastique. Résultat, l’île est envahie de bouteilles de plastique usagées. 

Alors oui, à Samoa, 100% des bouteilles en plastique vendues sont recyclables, mais 0% sont recyclées. 

Et cette île n’est pas un cas isolé. À l’échelle mondiale, 44% des bouteilles en plastique n’ont pas accès à un centre de recyclage. Cela représente 49 milliards de bouteilles qui chaque année terminent dans des décharges et dans les océans. 

Alors, comment Coca-Cola va réussir à collecter 100% de ses produits d’ici 2030 ? Ils sont visiblement les seuls à le savoir.

Ce qui en revanche ne fait aucun doute, c’est la pollution croissante au niveau mondial de la firme américaine. Tel est le constat de L’ONG « Break free from plastic » qui réalise chaque année une analyse des déchets dans une cinquantaine de pays. 

Depuis 2020, Coca-Cola est LA marque dont on retrouve le plus de déchets plastiques non recyclés. En réponse, la boisson revendique avoir dépensé en 2019 un peu plus de 11 millions de dollars pour nettoyer des rivières polluées de plastique. Un montant notable, il est vrai, mais qui représente une goutte d’eau dans un océan pollué. En comparaison, son budget publicitaire s’élevait cette même année à plus de 4 milliards de dollars… 

Les conséquences de la pollution des océans sont aujourd’hui dramatiques. 

Les plastiques empoisonnent les poissons et par conséquent nous, quand nous les mangeons. Si rien ne change, d’ici 2050 il y aura plus d’objets en plastique que de poissons dans l’océan. 

Et lorsque le plastique est abandonné dans des décharges, le résultat n’est pas plus réjouissant. Brulé, il libère un polluant très puissant, le noir de carbone. Une substance qui, une  fois consumée, accélère le réchauffement climatique. Un dérèglement auquel la marque contribue aussi par sa surconsommation de plastique. En effet, aujourd’hui, 99% du plastique est fabriqué à partir d’énergies fossiles comme le pétrole.

Malgré toutes ces polémiques sur sa nocivité sur notre santé et sur notre planète, le succès de Coca-Cola reste au plus haut.  

Pourtant, s’il plaît partout, il n’a pas le même goût dans tous les pays. 

Au Mexique, c’est du sucre de canne qui remplace le sirop de maïs. En Bulgarie, Roumanie, Slovaquie et Hongrie, le glucose d’amidon de maïs remplace le sucre. Un produit accusé par de nombreuses études d’être encore plus mauvais pour la santé que le vrai sucre. 

Aujourd’hui, il n’existe plus qu’un unique Coca-Cola, mais une multitude. 

Tout au long de son histoire, la marque n’a cessé de proposer des déclinaisons. On peut dire que dans ce domaine, elle n’a pas bullé. 

Au début des années 80, ce sont les versions sans sucre et sans caféine qui apparaissent. En 1985, cerise sur le gâteau, on peut déguster du Cherry Coke. 

Il y eut même une tentative de remplacer le Coca générique, par un New Coca-Cola, appelé aussi Coke 2, mais sans succès, ce potentiel remplaçant ayant rapidement fait pschitt… 

Dans les années 2000 arrivent le Light Lemon au citron, le Light Time au citron vert, la vanille, le Raspberry à la framboise, le Black Cherry Vanilla et le Black au goût de café.

Débarquent ensuite le Citra aux agrumes, le Light Orange sanguine, et le Life qui remplace le sucre par de la stévia.

Si pour certains, ouvrir un Coca-Cola est synonyme de bonheur, ce n’est pas en le buvant qu’ils atteignent l’extase. Leur satisfaction vient d’utilisations pour le moins détournées de la boisson. Il y a ceux, par exemple, qui disent que la meilleure place pour un Coca-Cola est au fond des toilettes… 

Il s’avère être en effet très efficace pour déboucher des canalisations. 

Mais la cuvette n’est pas le seul endroit où la boisson est utile. 

Le Coca-Cola permet d’enlever des taches de sang ou de graisse sur des vêtements. Mais aussi de détartrer une bouilloire, faire disparaître la rouille d’une surface en métal, faire briller des cuivres, nettoyer une casserole brûlée, et même pour les plus maladroits d’enlever du chewing-gum des cheveux.

Comment expliquer un tel succès planétaire de la boisson ? 

L’une des raisons est sans doute l’attention portée à sa communication, à ses pubs. La toute première paraît dans l’Atlanta Journal le 29 mai 1886. 

Le premier slogan définit le breuvage en deux mots : il est « Délicieux et rafraîchissant ». Des qualificatifs qui accompagnent la marque pendant plus de 30 ans.  

En 1907, on peut lire sur des affiches que le soda est « Bon jusqu’à la dernière goutte ». Au cours des années 1920 la signature de la marque devient « La soif ne connaît pas de saison ». Dans cet esprit, et pour pousser ses consommateurs à en boire même quand il fait froid, en 1931 l’enseigne réalise un coup de génie. 

Elle s’associe à l’image du Père Noël. Et alors que jusque-là, le célèbre personnage est représenté vêtu de rouge, de vert ou de bleu suivant les pays, il s’affiche cette fois… en rouge et blanc.Le rouge Coca, bien sûr. C’est ainsi que, dans l’imaginaire collectif, le père noël est rhabillé pour l’hiver, mais aussi pour toujours aux couleurs de Coca-Cola.

Les années suivantes, les slogans s’enchaînent avec « La pause qui rafraîchit », « Les choses vont mieux avec un Coca-Cola » où « J’aimerais offrir un Coca-Cola au monde entier » ! Plus proche de nous, « Toujours Coca Cola », « Prends la vie côté Coca-Cola ». 

Depuis 2021, leur nouveau slogan est désormais « Ouvre un Coca-Cola, ouvre du bonheur ».

Mais le meilleur coup de pub de Coca, et son plus cynique, reste à ce jour le sponsoring de la COP 27 en Egypte en 2022.

Les dirigeants du monde, réunis pendant 15 jours pour lutter contre le réchauffement climatique, sous le logo rouge d’un champion de la pollution.

Ça passe ?

Ça passe.


Texte : Bertrand Bichaud / Voix : Nathalie Karsenti

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