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ABBÉ PIERRE – l’homme qui nous a ouvert les yeux

ABBÉ PIERRE – l’homme qui nous a ouvert les yeux

Paris, 1er février 1954, aux environs de 13h. Température extérieure : moins 15 degrés.

Au volant de sa Renault 4, l’abbé Pierre fonce vers les studios de Radio Luxembourg, accompagné de son ami journaliste Georges Verpraet. Il faut arriver avant la fin du journal. Les français doivent savoir et ils doivent réagir. C’est une question de vie ou de mort.  

Il se gare en trombe devant un panneau « stationnement interdit », près des studios. Depuis son point de départ à Courbevoie, il a grillé tous les feux rouges. 

Le texte qu’ils ont préparé est court, ils sont allés à l’essentiel : l’urgence. 

Depuis l’arrivée du froid, avec ses compagnons, il déploie tout ce qui est en son pouvoir pour sauver des centaines d’hommes, de femmes et d’enfants sans-abris. Hier, une nouvelle victime est morte gelée dans Paris, une femme de 66 ans, à même le trottoir. Elle serrait contre elle un acte d’expulsion. 

Combien en faudra-t-il d’autres pour que l’Etat se mobilise enfin ? Les gens ne se rendent pas compte. Alors il va leur ouvrir les yeux.

La veille, Georges Verpraet avait contacté le rédacteur en chef du Journal de Paris-Inter, le France Inter de l’époque, pour qu’il passe leur texte en urgence à l‘antenne. L’homme avait commencé par refuser. « On ne modifie pas un programme radio à la dernière minute, il y a des règles administratives à respecter ! ». Georges Verpraet l’avait mis au pied du mur : « Si demain matin, vous apprenez dans votre journal qu’il y a encore eu des victimes du froid dans la nuit, cette fois, ce sera de votre faute. ».

« Baba quelques secondes », comme le racontera plus tard l’Abbé Pierre, le rédacteur en chef s’engage à lire lui-même le texte. Mais il faut que ce texte circule, il faut multiplier les chances. Radio Luxembourg ! Eux, ils connaissent l’abbé Pierre ! En 1952, il avait été l’heureux gagnant du jeu « quitte ou double ? ». Il avait gagné 246.000 francs pour aider son nouveau mouvement, du nom d’EMMAÜS. Ils accepteront bien de lui laisser l’antenne. Car cette fois, c’est lui, l’abbé Pierre, qui va parler. 

Quand il arrive dans les studios, l’équipe le reconnaît tout de suite. Tout en lui respire l’allure et la bonté de ces hommes qu’on ne peut pas oublier. Il vient pour un appel au secours. Qu’on lui donne 3 minutes tout au plus. Debout, face au micro, il prend une respiration et se lance. C’est l’opération de la dernière chance.

« Mes amis au secours, une femme vient de mourir gelée, cette nuit à trois heures, sur le trottoir du boulevard Sébastopol, serrant sur elle le papier par lequel, avant-hier, on l’avait expulsée. Chaque nuit, ils sont plus de 2000 recroquevillés sous le gel, sans toit, sans pain, plus d’un presque nu. Devant tant d’horreur, les cités d’urgence, ce n’est même plus assez urgent ! Écoutez moi. »

L’abbé Pierre va droit au but. Des centres d’urgence viennent de se créer près du Panthéon et à Courbevoie. On y propose des couvertures, de la paille au sol et de la soupe. Mais c’est insuffisant. Il en faut partout en France.  Il faut, dit il, que les sans logis puissent y lire ces mots réconfortants : « toi qui souffres, qui que tu sois, entre, dors, mange, reprends espoir, ici on t’aime ». 

Son ton est grave. On a besoin, dit-il, de « cinq mille couvertures, 300 grandes tentes américaines, deux cent poêles catalytiques, pour le soir même ou au plus tard le lendemain, car de terribles gelées sont annoncées.»

À la radio, c’est le premier appel au don national de l’Histoire. Il deviendra le symbole de la compassion et de la solidarité. A partir de ce jour, la France ne pourra plus fermer les yeux. Au moins pour un moment.

Hiver 54, une terrible vague de froid déferle sur l’Europe. En France, le nord et le nord-est sont touchés les premiers. Des chutes de neige se rajoutent à l’air glacial. Le ressenti est beaucoup plus dur que les températures réelles. 

Les 30 et 31 janvier, il fait -21 degrés à Mulhouse, – 13 à Paris. Les photos sont surréalistes : des bateaux pris dans les fleuves gelés, la mer du Nord transformée en banquise à Dunkerque, des patineurs sur le canal d’Orléans. 

Dans la chaleur des foyers, le soir, on se raconte sa journée, on s’en souviendra de l’hiver 54 ! 

Pendant ce temps, les sans-abris, les « sans feux » comme on dit, cherchent désespérément un endroit pour survivre jusqu’au matin. Sur les bouches de métro, sur les plaques d’égouts, sous les porches et les ponts, ils sont des milliers à survivre en dessous du seuil de la dignité. Sans pain, sans vêtements chauds, des crevasses plein les mains et les pieds, invisibles et sans voix.

Certains ont eu la « chance », grâce à l’Abbé Pierre et ses compagnons d’Emmaüs, d’obtenir un abri de fortune. Les pouvoirs publics promettent des changements, mais aujourd’hui ils ont visiblement d’autres chats à fouetter.

Depuis la fin de la guerre, la croissance économique bat son plein. Dans les publicités, la ménagère typique trouve le bonheur dans l’achat de nouveaux produits électriques qui changent la vie ! Les placards des foyers se remplissent de boîtes de conserve. La pénurie n’est plus qu’un souvenir.  On est en route vers ce qu’on appellera plus tard « les 30 glorieuses » !

Pourtant, entre cette image souriante et le quotidien de nombreux français, le décalage est net : suite aux destructions de la guerre, une personne sur sept est  à la rue. Faute de logements suffisants, un tiers de la population vit dans des espaces surpeuplés et insalubres. La croissance démographique des grandes villes ne fait qu’aggraver la situation.  

Quant à ceux qui se retrouvent à la rue, l’abbé Pierre le répète à qui veut l’entendre, ce ne sont pas des fainéants ! Ce sont des ouvriers qui travaillent à l’usine mais n’ont pas de quoi se payer une chambre d’hôtel, Ce sont des immigrés peu payés, venus fournir de la main d’œuvre pour reconstruire le pays, des paysans que l’hiver fait monter quelques mois à la ville, des jeunes que l’exode rural a mené jusqu’ici, qui ne trouvent nulle part où aller. Enfin, ce sont des familles, expulsées du jour au lendemain, avec dans les bras les nombreux enfants du baby-boom.

L’Etat intervient dans le domaine social – la création de la Sécurité Sociale apporte beaucoup – mais le sujet du logement est nettement sous-estimé. Oui, les HLM et les « Logements Économiques et Familiaux », sont créés, mais on en est aux prémices. 

En 1953, le gouvernement annonce, dans son « plan courant », la construction de 240 000 logements par an. Sur le papier, oui, mais aujourd’hui, on fait quoi ? 

Les loyers sont encadrés, mais à quoi bon s’il n’y a pas assez de logements à louer ?

Mauvaise nouvelle, un décret élargit le droit des pouvoirs publics en matière d’expulsion. Si on ne paye pas, on est mis à la porte, sans traîner. C’est grave en été. En hiver, ça peut tuer. Mais ça, quand on n’est pas concerné, on n’y pense pas. Ceux de la rue, l’abbé Pierre, lui, il les connaît et il y pense à chaque instant que Dieu fait. 

En 1954, il a 42 ans et son expérience parle déjà pour lui. 

Né dans une famille lyonnaise bourgeoise, de son vrai nom Henri Grouès, il n’oubliera jamais la foi et l’engagement social de son père qui, tous les dimanches, allait épouiller les pauvres. Il dit avoir eu un « coup de foudre avec Dieu » à 16 ans. 

Des années plus tard, il donne tout ce qu’il possède à des œuvres de charité et renonce à sa part de l’héritage familial. 7 années de solitude au couvent des Capucins l’aident, dit-il,  à « faire face à 50 ans de tourbillon et d’action ». 

Par la suite, il sera prêtre, aumônier, vicaire à la cathédrale de Grenoble, mais jamais abbé ! En réalité, « Abbé Pierre » est un des noms d’emprunts trouvé pour dissimuler son identité de résistant pendant la guerre. Quand il cache des juifs sans hésiter, quand il devient maquisard, son sens de la justice l’emporte déjà sur tout le reste. 

Après la guerre, de 1945 à 1951, il devient député MRP (le mouvement républicain populaire, plutôt au centre) de Meurthe et Moselle.

Un jour, – on est en 1949- , il rend visite à un ancien bagnard qui vient de faire une tentative de suicide.  Son attitude restera gravée dans les mémoires. Pour lui redonner le goût de vivre, il lui dit « je ne peux pas t’aider, je n’ai rien à te donner mais toi, tu peux m’aider à aider les autres »

La maison qu’il a achetée à Neuilly Plaisance avec ses indemnités de parlementaire, devient peu à peu le logis d’autres hommes à la dérive. C’est ainsi que naît le mouvement EMMAUS grâce à l’abbé Pierre, et à quelques compagnons, la rage solidaire au ventre. Son amie Lucie Coutaz, ancienne résistante, en sera la secrétaire dévouée jusqu’à sa mort. 

Très rapidement, la maison ne suffisant plus, il crée la Pomponnette, un premier campement de cabanons et de roulottes pour les sans-logis. 

Mais en 1950, révolté, lors d’une grève, par l’attitude du parti MPR qui cautionne les répressions policières, il démissionne. Désormais, plus d’indemnités, donc plus d’argent pour ses projets.

L’abbé Pierre n’a plus rien. Jusqu’à cette idée lumineuse qui va tout changer : récupérer ce que jettent les riches, et le recycler. 

Nous sommes en 1951. Ses compagnons deviennent « les Chiffonniers d’Emmaüs » : des anges gardiens de la misère humaine, qui retrouvent un sens à leur vie en la consacrant à leurs semblables. Des hommes qui, dira l’abbé Pierre, «arrivent comme des ombres et repartent comme des hommes ». 

L’argent gagné au jeu radiophonique « quitte ou double », permet d’acheter un camion et de nouveaux terrains pour loger des familles. Les chiffonniers deviennent des bâtisseurs. 

Une petite maisonnette avec les moyens du bord, puis deux, puis autant que possible…  A l’intérieur, le strict minimum mais au moins, ils sont à l’abri des intempéries.

L’autorisation de construire de l’administration, l’abbé Pierre s’en passe. Si on attend, rien ne se fait ! Et quand c’est fait, dit-il, « le bon droit est tellement évident que l’administration ne peut plus revenir en arrière ». 

Plus les jours passent, plus les terrains sont envahis de familles qui viennent camper en attendant leur tour. Mais l’action des chiffonniers a ses limites, d’autant que le froid s’annonce de plus en plus rude. 

L’Etat doit mettre le sujet au centre des débats. Justement, la loi de finances prévoit, pour le logement, 90 milliards de francs.  Un milliard, – un seul !-, suffirait pour construire des cités de première nécessité. Alors qu’est-ce qu’on attend ? 

Par la voix de son ami et sénateur Léo Hamon, l’abbé Pierre fait déposer un amendement pour qu’il soit voté au plus vite à l’Assemblée Nationale. Mais le projet, discuté dans un hémicycle fatigué et peu concerné, est rejeté dans la nuit du 3 au 4 janvier 1954.

C’est la mort qui va répondre à l’obstination aveugle des députés. Car la même nuit, un bébé de 3 mois meurt de froid dans une carcasse de bus abandonné. Les compagnons de l’abbé Pierre étaient justement en train de construire une petite maison à cette famille, mais ils n’ont pas été assez vite.

Quand le 4 janvier, le père du petit vient lui annoncer la nouvelle, c’est la goutte qui fait déborder le vase.

Aidé par le journaliste Georges Verpraet, il interpelle le Ministre de la Reconstruction et du Logement, Maurice Lemaire. Dans une lettre publiée dès le lendemain matin par le Figaro, il informe la France entière de « ce bébé mort, pendant que vous refusiez les cités d’urgence ! ». 

Il ajoute : « c’est à 14h, Jeudi 4 janvier, qu’on va l’enterrer. Pensez à lui. Ce serait bien si vous veniez parmi nousOn n’est pas des gens méchants ».

Le ministre a au moins le courage de rejoindre le cortège, au milieu des chiffonniers. Il accepte de visiter des pavillons construits à Pontault Combault par les compagnons d’Emmaüs et promet des budgets pour des cités d’urgence.  

Le geste est porteur d’espoir, mais il va falloir tenir en attendant. 

30 janvier. La météo empire.

Les commissariats et les hospices acceptent d’accueillir du monde mais ils sont vite complets. Dans les rues, des centaines de personnes risquent de geler si on ne trouve pas une solution, là, tout de suite. 

L’abbé Pierre se souvient alors d’un terrain abandonné qu’on lui avait proposé rue de la Montagne Sainte Geneviève, près du Panthéon. Voilà l’idée ! Un marchand de surplus américain accepte de lui prêter une grande tente. Le « premier centre fraternel » est né. 

Les chiffonniers s’organisent pour sauver le plus de sans-abris possibles, parfois difficiles à trouver, dans les escaliers des caves ou cachés dans l’obscurité, sous des ponts. Ce soir ils dormiront au sec, ils mangeront du pain trempé dans un bon bouillon chaud, ils seront accueillis comme en famille. 

Un deuxième centre est ouvert à Courbevoie, bientôt dans toute la France ! Ils vont réussir !

Mais c’est sans compter avec une nouvelle victime. Cette fois, une femme tout juste expulsée de sa mansarde, ramassée par les agents de police dans la nuit du 31 janvier au 1 er février. 

Ces agents qui avaient dit un jour à l’Abbé : « Quand ils ne sont pas morts, nous n’avons pas de consigne », pour justifier leur inaction. 

Une réunion d’urgence est organisée à Courbevoie. Il faut dans les 24h monter de nouveaux centres fraternels, pour les sortir tous de là ! Papier, crayon. Aidé de Georges Verpraet, l’abbé Pierre prépare un texte à faire passer, cette fois, à la radio.  La suite vous la connaissez.

Retour à Radio Luxembourg, ce 1er février. La future radio RTL.

Derrière la vitre du studio, les employés qui assistent à la scène n’ont pas encore conscience de l’importance de l’évènement. Pourtant c’est du jamais vu. 

Un homme, inconnu du grand public, appelle toute une population au secours.  Seule l’union solidaire fera la force.

« Je vous en prie, aimons-nous assez tout de suite pour faire cela. Que tant de douleur nous ait rendu cette chose merveilleuse. L’âme commune de la France. Merci ! Chacun de nous peut venir en aide aux sans-abris. Grâce à vous, aucun homme, aucun gosse ne couchera ce soir sur l’asphalte ou sur les quais de Paris. Merci ».

Il n’a pas dit le dernier mot que déjà le standard explose. On propose du linge, du mobilier, de l’argent, de la nourriture. Mais où faut-il déposer tout ça ? 

L’abbé se souvient de Madame Larmier, la propriétaire de cet hôtel parisien qui lui avait proposé de mettre des chambres à sa disposition ! La voilà, l’adresse à donner. Hôtel Rochester, 92 rue de la Boétie. Et que les volontaires viennent aussi pour partir en camions chercher les pauvres gens à 23h. 

Quelques heures plus tard, à l’hôtel Rochester, c’est la folie.  La joie.

Le hall est envahi de bénévoles et de donateurs. Il se transforme en dépôt géant. 

Faute de coffres forts, on utilise les baignoires des salles de bain pour stocker les flots de billets de banque qui ne cessent d’arriver. Des élèves de l’école polytechnique sont appelés en renfort pour répondre au standard. On veut donner. Quelques sous ou des liasses. 

Des célébrités répondent à l’appel : Yves Montand, Charles Trenet, Michel Simon, Jacques de Gaulle, le frère du Général qu’il avait sauvé pendant la guerre… Charlie Chaplin offre 2 millions de francs en précisant : « je ne les donne pas, je les rends. Ils appartiennent au vagabond que j’ai été et que j’ai incarné »

Des tableaux de grands maîtres sont vendus aux enchères pour la cause.

Dès la première nuit, la RATP met enfin à disposition des stations de métro désaffectées, 40 centres de dépannage sont installés en région parisienne, la Mutualité propose 500 lits. Et ce n’est que le début.

L’abbé Pierre n’attend pas que les statuts de la Société Emmaus HLM soient effectifs pour entamer la construction de 48 petites maisons au Plessis Trévise.

Les grands Magasins du Printemps, quant à eux, lancent l’opération « cent francs pour l’abbé Pierre », et exposent au grand public la maquette des cités d’urgence EMMAÜS à venir. 

En une semaine, l’abbé Pierre reçoit 500 millions de francs (soit dans les 8 millions d’euros) et le 21 février, on estime le poids des dons à 10.000 tonnes. 

Il y en a tellement qu’ils sont bientôt stockés à la gare d’Orsay avant d’être réaffectés vers les centres d’accueil.

La presse parle d’« insurrection de la bonté ». L’abbé Pierre dira plus tard qu’il aurait préféré « insurrection de la justice ». Une justice élémentaire que tous les heureux, « aveugles et inconscients » devraient appliquer !

Côté politique, dès le 4 février, l’Assemblé Nationale vote un crédit exceptionnel de 10 milliards de francs pour la construction de cités d’urgence : 10 fois plus que ce qui avait été demandé à l’origine. 

Des droits, aujourd’hui élémentaires, vont bientôt voir le jour : 

La création de l’épargne construction, la réglementation des logements sociaux, la trêve hivernale pour ne plus jamais être expulsé en plein hiver. 

Depuis 1990, la loi énonce que le logement, qui est un droit fondamental, doit être « décent et indépendant ». Du droit à la réalité, même si les choses ont beaucoup évolué, le constat reste encore très alarmant.  

Il faudra sans doute, encore et toujours, des êtres d’exception pour remettre la solidarité au cœur des préoccupations. Pour obliger les politiques à sortir de leur zone de confort.

Coluche, 30 ans après le discours de l’abbé Pierre, suit son exemple et lance lui aussi un appel mémorable, cette fois sur Europe 1. 

Aujourd’hui les lanceurs d’alerte nous reconnectent, à leur tour, à des réalités difficiles à regarder en face. Les vidéos prennent souvent le pas sur les mots. Mais ne sont-ils pas eux aussi les héritiers de l’Abbé Pierre ?

Quand on y pense… Comment cet homme, avec si peu de moyens, à partir de rien, a-t-il réussi finalement à déplacer des montagnes ? La réponse se trouve peut-être sur sa tombe, à Esteville. Y sont écrits les mots qui devraient guider l’humanité : « j’ai essayé d’aimer ».

Texte : Marine Guez Vernin / Voix : Sophie Kaufmann

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